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Actualités - OPINION

Ce que parler veut dire Jean ISSA

Amuse-gueule en entrée. Deux Jules pour le prix (César) d’un. Dassin pris Dassault sur l’Olivier (de Jeïta). Un mâtin, par un temps de chiot assyrien, assis à ne rien bidouiller, Jules Renard susurre susucre à Jules Romains : – Rends-toi compte : quand je double un mot, je peux lui faire dire tout le contraire de ce qu’il signifie. Par exemple quand je virgule, en condoléances, un pas gentil-gentil je suis désolé d’être désolé… Mais, le plus souvent, la répétition double positivement l’émotion : je suis ravi d’être ravi, sans être kidnappé. Parfois, enfin, la redite est signe de différence, de déférence, de distinction et de classe, comme lorsque maître Michelet nous assène, et nous enseigne, qu’il y a histoire et histoire. – Et c’est à ces billevesées, ricane l’auditeur, que tu occupes ton temps ? – Non, c’est à ces belles visées, c’est à ça, oui, que le temps m’occupe ! Et m’envahit, et m’habite, comme fredonnait jadis, dans une salle de garde de carabins, certain père Dupanloup incertain. Part Two, The Serious One Mais assez rêvasser, assez bavasser. Abrégeons et abrogeons le jeu. De mots ? Non, ce serait trahir trop de mémoires d’outre-tombe, de Freud à Devos en passant par Desproges, Sartre, Barthes et tutti quanti. Le jeu sur les mots. Et sur leur portée (balistique) qui peut être fatale. Quand, par exemple de Sojoud, on occulte, on travestit, on paraventise le désarmement en le rebaptisant stratégie de défense. Piètre tactique de lexique que seul valorise l’impardonnable laxisme de la communauté internationale, qui ferme les yeux sur l’éviction de la 1559 et de la 1701. Et la faiblesse organique des Libanais de l’innocence souveraine. Qui réfutent, sans doute, la sécurité à l’amiable, mais n’ont pas la force, de retoquer, dans la même logique d’État de droit, la politique à l’amiable. Absolument condamnable, comme ne cessent de le répéter des politologues avertis tel le professeur Messarra, quand les fondements de la patrie sont en cause. Et en jeu, de roulette russe, dirait sans doute le voyageur Assad. Contre-sens Pire même, ces justes se laissent ligoter, berner, par une contre-logique de dépolitique forcée ! En convenant, par exemple, que le tribunal international, bête noire de Damas, appelé à juger une abomination qui n’est rien que politique, ne doit en rien s’occuper de politique. Ou, tout récemment, en laissant certain front soutenir, sans aucunement lui répondre, que l’assassinat du capitaine Samer Hanna doit « être replacé dans son cadre naturel (sic !) afin de n’être pas exploité politiquement ». Comme s’il s’agissait d’un crime passionnel, sans lien avec le dossier (artistique ?) du désarmement. De même, pas de commentaires loyalistes notables sur les assertions outrageuses et outrageantes selon lesquelles le 14 Mars « développe des surenchères électorales à partir de la mort du lieutenant (re-sic) Hanna. » Encore mieux, et c’en est à voir ses cheveux se dresser sur sa tête, c’est que cette offense, proférée par un allié du Hezb, se conclut par cette admonestation inversée : « L’armée doit pouvoir exécuter sa mission sur l’ensemble du territoire. Toute entente est liée au renforcement de l’État. » Oui, mais lequel ? Hail to the Chief Pour conclure, un mot (on y revient) sur Sarkozy. Débarquant à Damas, il proclame que « la paix au Moyen-Orient passe par la France et par la Syrie ». On peut en sourire un peu : et Israël, et les Palestiniens, et le Hezbollah armé jusqu’aux dents, et les Américains, ça compte pour du beurre ? Mais va bene : le président français se soucie sûrement, et sincèrement, du Liban. Un peu moins sans doute, et c’est son devoir, que du développement de l’influence de son pays dans la région. C’est ce qui explique le mieux sa candide ouverture sur Assad. Une approche oublieuse des déconvenues du récent passé kouchnérien. Ou de la moitié des années quatre-vingt-dix, quand le président Chirac et même le grand Jean-Paul II venaient jusque chez nous prier de plier. Bagages ? Non, mais devant le Syrien, et c’est tout comme, l’exode des jeunes et des professionnels en atteste encore. Enfin, inventeur heureux de ce trésor qu’est l’Union pour la mare nostrum, le président Sarkozy oublie également que Bécaud chantait : « Et pendant ce temps-là, la Méditerranée, qui se trouve à deux pas, joue avec les galets. » Une chanson qui s’appelait La Corrida, et c’est tout dire.
Amuse-gueule en entrée. Deux Jules pour le prix (César) d’un. Dassin pris Dassault sur l’Olivier (de Jeïta). Un mâtin, par un temps de chiot assyrien, assis à ne rien bidouiller, Jules Renard susurre susucre à Jules Romains :
– Rends-toi compte : quand je double un mot, je peux lui faire dire tout le contraire de ce qu’il signifie. Par exemple quand je virgule, en...