Rechercher
Rechercher

Liban - Diplomatie

Clinton fait l’éloge de la révolution du Cèdre et de la modération

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a effectué hier une brève visite inopinée à Beyrouth, au cours de laquelle elle a affirmé avec force le soutien de l'administration Obama à l'indépendance et à la souveraineté du Liban et fait l'éloge de la révolution du Cèdre et de la modération.

Cela n'est peut-être que le fruit d'un hasard du calendrier, mais pourra-t-on occulter le fait que la date choisie par la secrétaire d'État pour effectuer sa première visite à Beyrouth depuis l'accession de Barack Obama à la Maison-Blanche est tombée le jour anniversaire du retrait de l'armée syrienne du Liban, il y a quatre ans ?
Et comment ne pas être tenté d'établir un lien entre cette coïncidence et l'insistance, voire la force, avec laquelle Mme Clinton a répété, à l'adresse de « chaque citoyen libanais », que son pays « ne vendra pas » le Liban, ne contractera aucun accord avec Damas aux dépens de son indépendance et de sa souveraineté ?
C'est une très brève visite que la secrétaire d'État a effectuée à Beyrouth au terme d'une tournée régionale, ne visitant (fait très significatif) que le palais présidentiel de Baabda et le mausolée de Rafic Hariri, place des Martyrs.
À six semaines des élections législatives, la responsable américaine a clairement défini les options de Washington au Liban : pas d'ingérence dans le processus électoral, mais une défense continue des « principes de la révolution du Cèdre » et une promotion de la « modération », un mot qu'elle a utilisé plus d'une fois au cours de la conférence de presse qu'elle a tenue à l'issue d'un entretien avec le président de la République, Michel Sleiman.
Pour souligner la volonté de son pays de ne pas s'ingérer dans le scrutin, Mme Clinton s'est abstenue elle-même de tout commentaire sur ce que ferait Washington en cas de victoire de l'opposition. C'est un responsable du département d'État qui, sous le couvert de l'anonymat, a précisé à l'AFP que, dans le cas où le Hezbollah serait vainqueur, les États-Unis attendraient de connaître la composition et le programme du nouveau gouvernement pour se prononcer. Ce qui signifie que Washington n'exclut pas d'emblée de collaborer avec un cabinet issu de l'opposition, mais que l'étendue de cette collaboration serait tributaire du poids qu'y occuperait le Hezbollah.
Hillary Clinton a, en outre, argué d'un agenda pressant pour expliquer les raisons qui l'ont poussée à ne pas se rendre chez le Premier ministre, Fouad Siniora, et chez le président de la Chambre, Nabih Berry. Cependant, un haut responsable cité par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane a attribué cette décision au fait que les deux sont candidats aux élections et que la secrétaire d'État a voulu marquer le refus de son pays de s'ingérer dans ce processus en s'abstenant de s'entretenir avec eux.
Quant à la rencontre avec le chef du Courant du futur, Saad Hariri, en compagnie duquel Mme Clinton s'est recueillie sur la tombe de l'ancien Premier ministre, elle a revêtu, selon ce responsable, un caractère informel du fait de la nature de ce déplacement.
Il n'en reste pas moins que la visite au mausolée témoigne d'une volonté de continuité de la politique américaine de la part de l'administration Obama, une volonté illustrée par les quelques mots consignés à cette occasion par Mme Clinton sur le registre du mausolée, rendant un hommage appuyé à la mémoire de Rafic Hariri et affirmant que ceux qui l'ont tué ne réussiront pas à empêcher la réalisation de son « rêve libanais ».
La secrétaire d'État américaine devait d'ailleurs réitérer au cours de sa conférence de presse le soutien constant de son pays au Tribunal spécial pour le Liban.
Une source ministérielle libanaise, également citée par Khalil Fleyhane, a souligné qu'en insistant sur la nécessité de la « modération », Mme Clinton marque un certain changement de ton dans la politique américaine. Il est vrai que la secrétaire d'État américaine a, d'une part, évité hier de s'en prendre directement au Hezbollah et, d'autre part, en assurant que son pays ne ferait rien avec la Syrie qui nuirait au Liban, elle a estimé que le Liban devrait entretenir de bonnes relations avec ses voisins, y compris la Syrie.
Mais cela ne l'a pas empêchée de réaffirmer que les seules forces armées légitimes au Liban sont l'armée libanaise et les FSI, à l'action desquelles elle a rendu hommage.
À ce sujet, Mme Clinton a affirmé que l'assistance aux forces armées légales du Liban resterait un « pilier » de la politique américaine dans ce pays.
Selon une source diplomatique citée par notre correspondante au palais de Baabda, Hoda Chédid, la secrétaire d'État a fait savoir à cet égard que les États-Unis étaient disposés à accélérer prochainement le rythme de leur assistance à l'armée et aux FSI.

Message d'Obama à Sleiman
Accompagnée notamment du secrétaire d'État adjoint pour le Proche-Orient, Jeffrey Feltman, Mme Clinton était arrivée en fin de matinée à l'aéroport de Beyrouth et a gagné aussitôt le palais présidentiel où elle a eu un entretien en tête à tête avec le président Sleiman, puis une réunion élargie en présence du ministre des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh. Au cours de la rencontre, Mme Clinton a remis au chef de l'État un message du président Obama dans lequel ce dernier affirme son « engagement personnel et celui de son pays à aider le Liban à préserver son indépendance et sa souveraineté et soutenir ses institutions légales ». M. Obama rend par ailleurs hommage à l'action du président Sleiman pour sauvegarder l'unité et la stabilité du Liban et se dit prêt à « coopérer étroitement avec lui dans l'intérêt des deux pays et celui de la stabilité de la région et de l'instauration d'une paix juste et globale ». De son côté, M. Sleiman a évoqué les « bonnes relations » entre le Liban et les États-Unis, et a demandé à Washington de faire pression sur Israël pour qu'il « achève son retrait des fermes de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de la partie nord de Ghajar ». Le chef de l'État a également souligné « les besoins en aide de l'armée et des FSI afin de pouvoir assurer la stabilité et la paix civile ».
Cela n'est peut-être que le fruit d'un hasard du calendrier, mais pourra-t-on occulter le fait que la date choisie par la secrétaire d'État pour effectuer sa première visite à Beyrouth depuis l'accession de Barack Obama à la Maison-Blanche est tombée le jour anniversaire du retrait de l'armée syrienne du Liban, il y a quatre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut