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Gabriele Checchia : L’apprentissage de la langue italienne reste pour les Libanais un terrain privilégié Nada MERHI

L’amitié séculaire qui lie le Liban à l’Italie, la cuisine, la culture et le patrimoine italiens, les multiples débouchés sur le marché du travail… Autant de raisons qui doivent pousser les Libanais à apprendre cette langue. L’amitié qui lie le Liban à l’Italie n’est pas fortuite ni le fruit du soutien et de l’assistance que manifeste Rome pour le Liban depuis 1978 aux niveaux politique et sécuritaire, ainsi que dans le secteur du développement. Ces relations de « sympathie et d’affection » sont en fait séculaires et ancrées dans l’histoire des deux pays. Elles puisent leurs racines dans ces traditions d’échange et de commerce entre l’Italie et le Liban au cours des siècles passés, notamment au XVIe siècle, à l’époque de l’émir Fakhreddine. « La période qu’il a passée à la cour des Médicis (au début du XVIIe siècle) a été marquante dans l’histoire du Liban tel que nous le connaissons aujourd’hui, mélange d’Occident et du monde arabe, et a gardé des traces profondes dans notre histoire aussi », constate l’ambassadeur d’Italie, Gabriele Checchia. À cela s’ajoutent la fondation en 1584 à Rome du Collège maronite « qui a joué un rôle majeur au niveau des hommes d’église, des chercheurs et des jeunes étudiants, qui se poursuit aujourd’hui par le biais des universités », et le fait que les deux pays « soient profondément ancrés dans la Méditerranée, où ils reconnaissent leur milieu naturel et où ils sont portés à dialoguer ». L’échange et le dialogue entre l’Italie et le Liban, « naturellement portés l’un vers l’autre, du fait qu’ils soient deux pays de mythe, de légende et de Méditerranée partagée », ne pouvait donc passer que par le biais de la langue. « Le latin d’abord, puis l’italien, sachant qu’un grand nombre de professeurs italiens ont appris l’arabe, souligne M. Checchia. L’épopée Fakhreddine d’un côté et le Collège maronite de l’autre ont donc contribué à alimenter l’image de l’Italie comme pays de culture, d’héritage méditerranéen, de mythe et de vision du monde qui n’est pas trop différente de celle dans laquelle plusieurs Libanais se reconnaissent toujours. » Dimension économique Aujourd’hui encore, l’italien « reste pour les Libanais un terrain privilégié », insiste M. Checchia. Et cela pour plusieurs facteurs. « L’étude de l’italien est de plus en plus répandue dans le monde, note-t-il. D’abord, on constate un intérêt croissant pour la langue italienne dans le monde. Selon des statistiques récentes, de plus en plus de jeunes Américains ou d’Amérique latine choisissent d’étudier l’italien souvent comme première langue étrangère, soit par le biais de cours de langues dans leurs pays respectifs, soit par le biais de courts séjours d’études-vacances en Italie. » « De plus, poursuit M. Checchia, selon des chiffres officiels, l’Italie possède 20 % du patrimoine artistique mondial, en plus d’une littérature ancienne, moderne et contemporaine très riche, avec des écrivains comme Dante, Manzoni, Italo Calvino, Umberto Eco, etc., qu’il est important de découvrir dans leur langue originale. Ce qui n’est pas d’ailleurs impossible surtout pour les Libanais. L’italien est également la langue des grands ténors, comme Luciano Pavarotti et Andrea Bocelli. Il ne faudrait pas non plus oublier la cuisine italienne qui, avec la cuisine libanaise, constitue la gastronomie la plus appréciée des pays de la Méditerranée. » Mais l’italien est aussi une langue qui a une importante dimension économique, « notamment pour les Libanais ». « L’Italie est en fait l’un des pays les plus industrialisés au monde, explique M. Checchia. Elle est membre du G7, membre fondateur de l’Union européenne et se caractérise par une économie très compétitive et ouverte. En ce qui concerne le Liban, l’Italie est à l’avant-garde sur le plan technologique et dans des secteurs porteurs pour les jeunes, comme le design, le prêt-à-porter et le “Made in Italy” en général. Autant de secteurs donc taillés sur mesure pour les jeunes Libanais, d’autant qu’ils conjuguent le dynamisme typique des Libanais à la créativité et l’innovation. » « Les jeunes à la recherche de débouchés sur le marché du travail peuvent donc penser à l’Italie, affirme M. Checchia. C’est un pays proche, qui compte plusieurs entreprises au Proche-Orient. Qui mieux qu’un Libanais qui parle l’arabe, l’italien, l’anglais et/ou le français pour intégrer ces sociétés ? » Échange interuniversitaire Dans le cadre de l’apprentissage de la langue italienne au Liban, l’ambassade d’Italie au Liban renforce le domaine des échanges et de la coopération interuniversitaire, appuyé d’une formation sur le terrain. « Nous avons signé un accord de jumelage entre l’Università per stranieri di Perugia (l’Université de Pérouse pour les étrangers), l’Université Saint-Joseph et la Chambre du commerce de Beyrouth, indique M. Checchia. Dans le cadre de cet accord, des jeunes Libanais suivront une formation dans des sociétés italiennes, l’objectif étant de les fidéliser et d’en faire, dès leur retour au pays, des antennes ou des contacts privilégiés pour nos compagnies qui ont des intérêts dans cette région du monde. » Et de rappeler que des coopérations interuniversitaires existent déjà entre le Politecnico de Milan et l’AUST dans le secteur du design, et avec les universités Bocconi et Sapienza, dans le domaine du droit humanitaire. « Je pense que bientôt nous assisterons à l’entrée en vigueur de l’accord culturel italo-libanais qui aura un protocole exécutif ciblé sur quelques secteurs de choix et qui sera accompagné par un paquet financier qui donnera encore un élan accru à cet échange interuniversitaire », annonce M. Checchia. Et de conclure : « Autant de raisons liées au marché du travail qui doivent pousser les jeunes Libanais à rester fidèles ou à découvrir la langue italienne. »
L’amitié séculaire qui lie le Liban à l’Italie, la cuisine, la culture et le patrimoine italiens, les multiples débouchés sur le marché du travail… Autant de raisons qui doivent pousser les Libanais à apprendre cette langue.
L’amitié qui lie le Liban à l’Italie n’est pas fortuite ni le fruit du soutien et de l’assistance que manifeste Rome pour le Liban depuis...