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Culture - Humeur

Art postiche

La pratique du faux en art a atteint la cote d'alerte au Liban. Les gens du métier lancent un SOS désespéré.
Les faussaires de grands maîtres de la peinture ont toujours existé, diront les uns et les autres. Depuis la Grèce antique. Évidemment. Certains même en ont fait une profession. Pour ne pas déroger à la règle, le Liban aussi a les siens. Et comment donc ! Il y a ceux qui, au départ, plagient avec une parfaite technique des toiles de maîtres, d'artistes de préférence décédés et dont l'œuvre ne peut donc être identifiée par son auteur. Jusqu'à récemment, cette production n'inquiétait pas outre mesure. Elle était très limitée.
Mais aujourd'hui, les faussaires copient invariablement les artistes morts comme les vivants et à grande échelle, très grande échelle, affirment les spécialistes dans le domaine. Ceux qu'on appelle en Grande-Bretagne les Wheeler Dealer constituent ici cette catégorie de marchands ambulants d'œuvres d'art proposées aux soi-disant collectionneurs se croyant plus intelligents que d'autres, aveuglés et alléchés par les petits prix au point de croire toutes les histoires à dormir debout des faussaires. Comme celles du menuisier du quartier, de l'épicier ou de l'électricien du coin, qui cherchent tous à « rendre service parce que : « Une vieille dame est morte laissant ce tableau de valeur qui n'intéresse pas sa progéniture... Un immeuble a été détruit et on a trouvé, par hasard, une ou plusieurs toiles de maîtres qui traînaient, "haram !"... Une dame de la haute, habitant dans le quartier le plus chic de Beyrouth, aux abois financièrement, vend ses tableaux, l'un après l'autre, en catimini. Et il ne faut surtout pas en parler à ses enfants. » Bref, l'imagination de ces arnaqueurs n'a pas de limite pour ces « la'ata » (affaires) qu'ils proposent à 3, 5, 6 ou 10 000 dollars « au lieu du double au moins en galerie ou chez l'artiste », affirment-ils. Propos de faussaires, évidemment, ou d'intermédiaires qui bluffent tous et s'en vont avec un pactole arraché à la sauvette.
Quatre grands collectionneurs de la capitale au moins se sont ainsi fait avoir. L'un d'eux possède, à lui seul, 300 tableaux de maîtres. Le croyait-il du moins avant de comprendre, après expertise, que 27 seulement sont authentiques. Pourtant, ce bazar lui a coûté la bagatelle de 3 millions de dollars. Show off quand tu nous tiens !
Les vendeurs d'illusion poussent le culot jusqu'à proposer des dizaines de (fausses) toiles de ces soi-disant grands peintres aux galeries mêmes qui possèdent souvent les originaux dans leur fonds.
Lorsque, d'autre part, les chasseurs de prix cassés, plutôt que d'art réel, découvrent la supercherie, il est bien trop tard pour réagir et aucune sanction n'est possible. Et si parfois une action en justice est envisageable pour des raisons évidentes, il se trouve quelqu'un d'influent pour couvrir le faussaire ami, parent ou connaissance, ou envisager une intimidation qui refroidirait les plus fervents défenseurs du droit ou de l'art dans l'absolu. Bienvenue au pays de tous les miracles.
En l'absence d'un musée national de l'art pictural, d'un catalogue raisonné des œuvres, d'experts nationaux, d'ouvrages de références et d'une application stricte de la législation protégeant la propriété culturelle, les faussaires séviront à souhait en toute impunité, et les faux Madi, faux el-Achkar, faux el-Khal, faux Awad, faux Guiragossian, faux Bacha, faux Farroukh, faux Gemayel et tant d'autres artistes consacrés, morts ou vivants, bénézithés ou non continueront à être vendus pour une bouchée de pain, par rapport à leur vraie valeur, à des supposés amoureux de l'art qui, à défaut de frapper à la bonne porte, chez l'artiste ou le galeriste, se font avoir tout simplement.
Alertés et inquiets pour plus d'une raison, il y a quelques jours, artistes-peintres et galeristes se sont retrouvés pour examiner ce problème devenu endémique. Un fléau qui se répercute gravement sur le patrimoine et la production artistiques comme sur les galeries d'art. Artistes et galeristes envisagent une action urgente. Mais laquelle et comment, sans le sérieux soutien des ministères de la Culture et de la Justice !
Triste pays où le faux s'installe à tous les niveaux de la vie. Où mêmes les faussaires ont découvert les délices du copier/coller.
La pratique du faux en art a atteint la cote d'alerte au Liban. Les gens du métier lancent un SOS désespéré. Les faussaires de grands maîtres de la peinture ont toujours existé, diront les uns et les autres. Depuis la Grèce antique. Évidemment. Certains même en ont fait une profession. Pour ne pas déroger à la...
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