L’hippodrome de Beyrouth en fleurs !

Un rendez-vous comme une promesse de légèreté, que tiennent fidèlement et passionnément Joumana Damous Salamé (Hospitality Services) et Myriam Shuman depuis 6 ans. Qu'il vente ou qu'il pleuve des mésaventures politiques et sécuritaires, souvent aux portes de l'été, l'incontournable Garden Show & Spring Festival, un festival des sens et une invitation à la paresse, se tient au même endroit, dans le parc de l'hippodrome magique de Beyrouth, et à la - plus ou moins - même date. Avec 250 exposants et 18 500 visiteurs l'an dernier, l'édition 2008, qui avait été forcément décalée au 14 juin, a tenu toutes ses promesses de détente et de loisirs, pour certains, de jardinage amateur, ou professionnel pour d'autres. « En dépit de toutes les difficultés, et elles étaient nombreuses, le dernier Salon était le plus beau. Nous l'avions organisé dans l'urgence. Nous continuons à créer des événements autour du jardin, mais nous ne sommes malheureusement pas le Chelsea Flower Show ! Les Libanais, public et exposants, nous confient les organisatrices, ne sont pas encore prêts à un Salon aussi pointu et coûteux, ce qui nous pousse chaque fois à proposer de nouvelles idées et des thèmes insolites autour desquels s'articule le Salon, que nous avons d'ailleurs préféré baptiser, il y a quelques années, le Garden Show and Spring Festival. Et qui puisse intéresser tout le monde, hommes, femmes, familles nombreuses, enfants et même, cette année, sportifs. »
« L'art de vivre au jardin », qui devient un leitmotiv de l'événement, « en français dans le texte, c'est notre touche francophone ! », avec, pour invité d'honneur,... la bougainvillée, propose cette année les incontournables et nombreuses nouveautés. « Nous essayons de trouver des centres d'intérêt qui vont accompagner et faire évoluer les attentes des gens. » Les fidèles retrouveront leurs habitudes : l'art du jardin, et des jardins spécialement plantés pour les cinq jours du show, le marché aux plantes, et un bouquet d'idées pour aménager et fleurir les balcons, les terrasses et les jardins. Ou encore les producteurs libanais qui exposent fièrement leurs variétés de plantes locales. L'art de vivre au jardin, ou comment dénicher l'indispensable pour aménager et meubler les espaces extérieurs. Les designers, rassemblés par Nayla Bassili, qui offrent, comme chaque année, leur « best of » créatif spécialement conçu pour l'événement. Et aussi l'art de vivre avec la nature illustré par nos indispensables Souk el-Tayeb, arrêt gourmand obligé, et Authentic Lebanon, arrêt culturel et écotouristique obligé.
 « Les événements de cette année, poursuit Myriam Shuman, sont diversifiés. Nous les avons concentrés par thèmes. » Le coin - très coloré -, baptisé « Une sieste dans le jardin », réunit plusieurs designers qui se sont donné un plaisir évident à réinterpréter l'ambiance de ce moment sacré. Sieste en fleurs, sieste du « marionnettiste du maharajah de Jaipur », sieste ottomane, la siestounette, Chillax, You Are Not Alone ou encore Why Not !, il ne vous reste plus qu'à trouver un petit coin et vous abandonner... L'exposition des bulles et des fleurs, accompagnée d'un concours organisé pour la première fois dans le cadre du Garden Show sur le thème « Un cocktail au champagne », a permis aux fleuristes de se dépasser. Enfin, autre nouveauté, trois conférences se tiendront le jeudi 28 mai à 17 heures trente en présence de l'invité d'honneur Luc Béhar-Bannelier, célèbre directeur horticole de Disneyland, qui viendra parler de sa propre expérience en paysagisme, d'Adonis Ghanem, qui développera les meilleurs moyens d'utiliser l'eau, et enfin, de Nabil Nemr qui s'intéressera aux produits biologiques.

Promenade
Mais en définitive, le mieux, pour saisir tous les détails de cette promenade, serait de se balader à travers les stands installés sous les tentes blanches. Humer la douceur du printemps, saisir toutes les couleurs d'une journée qui se transforme. Écouter la musique, applaudir l'effort collectif, en dépit des derniers retardataires. Observer Narendra Rathore et Aditya Singh offrir une démonstration du mythique enroulage de turban indien. Déguster les plus savoureux thés et épices indiens ramenés par Vikram Mittal, expert en thé, spécialement venu de Dehli qui propose, avec un sourire rayonnant, tous ces arômes ensorcelants. Apprécier le jardin de bougainvillées, si libanais, l'espace baptisé « lecture-sur-herbe » consacré à la jeunesse par l'Agenda culturel, à l'occasion de Beyrouth capitale mondiale du livre ; et le stand de la librairie el-Bourj qui sera, avec ses ouvrages thématiques sur le jardin, le thé, les plantes, « toujours là où le livre a une place ». S'arrêter, un moment, devant le stand des jeunes taggeurs, présents pour la première fois dans cette grande fête. Encourager, ce n'est jamais assez, l'effort des associations Toufoula, Hearbeat, Children's Care Center of Lebanon, AFDC. Et découvrir enfin la culture méconnue de ce monde des « Mille métiers et mille et un artisans » de Bourj Hammoud. Ses sculpteurs sur métal, portraitistes, marteleurs de cuivre, canneurs et autres marqueteurs. « Ce rendez-vous annuel qui rend hommage à la ville de Beyrouth a également des retombées culturelles et économiques », soulignait le mohafez de Beyrouth, Abdel Mounhem Ariss, au moment de couper le ruban de fleurs et de déclarer ouverte cette sixième édition.
L'heure, depuis 16 heures trente hier et jusqu'à samedi soir, est à la joie et la gourmandise. À la recherche du petit objet, de la plante, du meuble, l'inutile ou l'indispensable, à mettre dans son jardin ou sur son balcon. Une incitation, pour ceux qui aiment la vie, à oublier durant quelques instants les tensions politiciennes et ne penser à rien d'autre qu'aux plaisirs simples... Art de vivre au jardin, certes, et art de vivre tout court.

* La sixième édition du « Garden Show & Spring Festival », sous le haut patronage du Mohafez de Beyrouth, Abdel Mounhem Ariss, se tiendra à l'hippodrome de Beyrouth jusqu'au 30 mai 2009, de 16h à 22h.