Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Hotte d’or

Ma porte verte

C'est un espace face à l'EDL où chacune pourrait, pour une heure, pour un instant, jouer à Marie-Antoinette quelques mois avant la guillotine, quand tout sent bon comme une quintessence de Guerlain et que la vie est belle. C'est un espace face à l'EDL où ces Marie-Antoinette, comme seules en leur boudoir, juchées sur des Manolo Blahnik en satin vert canard, une coupe de Veuve Cliquot pas encore éventée à la main, un peu de sang sous les narines, se goinfreraient de macarons Ladurée, mi-pistache mi-moka, en fredonnant, mal, quelque I Want Candy remixé pour Sofia Coppola par un Kevin Shields revanchard. C'est un espace face à l'EDL où ces Marie-Antoinette avec leurs copines courtisanes, gossip girls carminées, bluetooth et Blackberry activés, on ne sait jamais, auraient les yeux partout, à la recherche d'un vicomte, d'un laquais, d'un vieux bouc milliardaire, elles s'en foutent. C'est un espace face à l'EDL où fauteuils molletonnés, velours pourpres, losanges moquettés vert pastel, touches warholiennes aux murs (re)créent, mine de rien, cette atmosphère liquoreuse, ouatée, bordélique et borderline d'une bonbonnière au creux de laquelle résonneraient doucement plein de mots bleus, se croiseraient férocement des yeux rougis, s'emmêleraient distraitement des peaux un peu rosées. Cet espace face à l'EDL a pour nom, d'ailleurs, le titre d'un film pornographique cultissime des années 70, avec les frères Mitchell, Artie et Jim, derrière la caméra, et une incroyable Marilyn, Chambers pas Monroe, devant : Behind The Green Door. 1972 : millésime superbe pour cet art, mineur certes, mais incroyablement galvaudé depuis les années 90, dégénéré : le porno. Ils ont l'air fin, ces nababs du hard américain, Larry Flint en tête, qui réclamaient il y a quelques jours de l'administration Obama un plan Marshall, cinq milliards de dollars, pour sauver une industrie du porno US en totale faillite. Qu'au lieu de mendier comme des va-nu-pieds, ils s'inspirent de ces films des seventies, dans lesquels et pour lesquels il y avait un scénario, des dialogues, autre chose que des onomatopées fatiguées et fatigantes, des décors, des costumes, et, surtout, des femmes, engagées aussi, d'abord, pour leur talent d'actrices, des femmes-sujet, pas objet, des femmes qui resplendissaient parce que le sexe n'était pas gras, tellement moins cru qu'aujourd'hui, parce que le but était bien plus de raconter une histoire que de soulager des pauvres mecs en mal de chairs. Canal + a tout compris : la chaîne française rééditera cette année une somptueuse expérience entamée en octobre 2008, lorsqu'elle avait demandé à six femmes, et quelles femmes - Arielle Dombasle, Lola Doillon, Mélanie Laurent, Caroline Loeb, Laetitia Masson et Helena Noguerra - de réaliser chacune un court-métrage classé X, tous consacrés au désir féminin. La cuvée 2009, dit-on, comprendra, entre autres, l'ahurissante Zoe Cassavetes. Et si la fille de John faisait un remake de Behind The Green Door qu'elle tournerait, on peut toujours rêver, à Beyrouth, quelque part face à l'EDL ? - miam miam...
C'est un espace face à l'EDL où chacune pourrait, pour une heure, pour un instant, jouer à Marie-Antoinette quelques mois avant la guillotine, quand tout sent bon comme une quintessence de Guerlain et que la vie est belle. C'est un espace face à l'EDL où ces Marie-Antoinette, comme seules en leur boudoir, juchées sur des Manolo Blahnik en satin...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut