Un bon millésime

Plus de 500 personnes étaient conviées à la traditionnelle cérémonie des Pikasso d'or qui se charge depuis plus de 15 ans, quelles que soient les circonstances et l'humeur du pays, d'honorer la créativité des agences de publicité auteurs des campagnes d'affichage drôles, prenantes, belles ou simplement insolites. À l'entrée du BIEL, et par une belle et douce journée de février, les panneaux d'affichage Pikasso, cadre jaune sur images pétant la couleur, affichaient encore, et pour une fois, le blanc. Étrange impression de vide presque absurde, que l'hôte de la cérémonie a vite justifiée : « Nous n'avons pas encore collé les affiches des gagnants pour maintenir le suspense. Vous les verrez en sortant. Une plaquette sera également distribuée à la fin de la cérémonie car les résultats sont strictement confidentiels. »

Une cérémonie dans les règles
Comme chaque année et pour ne pas déroger à la règle, le très actif PDG des affichages Pikasso, Antonio Vincenti, a inauguré l'événement par un discours informel, en arabe dans son texte court, où il a tenu à remercier les membres du jury : les fidèles Alain Weill, expert en art contemporain et publicité, président du jury, et Andrew Rawlins, secrétaire général du jury, président et PDG de Epica Awards. Et cette année, MM. Farid Chéhab (président et CCO Moyen-Orient et Afrique du Nord Leo Burnett Liban), Walid Kenaan (directeur exécutif de création, Impact BBDO Liban), Tarek Nour (PDG de Tarek Nour Communication, Égypte), Mohammad Kamal (directeur général de Advize Grey, Jordanie) et Karim Belazzoug (directeur général de Euro RSCG, Algérie). Remercié également, Ziyad Baroud, dont la présence, « un honneur », fut la surprise de l'événement. « Une personnalité exceptionnelle, un support dans notre métier, apprécié par tous pour son respect des libertés publiques et des sociétés civiles. » Antonio Vincenti a tenu par la même occasion à rappeler la création, en 2000, de l'afficheur citoyen en soulignant : « Par un souci national, nous avons offert 32 campagnes gratuites à l'armée, les FSI et d'autres institutions publiques. » Prenant la parole, l'incomparable Alain Weill, mêmes lunettes rondes et veste verte, s'est exprimé en habitué et ami : « Pour la seconde année consécutive, le jury s'est réuni à Beyrouth après avoir pris tout le temps nécessaire pour délibérer, discuter et rediscuter. Aujourd'hui, ce millésime est excellent. Le Liban peut être fier de sa publicité, de son affichage et de son afficheur. »
Avant la remise des prix, le ministre de l'Intérieur s'est adressé aux publicitaires, aux annonceurs et aux médias, mais aussi aux citoyens qu'ils sont, avec la franchise qu'on lui connaît. « Le nouveau langage des affiches atteint parfois le cœur des gens bien plus que les discours des politiciens. » Certains afficheurs, a-t-il poursuivi, gâchent le paysage urbain. Notre rôle, ensemble, est de pouvoir mieux organiser l'affichage, dans le respect de l'environnement et du règlement. Le ministère de l'Intérieur a un nouveau titre, celui de tous les citoyens. Un nouveau combat, outre celui qu'il mène contre le terrorisme, est celui qu'il mène en faveur des droits des individus. »

Palmarès
Plus de 81 affiches ont été présentées par 14 agences, concourant dans les huit différentes catégories créées par l'affichage Pikasso. La remise des prix, sobre et sans véritables commentaires, les gagnants se contentant de recevoir leur trophée, a confirmé le niveau créatif des participants. « Excellent, selon Alain Weill. Certains auraient pu gagner à un cheveu près. » Belle transition pour remettre le Pikasso d'or à l'agence Leo Burnett pour son visuel Koleston, une affiche découpée qui, au fil de la journée, change de couleur en prenant celles de son environnement. Autre exploit créatif et technique à applaudir, la campagne Wardé, soit 800 affiches distinctes rendues possibles grâce à un collage de 16 tissus à motifs différents qui a permis ces centaines de combinaisons différentes. Pour cette idée originale et son exécution difficile, Mind the Gap a décroché le Pikasso d'argent et le prix multivisuel. Le Pikasso de bronze a été décerné à Intermarkets pour ses 5 visuels Almaza. « Une campagne tout à fait remarquable, selon Alain Weill, juste et efficace », qui a associé les étiquettes de la bouteille aux dates-clefs du pays. Comme chaque année, enfin, Leo Burnett et Exotica ont réussi à toucher le jury et les aficionados avec une fleur suggérant une mariée, qui a remporté le prix Rooftop. Le prix afficheur citoyen est allé au... ministère de l'Intérieur, qui s'est félicité de cette belle collaboration avec les afficheurs et les agences dans une campagne réussie. En espérant qu'elle sera suivie par les Libanais qui auront naturellement, et sans voir besoin d'affiches, des gestes de citoyens civilisés.
En sortant, et comme promis, les couleurs des affiches gagnantes avaient comblé les surfaces blanches. Les visuels dévoilés ont trouvé pour quelques instants leur place d'honneur. Le lendemain, certains membres du jury se sont envolés à Amman puis Le Caire et enfin Alger pour remettre leurs prix aux vainqueurs. Pikasso jaune et partout... En effet !

Les résultats complets du Pikasso d'or 2008  :

Pikasso d'or : Leo Burnett (Koleston)
Pikasso d'argent : Mind the Gap (Wardé)
Pikasso de bronze : Intermarkets (Brasserie Almaza)
Prix multivisuels : Mind the Gap (Wardé)
Prix afficheur citoyen  : Saatchi & Saatchi (ministère de l'Intérieur)
Prix Unipole : Memac Ogilvy (GS)
Prix Rooftop : Leo Burnett (Exotica)
Prix Bus Full Wrap : Horizon Draftcb (Windex).

Les résultats du Pikasso d'or Irak 2008 :

Pikasso d'or : Saatchi & Saatchi (Zain)
Prix 14x4 Rooftop : Wunderman (Asiacell Telecom)
Prix 8x3 Panels : TBWA/ Rizk (Aspen)