Face aux arrivées croissantes de migrants arrivant clandestinement au Royaume-Uni en traversant la Manche, le chef du parti travailliste Keir Starmer a promis vendredi de déployer des moyens inspirés de la lutte antiterroriste s'il arrive au pouvoir. Alors que le nombre de ces périlleuses traversées est nettement reparti à la hausse depuis le début de l'année (9.000 personnes), le sujet s'annonce comme l'un des thèmes majeurs de la campagne pour les élections attendues au second semestre.
Depuis le Kent (sud-est de l'Angleterre), région où débarquent les migrants, Keir Starmer a confirmé qu'il abandonnerait le projet du gouvernement d'expulser des migrants vers le Rwanda, qu'il juge coûteux et inefficace. "Une mesure qui verra simplement quelques centaines de personnes expulsées par an", "juste 1% de ceux qui traversent" la Manche sur de petits bateaux "pour 600 millions de livres" (près de 700 millions d'euros), "ce n'est ni une dissuasion efficace ni un bon usage de votre argent", a-t-il lancé depuis le port de Douvres, dont la députée locale, Natalie Elphicke, a quitté mercredi les conservateurs pour rejoindre le Labour.
Grand favori des sondages pour entrer à Downing Street, mais accusé de faiblesse par les conservateurs au pouvoir sur les questions migratoires, Keir Starmer a adopté une posture de fermeté, et invoqué son expérience d'ancien chef du parquet britannique. Parmi les mesures promises par le dirigeant travailliste, la création d'un "commandement d'élite chargé de la sécurité des frontières", une augmentation des contrôles à la frontière autorisés en vertu de la législation antiterroriste, ainsi que de nouveau pouvoirs en matière d'enquête financière pour traquer les réseaux et la criminalité organisé.
Ce faisant, il entend "remplacer les gadgets par un vrai travail", et a tourné en ridicule les projets prêtés au gouvernement conservateur au fil du temps : jet-skis pour repousser les bateaux, mais aussi "murs flottants", "machines à vagues", "la liste est sans fin".
"Territoire hostile"
Le chef du parti travailliste a promis de "rebâtir" le système britannique d'asile et de sécuriser les frontières, et plaidé pour davantage de coopération internationale et un "nouveau partenariat" avec l'organisme européen Europol. Les côtes britanniques "deviendront un territoire hostile pour vous", a-t-il lancé à destination des passeurs. "Nous vous trouverons, nous vous arrêterons, nous protègerons vos victimes."
Le Labour s'engagera aussi à embaucher des centaines de nouveaux enquêteurs spécialisés pour lutter contre les passeurs au Royaume-Uni et en Europe. "La question est désormais de savoir si on peut donner la priorité, à tout moment, à la politique des solutions pratiques et rejeter la politique des symboles performatifs, des gadgets et de la gestuelle", a affirmé Keir Starmer. Se refusant à quantifier ses objectifs, Keir Starmer a souligné la nécessité de "faire baisser ces chiffres drastiquement", "personne ne devrait faire ce périlleux voyage".
Face aux projets des travaillistes, le ministre de l'Intérieur James Cleverly a raillé les "grandes idées du Labour" qui en abandonnant le plan Rwanda consistent à renoncer à toute dissuasion et offrir une "amnistie" aux arrivées de petites embarcations. Sur le réseaux social X, le patron du "Home Office" a raillé le nouveau commandement promis par Keir Starmer comme revenant simplement à mettre un nouveau nom à celui mis en place par les conservateurs et dirigé par un officier de l'armée.
Pour tenter de décourager les migrants, le gouvernement conservateur a rendu irrecevable toute demande d'asile faite après une arrivée irrégulière sur le territoire, et a fait voter le mois dernier son projet controversé d'expulser des migrants, d'où qu'ils viennent, vers le Rwanda, deux ans après l'annonce initiale du projet.
Le Premier ministre Rishi Sunak avait annoncé au moment de l'adoption de ce texte vouloir débuter les vols en juillet, mais les premières expulsions pourraient avoir lieu dès la dernière semaine de juin, selon un document légal cité par le Times vendredi.
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