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Actualités - OPINION

La raison du plus fort Dr Joseph MANTOURA

On l’a connue muette, depuis les incidents de Chiah on l’a voulue sourde et aveugle. Actuellement et à la suite de l’agression préméditée de l’Iqlim el-Touffah, on exige d’elle la paralysie. Des années durant, l’armée libanaise s’est essoufflée à ménager la chèvre et le chou. Pas une étape décisive de l’histoire libanaise qui n’ait imposé à cette institution étatique de courber l’échine et d’esquiver les coups durs sans jamais rendre la pareille. Nous n’avons connu qu’une « Grande Muette » au profil bas qui s’agençait au gré des rebondissements politiques, subissait stoïquement la loi du plus fort et s’acclimatait aux caprices des influences régionales. Nous l’avons connue plus politicienne que militaire, se faufilant dans les méandres des coulisses diplomatiques plus habilement que sur le champ de bataille. Elle s’affichait davantage dans les défilés militaires rutilants que dans la poussière des fronts guerriers et s’était prédestinée, avec le consentement de tous, dans le train-train de la bureaucratie étatique plutôt que dans le maniement de son arsenal militaire. Nous nous étions faits à l’idée de notre armée et, à défaut de nous sentir protégés par elle, nous nous efforcions de la protéger, même d’elle-même. Mais cette armée est la nôtre, constamment remodelée à notre image. Elle est notre alter ego, notre premier pilier d’un État de droit qui tarde à se profiler et nous refuserons toujours de la malmener. L’assassinat du pilote militaire et l’humiliation de son élève par des milices armées ont prouvé une fois de plus que la cohabitation État-milice est une chimère. Que notre agnosie ne réédite pas les péripéties du tristement célèbre Fatehland de Yasser Arafat, des escarmouches perpétrées par cet État parasite et des traditionnels comités conjoints de liaison ou d’enquête fantoches. Que notre amnésie ne nous laisse pas dériver à nouveau vers un nouveau bain de sang, une nouvelle guerre civile. Cette toute récente expérience saumâtre reste si profondément gravée, et au fer rouge, dans nos mémoires qu’il m’est encore très difficile de croire un seul instant que le Libanais pourrait réitérer, une fois de plus et de sitôt, cet écart inconcevable. La « Résistance islamique au Liban » n’a cure ni de vous ni de moi. Elle n’a en ligne de mire que sa doctrine importée d’un autre monde, d’une autre culture, d’un autre temps, et toute entrave sur son chemin sera traitée à la façon du 7 mai. Un officier pilote de l’armée de l’air vient d’être abattu, avec ou sans préméditation, sur le sol libanais et le sous-officier qui se trouvait à bord a été humilié par des bandes armées. Une véritable machine de guerre s’est mise en branle pour clouer au sol l’hélicoptère, séquestrer le survivant, isoler le lieu du crime et cuisiner le détenu. Et les médias de nous faire avaler des couleuvres pour occulter une agression trop millénariste : un simple névrosé, israélophobe invétéré, qui a omis sa dose de neuroleptiques la veille, aurait orchestré toute la manipulation. À croire qu’on lui accorderait des circonstances atténuantes pour cause de bouffées délirantes. Oui, il serait responsable mais non coupable, selon sayyed Hassan Nasrallah, qui, à son tour et comme tout un chacun, pratique en maître l’art de faire porter le chapeau à un quidam pour tirer son épingle du jeu. Voilà le beau bouclier qui protége nos politiques depuis la nuit des temps mais sape, du même coup, notre État de droit. Si d’aucuns affichent encore un soutien indéfectible aux milices même aux dépens des prérogatives de l’armée nationale, il nous incombera de nous porter en faux et de dénoncer les coupables comme tout peuple civilisé. Les élections législatives sont proches, votez la sanction, la sanction que la justice ne pourra prononcer. Article paru le jeudi 18 septembre 2008
On l’a connue muette, depuis les incidents de Chiah on l’a voulue sourde et aveugle. Actuellement et à la suite de l’agression préméditée de l’Iqlim el-Touffah, on exige d’elle la paralysie.
Des années durant, l’armée libanaise s’est essoufflée à ménager la chèvre et le chou. Pas une étape décisive de l’histoire libanaise qui n’ait imposé à cette...