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Lifestyle - Saint-Valentin

En Inde, des culottes roses pour des « talibans hindous »

Un millier de culottes et soutiens-gorge roses : de jeunes Indiennes offriront ces dessous féminins, aujourd'hui, à des extrémistes hindous qui menacent de marier de force les couples d'amoureux pour la Saint-Valentin.
« Tous les jours, nous en recevons des dizaines des quatre coins du sous-continent, d'Australie, du Canada ou de Grande-Bretagne », se félicite Nisha Susan, âgée d'une vingtaine d'années, en sortant d'une enveloppe un joli sous-vêtement de couleur rose. Cette journaliste de New Delhi vient de créer avec ses copines « le consortium des femmes libérées, allumeuses et allant dans les bars », un groupe fondé sur le site de socialisation Facebook. Leur réseau compterait déjà 20 000 membres, femmes ou hommes, qui leur ont fait parvenir plus de 1 000 petites culottes, soutiens-gorge et bustiers roses.
Tous ces dessous doivent être envoyés en ce 14 février, jour de la Saint-Valentin, au siège du Sri Ram Sena (SRS, l'armée du seigneur Ram), un groupuscule hindou d'extrême droite. Car les agissements du SRS ont choqué en Inde un géant multiculturel et laïc de 1,1 milliard d'habitants, dont 80 % d'hindous. À Mangalore, dans l'État méridional du Karnataka, une quarantaine de nervis du Sri Ram Sena avaient fait irruption fin janvier dans un pub branché. Ils s'étaient jetés sur des jeunes filles jugées « obscènes et débauchées » parce qu'elles fumaient, buvaient et dansaient. Ils les avaient insultées, sorties du café et copieusement tabassées. Le Karnataka est aux prises avec des « talibans hindous », ont vite dénoncé la ministre chargée du Développement des femmes et de l'enfance, Renuka Chowduri, et la presse. Le chef du SRS, Pramod Mutalik, a été arrêté et a reconnu les faits ; mais en s'autoproclamant « gardien de la culture indienne » et défenseur de ses « sœurs égarées sur le mauvais chemin », celui d'un mode de vie à l'occidentale aux mœurs plus libérées.
« Boire, sortir, fêter la Saint-Valentin font partie d'une culture occidentale qui corrompt la culture indienne », explique à l'AFP le secrétaire général du SRS, V. K. Rajesh. « Nous n'avons rien contre l'amour, mais nous sommes contre ces mœurs relâchées des jeunes générations qui singent aveuglément l'Occident », dénonce cet hindou puritain, en menaçant de perpétrer de nouvelles violences. « À celles qui nous enverront des sous-vêtements roses, nous répondrons par des saris roses, le vêtement traditionnel et symbole de la culture indienne », a répliqué, non sans humour, M. Rajesh.
Mais « le consortium de femmes libérées et allumeuses » sur Facebook s'inquiète. « Aujourd'hui, ils nous disent de ne pas aller dans les bars. Demain, ils nous diront de ne pas aller travailler. Plus tard, ils pourraient exiger que nous nous couvrions le visage. Cela peut devenir incontrôlable », redoute Ashwini Shetty, une membre du groupe.
Un millier de culottes et soutiens-gorge roses : de jeunes Indiennes offriront ces dessous féminins, aujourd'hui, à des extrémistes hindous qui menacent de marier de force les couples d'amoureux pour la Saint-Valentin.« Tous les jours, nous en recevons des dizaines des quatre coins du sous-continent, d'Australie, du Canada ou de...

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