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Culture - Cannes

« Amreeka  », ou bienvenue aux « States »

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, « Amreeka » est le premier long-métrage de Cherien Dabis qui évoque, sur un ton aigre-doux, les problèmes de la communauté arabe aux États-Unis.
Inspiré du vécu de sa famille dans une localité de l'Ohio lors de la première guerre du Golfe, Amreeka évoque les liens familiaux, le combat pour la survie ainsi que la difficulté de communication entre les cultures. Un sujet universel qui transcende le temps et l'espace, et qui a certes beaucoup ému les festivaliers.
À l'occasion de la projection d'Amreeka lors de la Quinzaine des réalisateurs, Cherien Dabis, invitée au pavillon libanais, a bien voulu raconter cette formidable aventure humaine. « Mes parents ont émigré en Amérique en 1975, juste avant ma naissance, dit  Dabis, et j'ai grandi dans les régions rurales de l'Ohio, tout en retournant chaque été en Jordanie. »  Pour cette famille donc, l'Amérique était la terre du refuge et de la paix, voire l'éden,  jusqu'à la première guerre du Golfe. « J'avais alors quatorze ans, poursuit la jeune réalisatrice, et je commençais à réaliser que la perception américaine des Arabes avait changé. À l'école, j'étais la grande gueule et la rebelle, tout comme la jeune Salma Halaby dans le film, interprétée par  Alia Shawkat. Je m'insurgeais constamment contre ces préjugés et ces stéréotypes, et ne supportais pas l'intransigeance et l'intolérance. » « Je crois, ajoute-t-elle, que je commençais à partir de ce jour à porter en moi le projet d'Amreeka. »
Après avoir poursuivi des études à l'Université de Cincinnatti, d'où elle ressort diplômée en communication, c'est dans le cinéma, qui interpellera Cherien Dabis, qu'elle trouve un vecteur de communication idéal. « Il véhicule un langage universel, celui de l'émotion, dit-elle, qui permet de toucher un large public. » En septembre 2001, alors que Dabis intègre l'école de cinéma de New York, l'histoire allait se répéter. « Il était temps pour moi d'écrire l'histoire de l'immigration vécue par une Arabo-américaine. Pour deux raisons d'ailleurs : les Arabes étaient soit absents des écrans américains, soit cantonnés aux rôles de terroristes. »
Cherien Dabis écrira le scénario en 2003, alors qu'elle était à la faculté de Columbia. Avec l'aide de Christina Piovesan, une productrice canadienne née à Haïfa, elle se met à la recherche des fonds nécessaires. « Nous n'avons pu financer le film que d'une manière indépendante, en comptant sur des fonds privés de la communauté arabo-américaine. »

Intimiste et réaliste
Le repérage des lieux ainsi que la recherche du casting ont nécessité également quelque temps. Six mois de voyages intensifs de Chicago à Ramallah, en passant par Los Angeles, Beyrouth et la Jordanie, mais au bout du compte, la découverte de caractères forts et intenses. « Pour un film qui s'articule essentiellement sur la prestation des acteurs, non en tant que performances, il fallait que ceux-là soient parfaitement adaptés aux rôles et l'habitent », signale Dabis. C'est ainsi qu'elle découvrira Nisrine Faour, une grande dame du théâtre vivant au nord de la Palestine. Chaleureuse comme une Méditerranéenne, à l'instar de ces grandes figures de mères qui ont traversé le paysage cinématographique occidental et oriental, Nisrine Faour  illumine l'image de son optimisme et de sa joie de vivre. Elle est entourée d'un visage désormais très célèbre,  celui de Hiam Abbas, qui lui donne la réplique avec beaucoup de pudeur et de générosité. Alors que le petit Melkar Muallem (le fils)  porte haut la voix de ces jeunes humiliés pour leur grain de peau et parce qu'on les prend tous pour des  poseurs de bombes.
Si Amreeka parle d'intégration dans un milieu désormais hostile, il insuffle néanmoins l'espoir. La cinéaste qui se dit avant tout conteuse d'histoires, en harmonie aujourd'hui avec sa double identité, avoue avoir  « ressenti, lorsque le film a été projeté devant une audience internationale, que les esprits étaient plus aptes à accepter et à tolérer l'autre ». « J'espère, ajoute-t-elle, que mon film viendra  éclairer certains esprits encore hermétiques. »
Aujourd'hui, le fait d'être sélectionné à Cannes dans la section Quinzaine des réalisateurs est un tremplin pour cette jeune cinéaste qui avait, jusqu'à présent, à son actif,  quelques courts-métrages et une participation à l'écriture de la série The L Word.
Plus qu'un tremplin, ce long-métrage, traité comme une comédie intimiste, réaliste et satirique sans être moralisatrice, est aussi une passerelle entre deux cultures.
Inspiré du vécu de sa famille dans une localité de l'Ohio lors de la première guerre du Golfe, Amreeka évoque les liens familiaux, le combat pour la survie ainsi que la difficulté de communication entre les cultures. Un sujet universel qui transcende le temps et l'espace, et qui a certes beaucoup ému les festivaliers. À l'occasion...

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