Ross, Chandler, Monica et les autres

« Ils ont la saison des amitiés sincères, la plus belle saison des quatre de la terre. » Les personnages que chante Françoise Hardy sont ces amis qui font un bon bout de chemin ensemble et qui viennent se réchauffer les uns chez les autres lorsqu'ils ont froid. À l'écran, ils ont pour noms Vincent, François, Paul et tous ces autres. Car au cinéma, l'amitié est une recette qui marche bien. C'est un élixir de jouvence qui vous offre des tas de rires et des années en bonus. Qui d'entre nous n'a pas un jour rêvé de se retrouver au « Central Perk » en train de savourer un muffin ou boire un chocolat chaud avec Rachel, Monica, Phoebe, Ross, Joey et Chandler ? Ou rejoindre le club des quatre de Seinfield pour justement... ne rien faire ? Qui ne fantasmerait pas sur ces appartements mitoyens, ces murs chaleureux  qui abritent des amitiés solides et sincères ? Qui ne voudrait pas atteindre la cinquantaine comme Montand, Piccoli, Reggiani dans le film de Sautet, continuer à boire et manger ensemble, ou  passer des week-ends à la campagne ? Traverser des crises sentimentales pour mieux se retrouver après et les partager ? Toujours ensemble. Le Cœur des hommes (Marc Esposito, 2003) n'est pas imperméable à l'amitié, et Alex, Antoine, Jeff et Manu partagent eux aussi leurs amours et leurs infidélités.
Mais si l'amitié du côté de l'Hexagone s'affiche comme une suite ininterrompue, par contre, du côté d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique, elle a toujours le goût des retrouvailles.  The Big Chill de Lawrence Kasdan en 1983 mettait en scène huit amis que la vie avait séparés et qui se retrouvent à l'occasion du décès de l'un d'eux. William Hurt, Kevin Costner, Jeff Goldblum, Kevin Kline, Glenn Close et les autres formaient cette brochette d'amis trentenaires qui avaient du mal à se remettre au même diapason du passé. Dix ans plus tard, scénario quasi identique, casting également pour  Peter's Friend (1992) conduit par le maestro irlandais Kenneth Branagh ; mais le spectateur ne s'en lasse pas. La dernière fois que Peter a réuni ses amis de l'université, c'était pour la Saint-Sylvestre 82. Dix ans plus tard, il est trentenaire et hérite de la demeure familiale que son père lui a léguée. C'est à cette occasion qu'il décide d'inviter à nouveau ses amis. L'invitation n'est pas sans surprises, car si chacun d'entre eux a changé à sa manière, Peter, lui aussi, a une nouvelle à annoncer qui risquerait de tout bouleverser.
Mais le sentiment d'amitié, qui, contrairement à l'amour, puise son essence dans sa réciprocité, ne plie jamais devant les tempêtes et ne peut être perturbé par des événements extérieurs. Il risque au contraire d'y puiser sa force tout comme dans Four Weddings and a Funeral et de s'identifier à un autre sentiment qu'est l'amour.