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Liban

Kamel Mehanna : un enthousiasme à toute épreuve

Militant de la première heure, Kamel Mehanna est véritablement l'âme de la mobilisation actuelle des ONG. Président fondateur de l'association Amel, il a commencé son travail dans le social au début de la guerre de 1975 dans les camps palestiniens, où il s'est retrouvé seul à soigner les blessés des camps de Nabaa et Tell Zaatar après le départ de tous les autres médecins, y compris ceux de Médecins sans frontières. Depuis cette expérience inoubliable, qui a failli lui coûter la vie, il a « fait » toutes les guerres, élargissant son action à toutes les régions défavorisées et à tous ceux qui subissent les affrontements et en sont victimes. Il a ainsi fondé Amel, qui a ouvert des centres dans presque toutes les régions libanaises, et reste sensible aux malheurs des plus faibles. En 2006, il a entraîné les diplomates et ses nombreux amis occidentaux vers le Sud pour qu'ils voient l'étendue des dégâts causés par Israël et, aujourd'hui, il a ainsi été l'un des premiers à initier une action de solidarité avec Gaza.
Désigné coordonnateur du comité de suivi des ONG pour Gaza, qui regroupe des associations libanaises et palestiniennes, il se consacre désormais à trouver les moyens de punir Israël pour ses crimes et notamment pour ses violations de la quatrième convention de Genève. Ce n'est sans doute pas tant contre Israël que par souci de refuser l'impunité, surtout lorsque les violences sont aussi générales et terribles que la guerre du Liban en 2006 ou celle de Gaza en 2009.
Kamel Mehanna convoque ainsi régulièrement des réunions du comité de suivi des ONG et a poussé celui-ci à adopter une feuille de route. Celle-ci prévoit une collaboration avec toutes les ONG susceptibles de préparer des dossiers techniques crédibles et l'exploration de toutes les pistes disponibles à travers toutes les instances habilitées à recevoir des plaintes pour violation des droits de l'homme. La feuille de route recommande aussi d'entreprendre des contacts pour obtenir du Conseil de sécurité la formation d'une commission d'enquête internationale sur les crimes commis par Israël à Gaza. Elle prévoit aussi de demander aux gouvernements et aux Parlements arabes de déposer des plaintes pour créer un climat défavorable à l'État hébreu dans l'opinion publique internationale.
Ayant fait ses études en France et ayant été menacé d'expulsion à cause de son militantisme en faveur de la cause palestinienne au début des années 70, Kamel Mehanna sait que la tâche n'est pas facile. Mais avec la coopération des ONG arabes et occidentales, il espère pouvoir secouer les mentalités et parvenir à pousser l'Occident à moins de partialité dans le conflit israélo-arabe.
L'homme reconnaît d'ailleurs qu'il s'agit d'une action à long terme. Mais pourquoi maintenant après les événements de Gaza ? « Nous avions tenté de faire la même chose, au Liban, après la guerre de juillet 2006, déclare-t-il. Mais l'élan de révolte soulevé par les exactions israéliennes contre le Liban était vite retombé. Il s'agit maintenant de maintenir la mobilisation. Et à travers les exactions commises à Gaza, rouvrir le dossier libanais. »
Avec ses collaborateurs, il cherche à reconstituer le dossier d'une famille de Aïtaroun, dont tous les membres ont été tués par les bombardements israéliens. Comme ils ont aussi la nationalité canadienne, le comité de suivi des ONG cherche à mobiliser les autorités de ce pays en faveur de cette cause.
Kamel Mehanna croit beaucoup dans une coopération entre les Arabes et l'Occident, précisant que les derniers événements de Gaza ont ému l'opinion publique européenne et c'est sur cet élan de sympathie qu'il faut miser pour entreprendre des actions à long terme. Selon lui, nul n'est resté indifférent face au déploiement de 40 000 soldats israéliens sur la petite superficie que constitue la bande de Gaza. Vingt et un jours de bombardements intensifs, des attaques contre les civils, contre les mosquées, les écoles et les hôpitaux, les images, affirme-t-il, constituent des violations flagrantes et condamnables de la convention de Genève. Il n'est même pas besoin de travailler dur pour constituer des dossiers. Les images sont encore dans les esprits et elles ont été rapportées par les médias du monde entier.
Il s'agit donc aujourd'hui de rassembler tous ces documents, de les classer pour pouvoir les présenter de façon crédible.
Kamel Mehanna propose aussi de mobiliser la Ligue arabe pour cette cause qui peut rassembler les Arabes. Avec ses services spécialisés et ses moyens, cette instance peut se charger d'aider les ONG et donner plus de poids à leurs revendications. Il sait toutefois qu'Israël est très puissant en Occident et qu'il dispose d'une sorte d'immunité politique. « Mais, ajoute-t-il, il serait bon pour une fois que les Arabes agissent avec méthode et adoptent une stratégie de longue haleine. Au-delà de la politique, il s'agit d'un engagement dans l'humain. »
Aujourd'hui, son association est présente dans toutes les instances qui tentent de mettre Israël en difficulté et son bureau au siège principal de l'association est une ruche consacrée à cet objectif. Le comité de suivi des ONG a mis d'ailleurs à contribution l'ordre des avocats et la Fédération des avocats arabes, et le Dr Mehanna confie que cette affaire pourrait bien constituer le début de la réconciliation des Arabes puisqu'il s'agit d'une cause qui rassemble au lieu de diviser.
Militant de la première heure, Kamel Mehanna est véritablement l'âme de la mobilisation actuelle des ONG. Président fondateur de l'association Amel, il a commencé son travail dans le social au début de la guerre de 1975 dans les camps palestiniens, où il s'est retrouvé seul à soigner les blessés des camps de Nabaa et...

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