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Un pays à vendre?? Pr Antoine COURBAN

« Ville à vendre et condamnée à périr si elle trouve un acheteur ! » SALLUSTE?: La Guerre de Jugurtha Ce sont les terribles paroles méprisantes que Jugurtha, roi de Numidie, adressa à la ville de Rome quand le Sénat romain l’expulsa en 111 avant J-C. Ce guerrier courageux, qui avait opposé une résistance farouche à l’expansionnisme romain, était également un habile stratège diplomatique. Venu à Rome pour défendre sa cause, il s’était assuré la complaisance de nombreux patriciens ainsi que de plusieurs membres de la classe sénatoriale en les comblant de son or et de ses trésors. Cependant, il finit par être expulsé car tout le monde n’était pas à vendre. Malheur donc à toute nation qui se trouve un acheteur. Mais mille fois malheur au peuple qui s’offrirait lui-même à la vente. Mille fois malheur au pays dont les habitants n’ont aucun respect envers leur propre dignité car, sans le respect de soi, l’allégeance à la patrie demeure un vulgaire opportunisme individuel. À des siècles de distance, les paroles lapidaires de Jugurtha trouvent un écho dans ce que déclarait récemment le chroniqueur Mohammad Salam?: «?Si, en 1990, Saddam Hussein avait trouvé 10 Koweïtiens qui auraient accepté de former un gouvernement, il est probable qu’il serait toujours au Koweït.?» Combien de citoyens libanais refuseraient-ils les honneurs et les titres que leur faciliterait l’étranger au nom de la fidélité à la patrie?? La question ici ne concerne pas le Hezbollah qui, par idéologie et conviction et non par opportunisme, annonce clairement son allégeance au-delà des frontières. La question concerne les Libanais dits «?chrétiens?» ou, précisons les choses, «?maronites?», ceux-là mêmes qui, depuis des lustres, pensent qu’il existe de «?vrais Libanais?», c’est-à-dire eux-mêmes, et des «?Libanais moins vrais?» quand ils ne sont pas carrément catalogués «?faux Libanais?». Ces mêmes citoyens, adorateurs du lignage, ne sont-ils pas prêts à vendre conscience, patrie, principes, pour un poste de «?moukhtar?» de village?? Résisteraient-ils à un tel appât si, par exemple, un dictateur étranger le leur offrait?? Combien d’entre nous diraient-ils non à l’étranger, par fidélité au seul Liban?? Qui aurait la dignité de refuser tel poste ou tel honneur, au nom de l’élémentaire allégeance exclusive à la patrie?? Où sont donc les 1 500 000 citoyens spontanément descendus dans les rues un certain 14 mars 2005?? Où est ce célèbre général qui, de 1988 à 2005, nous avait convaincus de son patriotisme, de son sens aigu de la démocratie, de son allégeance indéfectible aux principes de?: liberté, souveraineté, indépendance. On pouvait tout accepter de la part du général Aoun, le héros de la guerre de libération de 1988, sauf une seule chose?: la dégradation stupéfiante de l’esprit public que révèle sa récente attaque contre les libertés de la presse. Le citoyen Michel Aoun est libre de changer d’avis, de permuter ses alliances politiques tout comme il est absolument libre de changer de religion, voire de renier toute forme d’affiliation religieuse. Mais sa campagne contre L’Orient-Le Jour, à propos d’une affaire qui concerne son allié politique le Hezbollah, est inacceptable. Article paru le samedi 6 septembre 2008
« Ville à vendre et condamnée à périr si elle trouve un acheteur ! »
SALLUSTE?: La Guerre de Jugurtha

Ce sont les terribles paroles méprisantes que Jugurtha, roi de Numidie, adressa à la ville de Rome quand le Sénat romain l’expulsa en 111 avant J-C. Ce guerrier courageux, qui avait opposé une résistance farouche à l’expansionnisme romain, était également un...