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Actualités - OPINION

Le Liban face à la donne du «?nouveau Moyen-Orient?» Nay GHANEM

Le Moyen-Orient connaît trois conflits capitaux qui détermineront son devenir?; à savoir le conflit israélo-arabe, la guerre en Irak, la crise nucléaire iranienne. Et les dangers émanant du Moyen-Orient en ébullition sont divers (instabilité des régimes, programmes d’armement nucléaire, rêves hégémoniques, conflits régionaux armés, épurations fratricides…). C’est pourquoi la situation militaire en Irak, la diplomatie visant à canaliser le dossier nucléaire ainsi que l’impact de la guerre menée par Israël contre le Hezbollah constituent la pierre angulaire sur la base de laquelle le «?nouveau Moyen-Orient», qui occupe les grandes puissances régionales et internationales ainsi que les petites sphères d’influence, s’édifiera. Dès le début de la guerre ouverte, dans le contexte de la guerre contre le terrorisme et prenant en considération les opérations militaires en Afghanistan et en Irak, la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a dévoilé le 21 juillet le projet d’un «?Proche-Orient différent, d’un Proche-Orient nouveau?». Et les violons de la diplomatie américaine se sont accordés dans ce sens, sous-entendant une redoutable révision des accords Sykes-Picot, mettant en jeu frontières et régimes politiques dans la région. L’Iran et la Syrie ont dit leur mot à ce sujet en essayant d’exploiter la tournure que prend le conflit. À Téhéran, le président Ahmadinejad annonce le 15 août «?l’aube d’un nouveau Moyen-Orient, débarrassé de la domination britannique et américaine?». Il semble déterminé à contribuer à remettre en cause l’équilibre de la force qu’a instaurée la Seconde Guerre mondiale. Entre la crise du nucléaire et le tribunal international sur l’assassinat du Premier ministre Hariri, le tandem Ahmadinejad-Assad joue jusqu’au bout la dernière carte pour marquer sa vision spécifique du Moyen-Orient. Avec la métamorphose d’Israël en puissance régionale, l’Union européenne réalise que si elle compte avoir une place sur l’échiquier politique international, elle devra d’abord impressionner militairement. En essayant de s’imposer en tant que force de stabilisation, par l’envoi de près de 8?000 soldats au Liban, elle accepte un défi colossal. Cette décision, qui est beaucoup plus significative que fondamentale, reflète une conscience européenne commune de ses intérêts économiques et énergétiques, intérêts vitaux et stratégiques, mais aussi une crainte quant à ses intérêts sécuritaires. Mais cette vieille Europe semble divisée sur le rôle qu’elle devra jouer, ainsi que sur le moyen à adopter. Et le fossé entre les pays membres semble s’élargir, malgré le souci des chefs diplomatiques de synchroniser les positions officielles. La Russie, elle, se distingue par ses décisions, son raisonnement et ses tactiques pour essayer de récupérer le rôle que la guerre froide a ôté à l’URSS. La Turquie veut inlassablement jouer sa carte dans le conflit et dans les négociations ; alors que les pays arabes ont d’autres comptes, beaucoup plus liés à leurs politiques internes, qu’ils prennent en considération lorsqu’il s’agit de négocier. La résolution 1701 est une sorte de conciliation qui instaura un cessez-le-feu, une solution temporaire qui institutionnalise un nouveau statu quo de «?ni paix ni guerre?», qui reste, en dépit de tout, très éloignée d’une solution instaurant une paix juste et durable. Les causes apparentes et sous-jacentes qui menèrent vers la guerre ouverte existent toujours?; les demandes officielles des belligérants n’ont toujours obtenu aucune suite. Le Premier ministre Siniora répète que «?le Liban sera le dernier pays à signer un traité de paix avec Israël?». La résolution onusienne 1701 fait référence à l’accord d’armistice du 23 mars 1949, mais le gouvernement libanais ne peut admettre que, pour respecter l’accord et le faire durer, il faille négocier avec l’ennemi, sous l’égide de l’ONU. Le Liban, pays multiculturel par excellence, devra traiter avec toutes ces donnes. Les yeux sont braqués sur sa scène interne. Une scène interne divisée à cause de la diversité du tissu social libanais et du pluralisme. Pour que la guerre de juillet soit vraiment «?la der des ders?», il faudrait que les Libanais oublient le «?folklore?» lorsqu’il s’agit de traiter de la chose publique, qu’ils se mettent sérieusement au travail pour édifier leur devenir dans ce Moyen-Orient en constante ébullition. Article paru le samedi 6 septembre 2008
Le Moyen-Orient connaît trois conflits capitaux qui détermineront son devenir?; à savoir le conflit israélo-arabe, la guerre en Irak, la crise nucléaire iranienne. Et les dangers émanant du Moyen-Orient en ébullition sont divers (instabilité des régimes, programmes d’armement nucléaire, rêves hégémoniques, conflits régionaux armés, épurations fratricides…). C’est...