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Culture - Exposition

Visages d’un autoportrait

Cruel, lucide, plus incisif que jamais, Rafic Majzoub (alias Le Clou) s'épingle dans une série d'autoportraits à la galerie Agial*.
À la galerie Agial, seize portraits grand format fixent le visiteur avec une intensité telle que toute personne normalement constituée en ressent des frissons glacés dans le dos...
Note : toute ressemblance de ces portraits avec leur auteur est parfaitement voulue. Il faut dire que les autoportraits sont une partie intégrante de l'œuvre de Rafic Majzoub, alias Abs el-Berghi ou « Le Clou ». Un pseudo qui fait référence, sans doute, à son faciès émacié et à sa façon d'épingler, justement, les êtres.
L'artiste autodidacte présente donc ici des avatars de lui-même sous un intitulé assez loquace : « Get me out of me ». Ce « aidez-moi à sortir de moi-même » sonne évidemment comme un appel au secours qui n'est pas sans rappeler le « Get me out of here » hurlé par les personnages de dessins animés en secouant les barreaux de leurs prisons. Prisonnier, Rafic Majzoub ?
« L'artiste et son art ne font qu'un dans l'autoportrait. Ils s'expliquent, ils se répondent », disait Philippe Dagen. Il est donc clair que si l'on ignore les nombreux autoportraits de Majzoub, on risque de laisser passer inaperçus les messages les plus profonds et capitaux que l'artiste transmet par son art.
On peut s'interroger sur la raison pour laquelle l'artiste se punit sévèrement dans son œuvre : est-ce qu'il se présente comme un artiste blessé, ou blessant, par son art ou la société ou, plus généralement, comme un être humain tourmenté et cruel. Prisonnier de ses phobies. De ses peurs. De ses idées.
Quoi qu'il en soit, Majzoub est sûrement un descendant spirituel collatéral des artistes qui aiment crier leur révolte, montrer leur colère. En orientant le tir vers leur propre personne en premier pour atteindre la société ensuite. Majzoub dit ses quatre vérités d'un tracé nerveux, alerte, ironique, qui fait toujours mouche. Les traits sont tracés au couteau. Les couleurs sombres des visages se reflètent dans le rictus qui semble être la pièce maîtresse de l'autoportrait.
La force de l'œuvre au noir du « Clou » s'impose comme une trappe. Grise, terne, dure, triste. Curieux personnage, ce Rafic Majzoub.

* Jusqu'au 30 avril, rue Abdel Aziz, Hamra. Tél. : 01/345213.
À la galerie Agial, seize portraits grand format fixent le visiteur avec une intensité telle que toute personne normalement constituée en ressent des frissons glacés dans le dos... Note : toute ressemblance de ces portraits avec leur auteur est parfaitement voulue. Il faut dire que les autoportraits sont une partie intégrante de l'œuvre de Rafic...
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