Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

La séparation des pouvoirs à l’agonie

Je lisais avec grand intérêt dans les colonnes de L’Orient-Le Jour (mardi 25 novembre 2008) le cri d’alarme de mon confrère, Me Alexandre Najjar, intitulé « Notre justice à l’agonie ». J’adhère totalement à l’analyse qui y est faite et à la proposition qu’elle comporte dans sa conclusion. Je m’interroge toutefois : cette agonie du pouvoir judiciaire est-elle vraiment fortuite ? Y a-t-il jamais eu dans notre République une volonté ferme et réelle de sauvegarder l’indépendance, l’autonomie et la liberté de la justice au Liban? Nos deux autres pouvoirs ont-ils jamais eu le souci réel et sincère de fortifier, renforcer ou même sauvegarder ce pouvoir judiciaire, devenu au gré des vents impuissance, corruption ou incapacité? Les pouvoirs exécutif et législatif ne préfèrent-ils pas s’alléger de contraintes judiciaires qui risquent de contrarier certains de leurs desseins, au risque de désorienter de plus en plus les citoyens qui perdent ainsi tout repère, toute ancre républicaine qui devrait les réconforter ? Comment vivre en paix intérieure sans justice, sans normes du vrai et du faux, sans voir le criminel puni et l’innocent protégé ? N’est-il pas vrai que seul le juge est apte à protéger le citoyen contre tout excès ou arbitraire ? N’est-ce pas que le droit au juge est un droit fondamental sur lequel repose toute véritable démocratie ? N’est-ce pas le juge qui assure le sain équilibre entre l’autorité et la liberté ? L’indépendance, la droiture et l’impartialité ne sont-elles pas des vertus primordiales au bon fonctionnement de l’appareil judiciaire ? Ne devrait-on pas permettre au pouvoir judiciaire de se débarrasser une fois pour toutes de ces interventions et interactions multiples et diverses qui l’asphyxient dans leur perniciosité ? Le pouvoir judiciaire ne devrait-il pas être le garant des droits et des libertés, et l’institution indispensable à l’équilibre de toutes les autres sans distinction ? Quel est le sort d’une nation où un divorce aussi grave est déclaré entre cette institution appelée justice et les citoyens ? Quel est le sort d’une nation où les politiciens pourraient au fond d’eux-mêmes souhaiter la paralysie de la justice et qui s’en accommodent à leur façon? Quelle évidence plus éloquente le pouvoir politique pourrait-il nous offrir du manque d’intérêt qu’il a d’assurer la séparation et l’autonomie du pouvoir judiciaire que celle de lier les nominations et permutations judiciaires au partage mercantile des « responsabilités » judiciaires ? En marchandant continuellement la distribution de ses influences, notre classe politique nous entraîne dans une mouvance suicidaire et fatidique qui nous mènera avec elle à assister, hélas, impassibles à un partage de dépouilles. Choucri A. EL-KHOURY Avocat à la Cour
Je lisais avec grand intérêt dans les colonnes de L’Orient-Le Jour (mardi 25 novembre 2008) le cri d’alarme de mon confrère, Me Alexandre Najjar, intitulé « Notre justice à l’agonie ».
J’adhère totalement à l’analyse qui y est faite et à la proposition qu’elle comporte dans sa conclusion.
Je m’interroge toutefois : cette agonie du pouvoir judiciaire est-elle...