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Irak Les miliciens de l’Armée du mahdi veulent combattre, pas faire du « social »

«Moqtada Sadr a ordonné à l’Armée du mahdi d’arrêter les combats, dit Mohammad Moussa qui vient de rejoindre la puissante milice du leader radical chiite irakien. Mais je préfère résister par les armes, c’est la seule chose que je suis capable de faire. » Cet Irakien de 18 ans vient de prêter serment de fidélité à Moqtada Sadr, bête noire des Américains, et à l’Armée du mahdi, en signant de son sang un formulaire d’engagement. Lui, et des centaines d’autres, s’agglutinent en ce jour de prière devant des tables posées sur des tréteaux, sous une grande tente, au cœur de Sadr City, le fief des sadristes à Bagdad. Depuis quinze jours, et jusqu’à la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, fin septembre, l’Armée du mahdi recrute. Des chiites, en majorité des jeunes, se pressent pour faire allégeance. Des enfants, parfois d’une dizaine d’années seulement, sont également acceptés. Des membres du bureau politique du mouvement sadriste distribuent le formulaire, piquent avec un scalpel le pouce des recrues qui apposent ensuite une goutte de leur sang au bas du document. « Je serai fidèle à Moqtada Sadr, à l’Armée du mahdi, au dernier imam (le « mahdi », le guide, celui qui doit revenir tel le messie). Je veux sacrifier mon âme, ma famille à Sadr, je veux résister à l’occupant », lance, les yeux brillants, Habib Adnane, un ouvrier de 22 ans. Ali Abdel Sada, un lycéen de 19 ans, veut combattre dans les rangs de l’Armée du mahdi depuis la mort de sa mère dans un attentat visant une patrouille de police mais qui l’a fauchée elle, et neuf autres civils, alors qu’ils circulaient dans un bus à Bagdad. « Tous les hommes de ma famille ont signé pour se battre, y compris mon père. Si ma mère était vivante, elle aurait aussi signé », dit-il. Quand on lui demande s’il sait se battre, Ali arbore un grand sourire. « Quel Irakien ne sait pas se servir d’une arme ? » Cette volonté des jeunes sadristes d’en découdre avec l’« occupant » américain ne se dément pas malgré l’appel jeudi de Moqtada Sadr à cesser « pour une période illimitée » les opérations contre la coalition internationale dirigée par les États-Unis et l’armée irakienne. Et elle se télescope avec la nouvelle stratégie de Moqtada Sadr de faire de son mouvement une organisation plus « sociale » que militaire. L’objectif annoncé est en effet de démilitariser une « armée » de 60 000 hommes en créant une unité « spéciale » chargée de combattre l’« occupant » américain exclusivement, alors que le gros des miliciens devraient désormais jouer un rôle social au sein de la population. Créée en 2003, l’Armée du mahdi est toujours considérée comme la plus puissante des milices chiites. En 2004, de violents combats avaient opposé les miliciens aux troupes américaines dans la ville sainte de Najaf. Défaits, les combattants chiites avaient établi leur réputation d’hommes prêts à tous les sacrifices. Et la majorité des jeunes recrues a toujours envie de se battre. « Je peux faire les deux, les armes ou le social », dit Ali en reconnaissant ne pas très bien savoir quel rôle « social » il peut jouer. « Moqtada choisira », ajoute-t-il à l’unisson de tous les jeunes interrogés. Falah Hassan Chanchal, un député sadriste, se montre assez flou sur la rénovation de l’Armée du mahdi. « La philosophie de Moqtada Sadr, comme celle de son père Mohammad, a toujours été de servir la société, de bâtir une société. » « Nous allons organiser des cours d’alphabétisation, apprendre à lire aux jeunes », ajoute-t-il sans pouvoir préciser d’autres exemples de la nouvelle mission que va remplir le mouvement. Et interrogé sur la difficulté à mettre en place cette stratégie avec des jeunes qui pensent avant tout à lutter par les armes, le député louvoie. « C’est très bien somme toute que les jeunes veuillent résister, refuser la soumission. »
«Moqtada Sadr a ordonné à l’Armée du mahdi d’arrêter les combats, dit Mohammad Moussa qui vient de rejoindre la puissante milice du leader radical chiite irakien. Mais je préfère résister par les armes, c’est la seule chose que je suis capable de faire. » Cet Irakien de 18 ans vient de prêter serment de fidélité à Moqtada Sadr, bête noire des Américains, et à...