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Lifestyle - Hotte d'or

Malotrue

Quand on est polie on ne dit pas je veux, mais j'aimerais. Moi je ne suis pas polie. Voilà. Je suis même très impolie. Je dis je veux. Je veux pouvoir à presque soixante ans porter une robe chocolat Alberta Ferretti, un peu mal structurée, et, nonobstant, sur un red carpet exposé à toutes les caméras du monde, être plus glam, plus fashion icon et plus bandante que Kate Moss en Christian Lacroix. Je veux jeter mon vison à mon assistante en juste levant un sourcil pour qu'elle comprenne que mon cappuccino doit être sur mon bureau dans 45 secondes. Je veux être une Folcoche, une mère indigne, une mère monstrueuse, une Médée, une Kramer et cracher mes envies à la gueule du monde. Je veux être libre. Je veux que Michael Cimino, Robert de Niro, Christopher Walken, John Cazale et John Savage me regardent avec leurs yeux hagards, leurs yeux fous de moi, leurs yeux ivres de désirs. Je veux que Sophia Loren, momifiée mais Loren quand même, continue de me regarder comme si elle me suppliait de lui apprendre son métier. Je veux m'appeler Sophie Zawistowski, avoir tous les choix du monde : celui des larmes, celui des armes, celui du drame, celui des revanches, celui de mes seins blancs qu'une main d'homme ferait revivre, celui de l'innocence, celui de l'impensable. Je veux que cette niaiseuse de Kate Winslet cesse de me cirer mes Jimmy Choo devant tout le monde et de m'idolâtrer devant tout le monde ; qu'elle me donne plutôt cette sublime robe YSL qu'elle portait au Kodak Theatre. Je veux d'ailleurs, justement, qu'ils et elles continuent de me traiter comme la tsarine des actrices que je suis mais sans me pétrifier, je ne suis pas une poupée de porcelaine, je veux qu'on me bouscule. Je ne veux plus : je suis. Je suis Karen Blixen noyée dans le nombril du monde, je suis inside Africa, je veux que Robert Redford me joue au poker, me vende, me rachète, oui, qu'il me bouscule, je veux que le monde entier oublie Katharine Hepburn et ses quatre oscars et qu'on ne pense qu'à moi, qu'on ne voit que moi. Je veux être simple, humble, intelligente, drôle, sophistiquée, je veux, dans une salopette en denim et chemise blanche de mon homme, le même depuis 31 ans, et pieds nus, tailler mes rosiers, couper mes haies, biner mon jardin, une coupe de Veuve Clicquot posée juste à côté de moi, la photo de mes quatre enfants dans ma poche. Je veux pouvoir à presque soixante ans et pratiquement sans maquillage sauter sur un lit défait par des soleils grecs en chantant Abba mieux qu'Agnetha ; je veux des plaisirs impolis. Je veux que Clint Eastwood continue de me trouver plus belle que Hillary Swank et Angelina Jolie réunies. Je veux, quand je serai grande, quand je commencerai, du bout de mes doigts, à toucher mes rêves, je veux, dans un monde rempli de gens, je veux, non, j'aimerais être Meryl Streep. Miam miam.
Quand on est polie on ne dit pas je veux, mais j'aimerais. Moi je ne suis pas polie. Voilà. Je suis même très impolie. Je dis je veux. Je veux pouvoir à presque soixante ans porter une robe chocolat Alberta Ferretti, un peu mal structurée, et, nonobstant, sur un red carpet exposé à toutes les caméras du monde, être plus glam, plus...
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