Pays le plus pauvre du Moyen-Orient, le Yémen est pourtant « habitué à la pauvreté », commente un diplomate sous le couvert de l'anonymat.
Mais la crise aidant, sa situation économique, déjà précaire, s'est encore aggravée. Modeste producteur de pétrole (moins de 300 000 barils/jour en 2008), il tire néanmoins 70 % de ses recettes budgétaires de ses exportations de brut. L'effondrement récent des cours l'a durement frappé.
Mais pour la plupart des experts, les problèmes les plus graves sont ailleurs: le manque d'eau et un taux de croissance démographique quasi exponentiel, puisque estimé en 2008 à 3,46 %. Deux tiers de la population ont moins de 24 ans. « Le pire, c'est l'eau », affirme Ali Saïf Hassan, directeur du Forum de développement politique, un institut de réflexion indépendant. « Dans 20 ans, il n'y aura plus d'eau dans l'ensemble du district de Sanaa », une région montagneuse où vivent actuellement deux millions de personnes. Parmi les solutions possibles pour sauver le Yémen de l'abysse, M. Arhabi mentionne « l'intégration » du Yémen au Conseil de coopération du Golfe, le bloc régional qui regroupe les six monarchies pétrolières du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar). Mais rares sont ceux qui y croient, compte tenu de la différence énorme de niveau de vie (de un à 20 entre le Yémen et l'Arabie) et aussi parce que ces monarchies conservatrices ne verraient pas forcément d'un bon œil l'entrée dans leur club d'une République dont le système politique repose sur des élections, même très imparfaites.
L'aide étrangère constitue pour l'heure la seule bouée de sauvetage pour le Yémen. « Nous avons besoin de plus d'aide publique au développement », martèle M. Arhabi. Le Yémen, dit-il, reçoit actuellement environ 13 USD par habitant, alors que sa « situation est pire que celle d'Afrique ». Mais en cette période de récession mondiale, l'avenir de l'aide publique est sombre. Fin 2006 à Londres, une conférence de donateurs a enregistré des engagements d'aide d'un montant total de 5,7 milliards de dollars, mais plus de deux ans plus tard, « 20 % seulement des promesses ont été réalisées », selon un expert. Alors, le Yémen peut-il couler ? Pour la communauté internationale, les enjeux sont énormes.
« La seule solution pour que le Yémen s'en sorte, c'est que le monde entier se penche sur son sort et qu'au lieu d'attendre que le pays sombre dans le chaos comme la Somalie, il l'empêche d'y tomber, résume un diplomate. Je ne vois pas comment on peut laisser ce pays aller à la dérive. »
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