Portrait d’artiste Les mille facettes de la femme

Colette KHALAF Maha Abou Chacra expose ses récents travaux à la galerie Safana. Une série de portraits et de bijoux faits main qui rendent hommage à la femme. Diplômée de beaux-arts et de littérature arabe de l’Université libanaise, Maha Abou Chacra, artiste pluridisciplinaire, travaille également au ministère de la Culture. Après plusieurs expositions collectives, notamment au musée Sursock, la touche-à-tout surfe actuellement entre sa peinture et ses bijoux faits main. Une manière à elle de mettre en avant les atouts de la femme. Sur ses portraits (pastels à l’huile), Abou Chacra applique, avec frénésie ou douceur, mais toujours avec délicatesse, ses touches élaborées. Les esquisses se profilent souvent par un geste spontané, sur fond de couleur frappante. Ces croquis de femmes, au visage anguleux, au regard sombre et aux traits bien dessinés, semblent se répéter. Et pourtant, ils ne sont pas semblables. Ils ne font que se décliner en multiples résonances comme les notes d’une musique qui va crescendo. Ancrées dans la réalité, ces filles d’Ève sont à la fois l’écho de figures qui ont existé et hanté l’imaginaire de l’artiste, et le miroir de ses réflexions. Ou serait-ce plutôt la réflexion de son miroir? «Loin d’être en marge de la société, la femme que je reproduis se situe bien dans son temps. Elle est dans l’action. Pensive et contemplative, elle dessine de son regard la marche du siècle », avoue Maha Abou Chacra. Et de poursuivre: «On retrouve un peu de moi dans les portraits ainsi que dans les bijoux qu’on retrouve parfois sur le canevas.» Comment est-elle passée de la peinture à l’art de concevoir des ornements féminins? Et comment allie-t-on les deux ? Sa réponse est simple : « La confection des bijoux s’inscrit dans une démarche créative tout comme la peinture, tant dans la composition que dans les couleurs. Ce n’est pas de l’artisanat mais de l’art, car je ne m’inspire pas de modèles existants, dit-elle. Par ailleurs, un bijou peut être le meilleur compagnon de la femme puisqu’il reflète son caractère. » Pour ses créations, Maha Abou Chacra a choisi le cuivre chaud et l’argent qu’elle sertit de pierres semi-précieuses brillantes ou colorées. Elle plie, enroule et tord le métal en lui donnant des formes séduisantes. Elle dessine et croque des portraits. Dans ces deux gestes, l’artiste esquisse une même vision de la femme.