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Actualités - REPORTAGE

Reportage Le désert d’al-Odaim, un refuge des jihadistes d’el-Qaëda

À une soixantaine de kilomètres au nord de Bagdad, cette immense étendue de terre aride battue par des vents brûlants est un territoire stratégique. Le désert d’al-Odaim est l’un des derniers refuges des combattants d’el-Qaëda, aujourd’hui sur la défensive. À une soixantaine de kilomètres au nord de Bagdad, cette immense étendue de terre aride battue par des vents brûlants est un territoire stratégique pour el-Qaëda. Il relie les deux principales zones du jihad en Irak : la très dangereuse province de Diyala, à l’est, et le fief sunnite de Dhuluiyah, à l’ouest, avec en point de mire vers le nord les villes de Kirkouk et Mossoul. « Ils sont finis, terminés. Ceux qui n’ont pas été tués sont à la débandade. Les derniers errent, affamés et en haillons, dans le désert », proclame le chef de la police de Dhuluiyah, le colonel Mohammad Khaled Abdelhamid. Leurs partisans locaux, autrefois très nombreux, se terrent en attendant des jours meilleurs. « Ils sont devenus des voleurs de poules aux abois » qui hantent les profondeurs du désert, résume un autre officiel, Khalaf Turki. « Il reste celui-là », montre le colonel Abdelhamid sur son téléphone portable dernier cri. Keffieh posé sur la tête, un trentenaire au regard brûlant sourit sur la photo : Khaled Habib al-Joubouri, un Irakien originaire de Dhuluiyah, serait le dernier chef local d’el-Qaëda « encore en vie ». Une visite à al-Odaim se fait pourtant escortée d’une dizaine de véhicules Hummer, surmontés chacun d’une mitrailleuse lourde Douchka de 14,5 mm. L’endroit était, il y a encore deux mois, inaccessible. Les combattants d’el-Qaëda en avaient fait leur lieu de villégiature, un petit « califat » servant de base de repli et d’entraînement, où beaucoup de leurs infortunées victimes ont fini abandonnées aux charognards. Fin 2007, l’arrivée dans Dhuluiyah des milices Sahwas, ces ex-insurgés ralliés à l’armée américaine, a progressivement repoussé les jihadistes de la ville. Ceux-ci ont alors trouvé refuge dans les villages de la périphérie, aux portes du désert d’al-Odaim. De là, ils poursuivaient leurs attaques, envoyant leurs kamikazes au volant de voitures piégées se faire exploser sur les barrages des Sahwas. En août, à la faveur de l’amélioration générale de la sécurité dans Dhuluiyah, l’armée irakienne s’est déployée en masse dans ces villages, repoussant encore plus en profondeur dans le désert les combattants el-Qaëdistes. Depuis lors, el-Qaëda n’a plus mené aucune opération ou attentat d’envergure dans Dhuluiyah. Le long de la route d’asphalte défoncé qui mène de la bourgade agricole jusqu’aux premiers sables d’al-Odaim, les hameaux aux façades mitraillées renaissent à la vie. Des fermiers sont affairés dans les palmeraies. Des femmes coupent la broussaille dans des champs jusqu’alors laissés à l’abandon. Au détour d’un virage commence le désert. De la poussière, des mauvaises herbes et, le long de la piste, des amas de tôle calcinés – les restes de voitures piégées. Dans ce paysage de désolation, de rares familles bédouines vivent dans de misérables maisons de briques au milieu de leurs chèvres crasseuses. « J’ai vu passer les hommes d’el-Qaëda pour la dernière fois il y a deux mois », raconte Salah Saïf Iasem. « Nous, ils nous laissent en paix », ajoute le bédouin. Les jihadistes ont-ils été vraiment « anéantis », comme le prétendent les autorités ? « Je ne crois pas qu’ils soient partis très loin... » Hervé BAR (AFP)
À une soixantaine de kilomètres au nord de Bagdad, cette immense étendue de terre aride battue par des vents brûlants est un territoire stratégique.
Le désert d’al-Odaim est l’un des derniers refuges des combattants d’el-Qaëda, aujourd’hui sur la défensive. À une soixantaine de kilomètres au nord de Bagdad, cette immense étendue de terre aride battue par des vents...