« Incendies », ou la recherche de vérité de Wajdi Mouawad

La pièce Incendies du Libano-Québécois Wajdi Mouawad, présentée à Paris jusqu’au 2 novembre, débute comme une énigme policière, mais la recherche de la vérité devient vite un bouleversant texte épique dont les protagonistes sont confrontés au tourbillon de la guerre. Stanislas Nordey met en scène cette œuvre qui se veut d’abord « une réflexion autour de la question de l’origine », selon Wajdi Mouawad, dont l’écriture est ici particulièrement mise en valeur. Son spectacle, monté pour le TNB à Rennes en novembre 2007, est interprété en cet automne dans la grande salle du Théâtre national de la Colline à Paris. Dans un autoportrait, l’auteur se présente comme « libanais dans son enfance, français dans sa façon de penser et québécois dans son théâtre ». Né en 1968, il a quitté le Liban à 8 ans, est passé par Paris, puis à 16 ans a émigré avec sa famille au Québec où il a fait ses études de théâtre, avant de fonder deux compagnies et d’engager une « aventure théâtrale franco-québécoise » qui l’amènera à être en 2009 « artiste associé » au Festival d’Avignon. Incendies est le second volet d’une tétralogie qui a commencé avec l’écriture et la mise en scène de Littoral en 1997. Wajdi Mouawad a également mis en scène en 2003 Incendies avec des comédiens québécois. La pièce suit le destin d’une femme, Nawal, une victime de la guerre qui, pour retrouver son premier enfant disparu, est allée « au bout de l’absurde horreur de ces déchirements sans fin qui rythment l’histoire du monde », explique Stanislas Nordey, pour qui « le théâtre de Wajdi Mouawad est un théâtre de l’intime aux formes épiques ». Incendies est aussi une belle leçon de dignité de la part de cette femme qui contraint ses deux jeunes enfants à rechercher la vérité (aussi terrible soit-elle) de leur mère, laquelle leur a caché leur origine. Les lieux de l’action sont multiples. Le metteur en scène fait jouer la pièce sur le plateau nu, ce qui oblige à concentrer son attention sur le seul texte dit, face au public, par dix comédiens à l’engagement total.