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Culture - Rencontre

Beyrouth mis à nu par Morgane Gauvin

Ce soir à la crypte de l'USJ, ainsi que le jeudi 14 mai au B018, les vendredi 22 et samedi 23 mai au Tournesol, Morgane Gauvin, actrice et metteur en scène, accompagnée de sept comédiens présenteront sur les planches « Avant-garde » *. 
Une expérience unique qui est l'aboutissement d'un projet créatif et novateur.
Plus qu'une pièce de théâtre traditionnelle avec ses normes et ses règles conventionnelles, Avant-garde illustre le cheminement d'une pensée et la mise en place d'un projet longtemps mûri. Une création faite de rencontres avec des personnes, mais également avec un pays qui se nomme le Liban. De voyage en voyage (dû au métier du père), c'est en 2002 que la jeune Morgane Gauvin s'établit avec sa famille à Beyrouth. « Au départ, je ne m'entendais pas avec mon entourage. Je sentais que les jeunes avaient un rapport superficiel et décalé avec la réalité. Mais cette impression s'est vite estompée pour me laisser en totale union avec ce pays attachant que j'apprenais à connaître et à aimer. Ayant moi-même connu l'instabilité et ayant assimilé mes multiples départs à une sorte de mort, puisqu'à chaque fois il me fallait reconstruire une vie ailleurs, je me retrouvais dans ce Liban - jusqu'à l'osmose - qui vivait les mêmes douleurs que moi et qui, à chaque conflit, guerre ou blessures, mourait pour renaître.
En 2006, Morgane Gauvin devait, une fois de plus, refaire ses valises pour quitter Beyrouth et aller poursuivre ses études d'art dramatique à Nice. « Mon départ ressemblait à une déchirure, car il a été précipité par la guerre. » C'est au Conservatoire de Nice qu'elle suit une formation d'arts scéniques en parallèle à une licence de philosophie. En mars 2008, elle parfait ses études avec des concours supérieurs (formation art dramatique, acteur et mise en scène). « J'ai eu la chance de tomber sur un maître de théâtre, Claudine Hunault, qui a été une grande rencontre au-delà d'un rapport prof élève, et ça m'a permis d'aller au bout de mes rêves, dit-elle. Avec elle, je n'ai pas travaillé dans la répétition, mais dans la création. C'est ce qui m'a permis, par la suite, de voler de mes propres ailes. »

En avant la création
Vers février-mars, se sentant prête, Gauvin se met à rédiger la thématique du projet pour le soumettre à des institutions, sollicitant ainsi le soutien de la Mission culturelle française et de sponsors. Objectif Liban. « Je stagnais à Nice et seul Beyrouth pouvait donner corps à ma création théâtrale. Je n'essayais pas de savoir les raisons de mon choix, poursuit-elle, car, dans ce métier, il y a l'instinct et la maîtrise. S'il faut suivre son instinct et savoir prendre des risques, il faut calculer les aléas économiques et concrets pour que le projet se réalise. » Beaucoup de rêves dans la tête, l'artiste, mais certainement les pieds sur terre !
« Qu'est-ce qu'on peut actuellement dire sur le Liban ? »  Tel était le point de départ de cette création. Un sujet certes très long à développer, mais qui allait bientôt se ramifier en plusieurs questions sans pour autant attendre des réponses. « Ce n'est pas mon rôle de dicter ou de montrer du doigt, mais de proposer une plate-forme d'expériences diverses, humaines qui finiront par se rejoindre dans « l'acte théâtral. »  Après avoir écouté les acteurs, les histoires et le passé qu'ils emmagasinent, Gauvin devient une sorte de filtre qui recueillerait les regards des autres.
Comment un acteur peut-il transmettre par son corps et son langage l'émotion ? Et comment éviter l'aspect spectacle et « jeu » pour rentrer plus dans l'authenticité ? Autant de questions qui intéressent l'artiste, invitant à la réflexion et au dialogue. Avec la collaboration de ces jeunes (choisis non par un casting, mais dans les universités ou parmi ses connaissances), Morgane Gauvin se sent plus forte et plus disposée à présenter ce projet qui, selon elle, reste toujours en construction puisqu'il s'enrichit tous les jours des expériences ainsi que du dialogue avec le public. « Le théâtre doit se nourrir au quotidien, sinon il meurt, dit-elle. Les spectateurs, tout comme les acteurs, sont-ils prêts à poursuivre le voyage avec Morgane Gauvin ? Si oui, alors Avant-garde aura donc fait des ronds dans l'eau. Un premier pas qui se traduirait par une « révolution intime », qui se poursuivra certainement à l'avenir. Affaire à suivre.

* Théâtre Monnot (crypte), ce soir à 20h00. Pour les réservations, tél. : 01/202422.
B018 (Quarantaine), le 14 mai à 20h00. Tél. : 03/667930. Théâtre Tournesol, les 22 et 23 mai à 20h00. Tél. : 01/381290.
Une expérience unique qui est l'aboutissement d'un projet créatif et novateur. Plus qu'une pièce de théâtre traditionnelle avec ses normes et ses règles conventionnelles, Avant-garde illustre le cheminement d'une pensée et la mise en place d'un projet longtemps mûri. Une création faite de rencontres avec des personnes, mais...
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