Du coup, des Californiens s'éloignent de l'idée qu'une pelouse bien verte derrière une clôture blanche constitue l'accomplissement du rêve de propriétaire. Certains contraints et forcés, d'autres par conviction écologique ou par choix esthétique. Kent Shocknek se classe dans cette dernière catégorie. Ce présentateur de journal télévisé sur une antenne locale et son épouse Karen ont fait appel à M. Cornell il y a deux ans pour créer un jardin « aussi vert que possible, avec aussi peu d'entretien que possible », explique-t-il à l'AFP. « Nous voulions quelque chose qui se marie à l'environnement naturel, qui serait joli et un peu plus rustique et sauvage » que les jardins taillés au cordeau typiques des quartiers opulents de Los Angeles, dit-il. Autour de la maison, M. Cornell a planté des aloès mexicains et autres plantes grasses, des yuccas, mais aussi des euphorbes d'Afrique du Sud. « Ce n'est pas seulement beau, c'est aussi bon pour l'environnement », fait remarquer fièrement Karen Shocknek, pour qui « si on vit en Californie du Sud, il faut planter de la végétation résistant à la sécheresse ». Le jardin du couple nécessite moitié moins d'eau qu'un gazon ordinaire, et alors que le prix de l'eau au robinet a spectaculairement augmenté, « nous n'avons pas vu de différence sur notre facture », remarque Kent Shocknek.
Lorsqu'il s'est spécialisé dans ce genre de plantes, il y a un quart de siècle, M. Cornell misait sur l'avenir. « La population en Californie augmente, et nous n'avons qu'une certaine quantité d'eau disponible. Et il y a des cycles de sécheresse. Un jour ou l'autre, il va y avoir un blocage », explique-t-il. À l'époque, le paysagiste avait rencontré l'incrédulité de ses collègues, mais « aujourd'hui, ils comprennent que s'ils ne prennent pas le train en marche, ils vont avoir mauvaise réputation », dit-il.
La résistance vient aussi de certains clients. Là, « ce n'est pas une question d'argent, c'est une question de valeurs » morales, souligne le paysagiste, en remarquant qu'il ne travaille quasiment pas à Beverly Hills, la ville des milliardaires aux pelouses impeccables. Alors que la récession a conduit nombre d'Américains à tailler dans leurs dépenses, M. Cornell affirme continuer à travailler autant, et se considère comme l'un des premiers membres de la classe d'employés née d'une économie tournée vers l'environnement, qualifiée de « cols verts » par le président Barack Obama. « Cela fait 25 ans que je suis un col vert ! » lance le paysagiste en souriant.
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