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Liban - Éclairage

La vraie démocratie, principal cheval de bataille des loyalistes

Les majoritaires le ressassent à s'en égosiller : l'accord de Doha n'est valable que jusqu'aux élections. Compromis anticonstitutionnel, il n'a été conclu que sous la contrainte de sortir de cette crise qui faisait mourir le pays à petit feu depuis quatre ans. Après le 7 juin, il faudra retourner au pacte de Taëf et à la Constitution qui en est issue.

D'autant plus impérativement, souligne un député loyaliste, que les prosyriens ne respectent même pas le contrat de Doha, pourtant décroché à leur avantage. Ils le tronquent à souhait, comme les Syriens le faisaient pour Taëf. Le but étant d'ailleurs le même : gommer le concept de démocratie qui ordonne que la majorité gouverne tandis que la minorité s'oppose. Au nom, falsifié en l'occurrence, de la participation consensuelle. Étant entendu que celle-ci s'annule d'elle-même quand elle s'accompagne du tiers de blocage et d'une paralysie délibérée de l'État. Tout cela au mépris de la Constitution qui édicte d'abord la séparation des pouvoirs, c'est-à-dire que la Chambre ne doit pas s'installer tout entière au sein de l'Exécutif, pour ne pas perdre son rôle de censeur. Ce qui revient à recommander, ou même à commander, cette cohésion ministérielle irréalisable avec une partie qui se glorifie ouvertement de faire de l'obstruction intérieure.

Une question élémentaire que posent les loyalistes : si nous devons maintenir l'imposture d'un cabinet d'union, à quoi bon organiser des élections législatives ? Pourquoi le peuple dit souverain devrait-il prendre la peine d'élire des représentants appelés à se fondre dans une république des camarades vouée au fauteuil roulant ? Si les ministres s'accordent, le Parlement n'aurait plus de volonté à leur opposer. Et s'ils se disputent, toute la machine s'enraye sans que la Chambre puisse la faire redémarrer. La vraie participation, remarquent-ils, s'exprime à travers les débats dans l'hémicycle, les travaux des commissions parlementaires, les questions ou interpellations de députés.

De leur côté, des pôles qui avaient participé à la conférence de Taëf confirment que le principe de démocratie qui y avait été retenu ne prévoit aucunement la formation de cabinets d'union en dehors de cas de force majeure. Ils rappellent que, du reste, la Constitution limite à 14 sujets, qu'elle énumère, les questions nationales ou essentielles nécessitant un vote aux deux tiers en Conseil des ministres. Ils concluent, sur ce point précis, que Taëf a voulu attribuer un tiers d'arbitrage, et non de blocage, au président de la République. Pour compenser la perte de ses prérogatives antérieures, et pour lui permettre, justement, de bloquer le blocage lui-même.

Les loyalistes, se tournant vers le CPL, lui remettent en mémoire le programme politique qu'il avait publié en 2005, au retour du général Michel Aoun. On peut y lire : « La cohabitation de loyalistes et d'opposants au sein d'un même gouvernement, et le système de troïka soumettant toute décision à l'approbation des trois présidents, représentent des exemples attristants d'hérésie constitutionnelle perpétrée sous prétexte de préserver le pluralisme confessionnel de la société libanaise. Ils ont dénaturé notre vie institutionnelle et n'ont servi que l'occupant et ses agents. » Et pour faire bonne mesure, le texte précise que « tout ministre en désaccord avec la politique du chef de gouvernement doit présenter sa démission ou être remercié ». Des observations et des préceptes dont les aounistes se sont bien éloignés, ajoutent les loyalistes.

En pratique, les prosyriens se démarquent nettement de Baabda, ces temps-ci, en lui reprochant, à mots à peine couverts, de prendre parti pour le 14 Mars. Ils tirent à boulets rouges, comme on sait, sur l'idée d'un bloc centriste.

Sur le terrain, la visibilité côté alliances électorales laisse encore à désirer en pays chrétien. Mais on peut relever que les indépendants, dont certains ont beaucoup de poids, font bien acte de présence au Kesrouan, à Jbeil, au Metn et à Baabda. Avec une propension toute naturelle à négocier avec les forces du camp qui ne les rejette pas, le 14 Mars. Tout en précisant qu'en cas d'émergence d'un bloc centriste, il s'efforcerait d'arrondir les angles, de jouer les forces tampons, entre les majoritaires actuels et les prosyrie-->
Les majoritaires le ressassent à s'en égosiller : l'accord de Doha n'est valable que jusqu'aux élections. Compromis anticonstitutionnel, il n'a été conclu que sous la contrainte de sortir de cette crise qui faisait mourir le pays à petit feu depuis quatre ans. Après le 7 juin, il faudra retourner au pacte de Taëf et à la...
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