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Dans l’attente de l’homme providentiel Yvonne SURSOCK COCHRANE

Je ne peux que souscrire aux arguments de M. Louis Ingea publiés dans L’Orient-Le Jour du vendredi 22 août. J’ajoute cependant une remarque : les Libanais au Liban se contentent de recourir à la « chatara » pour arriver à leurs buts, qui sont en général contraires à la dignité d’une société théoriquement désirable, alors qu’à l’étranger où la « chatara » n’est pas de mise, ces mêmes Libanais sont contraints d’avoir recours à leur matière grise, et souvent avec un succès mérité. Nous sommes en outre confrontés dans ce pays à une léthargie intellectuelle tant au niveau de la population, tant en ce qui concerne les modifications administratives quelque peu sophistiquées, qu’au niveau des responsables de l’évolution de ce pays. Ainsi, toutes nos municipalités sans exception sont embryonnaires. Voilà des années que je propose aux responsables beyrouthins un organigramme très succinct d’une structure municipale basée sur les rapports et l’interdépendance des différentes disciplines qui contribuent aux destinées urbaines des villes quelles qu’elles soient. Il semble que personne ne daigne y jeter même un regard furtif. J’avais donné il y a quelques années une conférence à Tripoli sur le sujet, suivie avec la même indifférence. Or les services d’urbanisme et les municipalités dignes de ce nom sont les deux faces d’une même médaille. Enfin, M. Ingea souhaite l’avènement d’un personnage providentiel. Je pense que nous le souhaitons tous. Mais il est hautement improbable que pareil personnage puisse émerger d’un suffrage universel où l’on demande à une foule anonyme d’élire des candidats dont ils ne savent rien, à part des promesses. Le suffrage universel s’apparente à la roulette où la bille peut s’arrêter par l’effet du hasard sur le bon numéro. Ce fut le cas en Angleterre avec Mme Thatcher qui seule avait l’étoffe d’un chef d’État. Quel est dans l’Union européenne le représentant de son pays qui a assez de personnalité pour s’opposer aux diktats des USA ? C’est donc par l’intermédiaire des démocraties que l’Amérique gouverne le monde alors qu’elle est elle-même une ploutocratie. Il aura, paraît-il, coûté aux USA trois milliards de dollars pour porter au pouvoir George W. Bush, avec les conséquences que l’on connaît. D’ailleurs, la propagande et les organisations des droits de l’homme auraient vite fait de qualifier ce personnage providentiel de dictateur et de tyran. Hélas, nous sommes tous soumis, au Liban et ailleurs, à une idéologie sociale et politique qu’il est interdit de remettre en question et à une opinion publique politiquement correcte qui paralyse toute action qui ne serait pas conforme à ses diktats. Le monde est d’ailleurs dans une impasse, avec quelques exceptions. Cependant, si le Libanais abandonnait ses absurdes prétentions – « Liban partout, Liban message, Liban de la culture, Liban pays de tourisme… » –, il pourrait peut-être remonter la pente et, écartant les dynasties politiciennes qui nous écrasent depuis la fin de la guerre de 1914-1918, trouver une formule conforme à notre histoire et à nos mœurs, formule basée sur le potentiel culturel dérivé de l’apport de toutes les composantes de ce pays. Oui, c’est bien le personnage providentiel qu’il nous faut. Sa venue tiendrait du miracle et c’est par un acte de foi collectif que ce miracle pourra s’accomplir. Article paru le mercredi 3 septembre 2008
Je ne peux que souscrire aux arguments de M. Louis Ingea publiés dans L’Orient-Le Jour du vendredi 22 août. J’ajoute cependant une remarque : les Libanais au Liban se contentent de recourir à la « chatara » pour arriver à leurs buts, qui sont en général contraires à la dignité d’une société théoriquement désirable, alors qu’à l’étranger où la...