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Actualités - OPINION

Feuille de route Culture des droits de l’homme, mensonges et procrastination Michel HAJJI GEORGIOU

«Les droits de l’homme sont, pour toutes les démocraties du monde, à la fois un point de départ et un horizon qui se déploie toujours devant eux. La France ne fait pas exception (...). « Je veux être le président d’une France qui se sente solidaire de tous les proscrits, de tous les enfants qui souffrent, de toutes les femmes martyrisées, de tous ceux qui sont menacés de mort par les dictatures et par les fanatismes. Le Darfour est un scandale inacceptable, la Tchétchénie une horreur, les infirmières bulgares en Lybie, une barbarie, Ingrid Betancourt dans la jungle colombienne une tragédie. Président de la République, je ne me tairai pas devant ces insultes aux droits de l’homme. « Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l’homme au nom de nos intérêts économiques. Je défendrai les droits de l’homme partout où ils sont méconnus ou menacés et je les mettrai au service de la défense des droits des femmes. » Nicolas Sarkozy (mars 2007) Qu’il est dur d’être le porte-étendard d’une culture qui s’est assigné, de par son essence et sa nature mêmes, la responsabilité de toujours transcender ses frontières et de promouvoir les droits de l’homme et les libertés partout dans le monde ! Mais qu’il est beau de défendre sans cesse l’universel, d’y aspirer continuellement, de rêver d’absolu et d’y œuvrer assidûment ! Sans cesse rêver d’absolu : n’est-ce pas là d’ailleurs le propre des grandes nations ? Il ne faut pas se tromper, la France ne pourra jamais se départir de cette vocation internationale éternelle qui lui colle à la peau, quand bien même toutes les forces du monde voudraient, au nom du réalisme géopolitique et de la logique de la puissance, l’ôter de son piédestal. La France ne saurait se retrouver bloquée dans l’étroitesse – quoique magnifique – de l’Hexagone, quand elle a devant elle tout un monde, toute une tradition, tout un patrimoine d’idées et de valeurs à défendre, à préserver, à revendiquer. Nicolas Sarkozy est conscient que cette France-là est bien vivante. Son premier discours en tant que président, au QG de l’UMP, quelques minutes après l’annonce des résultats, exprimait à merveille cette aspiration à perpétuer la vocation d’une France universaliste, forte dans ses convictions et dans sa présence sur le front des libertés et des droits de l’homme. Conséquemment, le chef de l’État français a réussi, à travers le monde, des missions qui passaient pour impossibles : la libération des infirmières bulgares en Libye ou celle d’Ingrid Betancourt. Nicolas Sarkozy se rend aujourd’hui en des contrées où la culture des droits de l’homme n’a jamais trouvé le moindre terrain de prédilection, où René Cassin est un inconnu, où Charles Malek a été tant de fois conspué dans le passé. Inutile de s’étendre sur un chapitre que Paris, comme du reste l’ensemble de la planète, connaît parfaitement bien. Selon des informations transmises par Human Rights Watch, le président français devrait évoquer aujourd’hui le registre des droits de l’homme avec son homologue syrien, notamment le cas de ces dizaines de démocrates syriens, comme Michel Kilo, Mahmoud Issa ou Anwar el-Bounni, qui croupissent en prison, avec l’habituel simulacre de procès à la clef, pour avoir osé penser autrement, pour avoir commis ce crime abominable qu’est la liberté d’opinion et d’expression. Fort bien. Il faut souhaiter qu’au sommet de la pyramide syrienne, on saura lui donner autre chose que de creuses promesses. Ce sera, pour le régime, rompre avec rien moins qu’une tradition ancestrale de mensonges et d’(hypocrite) procrastination. Tout comme il pourrait ramener (avec lui) à la lumière, après les infirmières libyennes et Ingrid Betancourt, ces détenus politiques libanais dont Damas ne cesse de nier l’existence. Nicolas Sarkozy est probablement le seul à pouvoir arriver à des résultats, la classe politique libanaise étant tellement empêtrée dans ses contradictions qu’elle semble totalement incapable de revendiquer correctement, et avec toute la puissance et l’autorité requises, ses droits élémentaires. Car c’est bien des actes, par-delà les promesses, qu’il faudra enfin pousser le régime syrien à entreprendre, ne serait-ce que dans le domaine des droits de l’homme et des libertés publiques. Nicolas Sarkozy pourrait réussir ici là où tous, sans exception, ont échoué avant lui. Et devenir, par la même occasion, rien moins qu’un véritable brave, un deus ex-machina, un héros providentiel qui viendrait enfin soulager les souffrances de ces parents condamnés à attendre depuis des dizaines d’années, espérance oblige, leurs enfants perdus dans les limbes.
«Les droits de l’homme sont, pour toutes les démocraties du monde, à la fois un point de départ et un horizon qui se déploie toujours devant eux. La France ne fait pas exception (...).
« Je veux être le président d’une France qui se sente solidaire de tous les proscrits, de tous les enfants qui souffrent, de toutes les femmes martyrisées, de tous ceux qui sont menacés de...