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Lifestyle - Success story

Un sac(ré) sac

Elles s'appellent Sarah, avec un h inspiré. Sarah Beydoun et Sarah Nahouli. Ensemble, elles ont créé un concept, puis un sac, puis plusieurs, qui portent leur prénom et qui font le tour du monde au bras de célébrités comme la reine Rania de Jordanie ou Catherine Deneuve.
L'adresse lui va comme un gant qu'elle aurait pu, d'ailleurs, elle-même créer, en crochet ou en tissus ! Au bout de cette impasse en fleurs, située sur la charmante rue baptisée « Zaroub el- Haramieh », Sarah's bag a trouvé son cadre idéal, après avoir démarré, les trois premières années, dans les sous-sols d'un garage ! Tantôt rouge, tantôt bleu, l'espace s'assortit en toute coquetterie avec des créations de plus en plus inventives et diversifiées. L'histoire, qui remonte à bientôt 10 ans, la plupart des Libanais la connaît, servie par une presse enthousiaste de ce parcours atypique. C'est celle d'un concept qui est né, presque spontanément, du rêve d'une personne qui n'avait pas prévu qu'il deviendrait une belle réussite professionnelle. L'histoire d'une jeune étudiante en sociologie qui, en rédigeant sa maîtrise sur les prostituées et les prisonnières, s'est rapproché des condamnées-à-vivre ou mourir, c'est selon, à la prison de Baabda et de Tripoli. Au bout de quelques mois, un programme de réhabilitation s'improvise, encouragée par la directrice de Dar al-Amal, Hoda Kara, et par son amie d'enfance Sarah Nahouli, elle les charge de produire des bracelets, puis un premier sac brodé. La commande grandit, le projet également. Les prisonnières apprennent à manipuler les matières artisanales, le crochet, les perles. Une première collection jaillit en décembre 2000. 150 sacs presque entièrement vendus, et l'envie de continuer pour tout le monde. Ce premier succès a surtout redonné aux prisonnières un amour-propre et un respect perdus derrière les barreaux. « Quand elles sortent, elles continuent, pour celles qui le désirent, à collaborer avec nous. Elles forment autour d'elles une équipe de leur village et exécutent les travaux faciles. »

Socio-économie
Le succès de Sarah's bag réside, bien sûr, dans la créativité de ses produits, imbibée d'une culture arabe classique ou kitch, selon l'inspiration des designers. Et des collections qui se sont adaptées au goût du jour, avec l'Orient et Beyrouth pour vedettes. Mais il est aussi dans le fait d'avoir maintenu l'esprit initial du projet, en faisant travailler les prisonnières, même si la gamme s'étant développé et modernisé pour devenir accessoire de mode, il a fallu aussi avoir recours à des artisans professionnels. « Nous produisons selon la situation du pays. Dans les beaux jours, nous sommes arrivées à fabriquer  jusqu'à 1 000 sacs par mois, des écharpes, des cardigans et des articles de naissance. » Haut de gamme, et donc cher, pour certaines bourses, « ce sont des séries limitées », rajoute-elle, le sac de Sarah se vend aujourd'hui en boutique au Qatar, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, au Koweït, en Égypte, au Ghana et en Sierra Leone. La marque a fait partie d'une exposition à l'Institut du monde arabe dédiée à Oum Kalsoum. Sarah Beydoun, en tant que « Young fashion entrepreneur », a été invitée par le British Council à un « fashion tour » de quelques jours à Londres où elle a pu rencontrer des créateurs célèbres tel Paul Smith.
Enfin le label, qui se veut également culturel et universel, fait partie de l'exposition « Arabesque : Art of the Arab World »  qui se tient au Kennedy Center de Washington du 23 février au 15 mars. Au menu, littérature, cinéma, théâtre, danse, expositions artistiques, concerts, défilés de mode, robes de mariées et bijoux. « Un des pôles de cette exposition est la création d'un souk qui réunit une collection unique d'artisanat et designers venus du monde entier, précise Sarah Beydoun. Nous sommes à la fois émues et fières de présenter modestement notre collection et de pouvoir ainsi représenter le Liban. »
« Grâce à ces prisonnières, puisque tout revient à cette période, qui étaient, pour la plupart, perdues dans leur vie, j'ai trouvé ma voie. Je ne suis pas une femme d'affaires, je fonctionne par instinct. Je suis surtout fière et comblée, conclut la jeune femme, d'être un trait d'union entre deux mondes qui n'ont rien en commun. Un premier, éphémère et aisé, et un autre, qui se bat pour vivre et subsister. »
L'adresse lui va comme un gant qu'elle aurait pu, d'ailleurs, elle-même créer, en crochet ou en tissus ! Au bout de cette impasse en fleurs, située sur la charmante rue baptisée « Zaroub el- Haramieh », Sarah's bag a trouvé son cadre idéal, après avoir démarré, les trois premières...

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