Vérité(s) en cascade

La commémoration du 14 février sera sans doute fortement marquée cette année par les progrès enregistrés au niveau du tribunal spécial pour le Liban. Les dossiers majeurs concernant l'enquête ayant été transférés à La Haye et le chef de la commission d'enquête ayant annoncé le début effectif des travaux du tribunal le 1er mars « ou dans les quelques jours qui suivent », il semble bien que le compte à rebours vers la « vérité » tant réclamée a démarré. 14 février, 1er mars, 7 juin. À trois mois d'intervalle, trois dates viendront sans doute stresser et ponctuer la vie des Libanais. Le résultat des élections législatives prévues en juin et perçues - tant par la majorité que par la minorité - comme l'aboutissement d'un long cheminement politique et sécuritaire, dépendra sans doute de la manière dont chacun des deux camps saura gérer ces échéances en cascade. Mais aussi des pressions diverses et variées que chacun réussira ou non à manier plus ou moins avec habileté.
Info ou intox ? Les informations relatives à de « mystérieux appels téléphoniques » enjoignant aux sympathisants du 14 Mars de ne pas se rendre au rassemblement prévu ce 14 février pour commémorer l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri font certainement partie des divers moyens d'intimidation qui seront, au fil des jours, de plus en plus employés par les deux camps. D'ailleurs, le timing choisi, côté majorité, pour recueillir les propos de l'ancien président iranien Mohammad Khatami n'est certainement pas innocent. « Je l'aimais et il nous manque autant qu'au Liban... », a-t-il ainsi affirmé lors d'un entretien accordé au site Internet du Courant du futur. Une tentative de récupérer certains déçus du Hezbollah ? L'hypothèse n'est pas à exclure, mais ce qui est sûr, c'est que la majorité désire avant tout démonter l'image d'une scène politique chiite uniforme et unie derrière une allégeance sacrée au Hezbollah.
Les échéances s'enchaînent donc. Veillera-t-on à ne pas les instrumentaliser à la veille d'élections législatives perçues, des deux côtés, comme cruciales ? Difficile de répondre par la négative surtout lorsqu'un élément aussi stratégique que le tribunal spécial pour le Liban entre pour la première fois concrètement dans une équation politique interne jusque-là presque stagnante.