M. Nabil Sami Itani, responsable du projet auprès du CDR, indique que « toutes les façades du quartier nord des souks (comme celles des Nahassine et Najjarine ) ont été traitées et les travaux d'infrastructures de cette partie de la ville sont dans leur phase finale ». Il signale que « l'opération a fait boule de neige et encouragé l'initiative du secteur privé ». De même, sur la place al-Tell, la Fondation Mikati a financé le ravalement des façades de nombreuses bâtisses datant de la période ottomane. Le ministre Mohammad Safadi a parrainé la restauration de la mosquée al-Qartawiya, et une partie des travaux de souk al-Bazerkan a été entreprise par la Fondation Farès. Des fonds allemand et espagnol ont permis de donner un coup de jeune aux souks al-Haraj et al-Khayatine, datant du XIVe siècle. Et grâce à un don de 330 000 dollars attribué par la Caisse arabe du développement économique et social, le hammam Ezzeddine a subi un véritable lifting. « Même les commerçants commencent à investir dans leurs affaires, et c'était là un des buts du projet : préserver le tissu urbain et revitaliser le tissu économique afin d'améliorer le niveau de vie », ajoute encore Nabil Itani.
Par ailleurs, « les cahiers des charges concernant les travaux dans la zone centrale et sud de la médina sont déjà prêts » et « des études sont en cours pour la restauration des souk al-Attarine, al-Khodra, la partie restante d'al-Bazerkan ainsi que la réhabilitation des artères principales reliant la vieille ville à la ville moderne ».
Quant aux 66 familles qui squattent Khan al-Askar, elles vont pouvoir bientôt intégrer leurs nouveaux logements. « Deux des trois bâtiments qui leur sont destinés sont déjà terminés ; le troisième est en cours de construction. » Ces habitations se dressent à la limite de l'ancienne ville, sur un terrain appartenant à l'État. Les lieux abritent également un vieux moulin à eau (propriété de la DGA), qui sera restauré grâce à des capitaux italiens.
D'autre part, l'aménagement des deux berges de la rivière Abou Ali, dont l'état des lieux était une véritable plaie dans la ville, est en cours d'exécution. Nabil Itani indique que les activités commerciales des riverains seront bientôt transposées sur le bord ouest, où une plate-forme et des espaces verts ont été créés pour les accueillir. Et pour désengorger la zone, la circulation automobile sera transférée sur la rive-est. Une part importante est accordée aux travaux d'infrastructure, qui s'étendent du rond-point Abou Ali (à l'entrée de l'ancienne ville) jusqu'au pont de Mawlawiya, pour rejoindre la route menant à Zghorta.
Un nouveau décor a été également planté sur la colline al-Souwayka (ou Dahr el-Mougher), qui fait face à la citadelle Saint-Gilles, où plus de 400 immeubles rongés de vétusté ont été repeints de l'extérieur. L'apparence est sauve. Le responsable auprès du CDR espère « étendre la même opération à Bab el-Tebbané ».
Un besoin désespéré de capitaux
Toutefois, « les études portant sur Khan el-Arasat et Hammam el-Nouri n'ont pas été entamées, car nous sommes à cours de budget... Des négociations sont actuellement menées avec la Banque mondiale et l'AFD, en vue d'obtenir des capitaux pour compléter ces travaux », révèle le responsable auprès du CDR, soulignant que « l'étude préliminaire du projet n'avait pas prévu la montée de l'euro ni l'augmentation du coût des matériaux de construction. De même, nous avons lancé certaines opérations, celle de Souwayka par exemple, qui nous ont semblé indispensables, mais qui n'étaient pas prévues au programme ». Aussi, en ce qui concerne la mise en valeur de la citadelle croisée qui surplombe la vieille ville, « nous ciblons les actions que peut couvrir notre budget, à savoir : la consolidation des pierres qui menacent la sécurité des visiteurs, l'éclairage du site, l'installation de panneaux signalétiques et la création d'un musée », ajoute Nabil Itani.
De même, il faudrait assurer les crédits nécessaires pour préserver l'ensemble urbain, « bloc 131 ». Un projet pionnier a été lancé à Baalbeck où, suite à un accord conclu entre les habitants, la municipalité et CHUD, une vingtaine de maisons construites en terre battue et faisant partie d'un tissu urbain assez riche ont été restaurées pour être en partie exploitées soit en chambres d'hôtes, soit en café ou restaurant... « On a ainsi réussi à conserver ces habitations traditionnelles, aider les gens à profiter de leurs biens et à améliorer la qualité de leur niveau de vie. On espère arriver à une solution similaire à Tripoli », conclut le responsable du projet.