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Liban - Patrimoine

Les travaux avancent à la médina de Tripoli, mais le projet a besoin de nouveaux capitaux

Dans le cadre du projet CHUD (Cultural Heritage and Urban Development), 19 millions de dollars ont été alloués pour la réhabilitation de la vieille ville de Tripoli, « unique dépositaire de l'architecture mamelouke au Liban ». Les travaux de réfection menés sous la houlette du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) avaient débuté en avril 2005. Quatre ans après, où en sont les travaux ?

Suite à un prêt de 62 millions de dollars accordé en 2004 par la Banque mondiale, l'Agence française de développement (ADF) et le gouvernement italien en vue de développer le potentiel archéologique et touristique de cinq sites historiques du Liban, 19 millions de dollars ont été alloués à la réhabilitation et à la mise en valeur de la cité médiévale de Tripoli. Celle-ci abrite un grand nombre de vestiges et de monuments croisés, mamelouks et ottomans, dont des souks vieux de 700 ans, caractérisés par une forte densité d'occupation. Une étude établie, en collaboration avec la Direction générale des antiquités (DGA), par les architectes Habib Debs, Jade Tabet et  Mosbah Rajeb avait défini le périmètre de la médina, les points d'action du projet, ainsi que les priorités dans les interventions. Le programme comprend le ravalement des façades des khans et des souks, la consolidation de la citadelle de Saint-Gilles et sa mise en valeur, l'aménagement des quartiers riverains du fleuve Abou Ali, la construction d'habitations pour 66 familles qui squattent le bâtiment historique de khan al-Askar, des travaux d'infrastructure, l'organisation du trafic routier et piétonnier, la création de parkings et l'aménagement paysager des espaces publics.
M. Nabil Sami Itani, responsable du projet auprès du CDR, indique que « toutes les façades du quartier nord des souks (comme celles des Nahassine et Najjarine ) ont été traitées et les travaux d'infrastructures de cette partie de la ville sont dans leur phase finale ». Il signale que « l'opération a fait boule de neige et encouragé l'initiative du secteur privé ». De même, sur la place al-Tell, la Fondation Mikati a financé le ravalement des façades de nombreuses bâtisses datant de la période ottomane. Le ministre Mohammad Safadi a parrainé la restauration de la mosquée al-Qartawiya, et une partie des travaux de souk al-Bazerkan a été entreprise par la Fondation Farès. Des fonds allemand et espagnol ont permis de donner un coup de jeune aux souks al-Haraj et al-Khayatine, datant du XIVe siècle. Et grâce à un don de 330 000 dollars attribué par la Caisse arabe du développement économique et social, le hammam Ezzeddine a subi un véritable lifting. « Même les commerçants commencent à investir dans leurs affaires, et c'était là un des buts du projet : préserver le tissu urbain et revitaliser le tissu économique afin d'améliorer le niveau de vie », ajoute encore Nabil Itani.
Par ailleurs, « les cahiers des charges concernant les travaux dans la zone centrale et sud de la médina sont déjà prêts » et « des études sont en cours pour la restauration des souk al-Attarine, al-Khodra, la partie restante d'al-Bazerkan ainsi que la réhabilitation des artères principales reliant la vieille ville à la ville moderne ».
Quant aux 66 familles qui squattent Khan al-Askar, elles vont pouvoir bientôt intégrer leurs nouveaux logements. « Deux des trois bâtiments qui leur sont destinés sont déjà terminés ; le troisième est en cours de construction. » Ces habitations se dressent à la limite de l'ancienne ville, sur un terrain appartenant à l'État. Les lieux abritent également un vieux moulin à eau (propriété de la DGA), qui sera restauré grâce à des capitaux italiens.
D'autre part, l'aménagement des deux berges de la rivière Abou Ali, dont l'état des lieux était une véritable plaie dans la ville, est en cours d'exécution. Nabil Itani indique que les activités commerciales des riverains seront bientôt transposées sur le bord ouest, où une plate-forme et des espaces verts ont été créés pour les accueillir. Et pour désengorger la zone, la circulation automobile sera transférée sur la rive-est. Une part importante est accordée aux travaux d'infrastructure, qui s'étendent du rond-point Abou Ali (à l'entrée de l'ancienne ville) jusqu'au pont de Mawlawiya, pour rejoindre la route menant à Zghorta.
Un nouveau décor a été également planté sur la colline al-Souwayka (ou Dahr el-Mougher), qui fait face à la citadelle Saint-Gilles, où plus de 400 immeubles rongés de vétusté ont été repeints de l'extérieur. L'apparence est sauve. Le responsable auprès du CDR espère « étendre la même opération à Bab el-Tebbané ».

Un besoin désespéré de capitaux
Toutefois, « les études portant sur Khan el-Arasat et Hammam el-Nouri n'ont pas été entamées, car nous sommes à cours de budget... Des négociations sont actuellement menées avec la Banque mondiale et l'AFD, en vue d'obtenir des capitaux pour compléter ces travaux », révèle le responsable auprès du CDR, soulignant que « l'étude préliminaire du projet n'avait pas prévu la montée de l'euro ni l'augmentation du coût des matériaux de construction. De même, nous avons lancé certaines opérations, celle de Souwayka par exemple, qui nous ont semblé indispensables, mais qui n'étaient pas prévues au programme ». Aussi, en ce qui concerne la mise en valeur de la citadelle croisée qui surplombe la vieille ville, « nous ciblons les actions que peut couvrir notre budget, à savoir : la consolidation des pierres qui menacent la sécurité des visiteurs, l'éclairage du site, l'installation de panneaux signalétiques et la création d'un musée », ajoute Nabil Itani.
De même, il faudrait assurer les crédits nécessaires pour préserver l'ensemble urbain, « bloc 131 ». Un projet pionnier a été lancé à Baalbeck où, suite à un accord conclu entre les habitants, la municipalité et CHUD, une vingtaine de maisons construites en terre battue et faisant partie d'un tissu urbain assez riche ont été restaurées pour être en partie exploitées soit en chambres d'hôtes, soit en café ou restaurant... « On a ainsi réussi à conserver ces habitations traditionnelles, aider les gens à profiter de leurs biens et à améliorer la qualité de leur niveau de vie. On espère arriver à une solution similaire à Tripoli », conclut le responsable du projet. 
Suite à un prêt de 62 millions de dollars accordé en 2004 par la Banque mondiale, l'Agence française de développement (ADF) et le gouvernement italien en vue de développer le potentiel archéologique et touristique de cinq sites historiques du Liban, 19 millions de dollars ont été alloués à la réhabilitation et...
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