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Cinema-

« Bouzkachi », le film de Jacques Debs, sort en France le 25 février

Entre réel et rêve, documentaire et fiction, passé et futur, Jacques Debs recrée dans son film Bouzkachi, le chant des steppes, qui sort en France le 25 février (distribué par Bodega Films), un univers onirique où l'art y est représenté sous toutes ses formes et où le cinéaste  illustre l'incessante quête de l'amour.
 « C'est un film que j'ai longtemps rêvé, affirme Jacques Debs, interrogé par courrier électronique. Ayant vu plusieurs des plans et épisodes en songe, j'ai essayé par tous les moyens de les reproduire en images tout en mettant en scène les quatre éléments : terre, feu, eau et air. » Bouzkachi est une œuvre qui illustre la difficulté d'aimer dans ce monde et le dilemme de tout homme à choisir et à se dépasser. Elle est déjà sélectionnée pour quatre festivals : RIDM à Montréal, Golden Gate à San Francisco, FIPA à Biarritz et les Festivals de Paris.   « Un projet que je porte depuis 2003, explique le cinéaste. Si Arte était déjà intéressée dès le début, nous avions eu des problèmes de financement à l'époque et j'ai dû reporter le tournage. Entre-temps,  je m'étais lancé dans Miroirs brisés, musulmans d'Europe, chrétiens d'Orient,  qui a été diffusé sur cette même chaîne. En 2006, nous avons pu trouver grâce à elle le financement et avec mon producteur, Serge Lalou, des « Films d'Ici, » nous avons pu mener à bien la production de ce film. L'année 2007 a été celle de la préparation sur place (3 mois) et du tournage (six semaines, d'octobre à fin novembre). »
À l'origine, le Bouzkachi, qui signifierait en français « attrape chèvre » (le bouz désignant la chèvre en farsi), était  une des festivités des mariages turkmènes qui est devenue ensuite un sport national afghan. Un nombre variable de cavaliers, de 18 (dans le stade) à parfois plusieurs centaines dans les steppes du Nord, se disputent une carcasse décapitée de chèvre ou de veau pour aller la déposer dans le cercle de justice tracé à la chaux et situé à l'autre extrémité du terrain.
Joseph Kessel, dans son livre Les cavaliers, avait autrefois décrit la situation et dépeint à merveille cet extraordinaire jeu sur lequel se greffe son admirable roman, et J. Cornet, dans son livre sur l'Afghanistan paru aux éditions FOT, qualifiait cette lutte de l'homme et du cheval de « vision hallucinante ».
Tourné en Ouzbékistan, avec le soutien d'Uzbekkino, le ministère ouzbek du Cinéma et plus particulièrement sur les hautes montagnes de Boysoun et dans la ville mythique de Boukhara, « l'atmosphère y évoque les miniatures persanes », précise Jacques Debs, qui a déjà tourné deux films  dans cette région. «  Le temps semble s'être arrêté dans cette partie du globe, poursuit-il. Le contraste entre le monde moderne et ses technologies et les modes de vie séculaires des habitants de ce pays est troublant, voire émouvant. Cette région est une des rares de la planète à feu et à sang, où cet équilibre fragile entre les esprits de la nature et l'homme reste tangible et concret. » 
Mohabat aime Ali et Oulougbey, deux champions de Bouzkachi, mais ne sait pas lequel des deux choisir. Pressée de toutes parts, elle décide d'épouser le vainqueur. Que le tournoi commence ! Si Bouzkachi a des allures de conte, il est aussi une fable très actuelle. Les personnages sont comme suspendus dans le temps. Ils existent sans exister. En effet, le canevas qui évoque tous les contes d'Orient (Les Mille et Une Nuits, Kalila et Doumna) contraste avec une forme très écrite et mise en scène. « Je me suis inspiré de la vie de ces champions et j'ai écrit un scénario avec des dialogues, ce qui donne l'impression que ce sont des interviews, or il n'en est rien, précise le metteur en scène. Ces acteurs ne font que lire leurs textes. » L'auteur brouille les pistes en mélangeant les genres. Par ailleurs, l'aspect actuel du récit apparaît dans certains détails, comme l'utilisation par les cavaliers de portables ou encore le train et les camions qui interviennent dans le film.
Dans cette œuvre poétique, tous les arts se mêlent et s'enchevêtrent. Tant dans la fresque picturale que dresse le grand peintre Stasys (dont l'œuvre est exposée à la galerie Blue Square, France, du 25 février au 14 mars) que dans la poésie campée par l'acteur Ali Chories, qui récite Hâfez (poète farsi du XIVe siècle), mais aussi dans la musique composée par le grand musicien turc Burhan Oçal et chantée par un contre-ténor islandais Sverrir Gudjonsson (un poème écrit par Jacques Debs dans toutes les langues du monde), et enfin l'architecture.  
Sur ces steppes arides, semblant appartenir à un autre univers et que viennent ponctuer des taches colorées mais volatiles des ballons, Jacques Debs tord et distord les perspectives par un jeu de miroirs obsédant. Il s'amuse à les aplanir comme à les approfondir. En filmant le reflet d'un personnage, il avoue vouloir posséder plus que son image. Serait-ce l'âme ?
Lutte ancestrale où l'homme ne fait plus qu'un avec l'animal, le  Bouzkachi est aussi un combat pour gagner l'amour de la jeune  Mohabat. C'est grâce au chef opérateur Rifkat Ibragimov, qui a placé des mini-caméras sur les têtes des chevaux et des cavaliers, que le spectateur se sent au centre du combat. Il va vivre avec les duellistes, la vitesse, la passion et la haine.  Dans cette quête avide de l'amour et de soi-même n'y a-t-il pas en filigrane, dans ces images magnifiques que nous livre Jacques Debs, une recherche absolue d'un temps perdu ?
Entre réel et rêve, documentaire et fiction, passé et futur, Jacques Debs recrée dans son film Bouzkachi, le chant des steppes, qui sort en France le 25 février (distribué par Bodega Films), un univers onirique où l'art y est représenté sous toutes ses formes et où le cinéaste  illustre l'incessante...

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