FESTIVAL DU RIRE Hammana a accueilli Smaïn en week-end Quand le rire efface toutes les peines

Dans le cadre du Festival du rire, produit par Urban Art et organisé en collaboration avec la municipalité de Hammana, l’humoriste français Smaïn a présenté son spectacle à l’École secondaire de la ville. Une heure trente de rire franc permettant ainsi à la localité de renouer avec ses anciennes habitudes estivales, à savoir?: une ambiance de fête gaie, teintée de légèreté. Ce soir-là, à Hammana, la fête bat son plein avec ses musiques, ses flonflons et son tintamarre joyeux.?Artistes et exposants, clowns et jongleurs, jeunes gens se tenant par la main et s’essayant aux pas de dabké sous l’œil attendri des aînés qui sourient. Tous ont mis leurs soucis de côté pour participer à cette grande manifestation estivale du village. Des petites tentes dressées s’échappent des arômes de tous genres?: crêpes sucrées, «?manakich?», barbe à papa ou autres spécialités locales titillent les narines. Hammana baigne dans une douceur de vivre qui avait, au fil des années, abandonné cette région du Metn. Aujourd’hui, à l’initiative de la municipalité, la localité vibre et palpite. Les cafés-trottoirs enguirlandés scintillent de mille feux et les habitants ont mis des «?rires à leurs fenêtres?». Quittant le festival annuel et sa fanfare, les visiteurs se dirigeront par la suite vers les navettes mises à leur disposition pour les emmener un peu plus loin, vers un festival d’un autre genre qui a ouvert nouvellement ses portes. De l’ordre et de la précision sont à signaler au crédit des organisateurs, qui se sont dits fiers et satisfaits de ce «?baptême?». C’est à l’École secondaire, haut perchée dans le village de Hammana, que l’humoriste Smaïn se produisait. Une fraîcheur enveloppait la cour de l’école où avait été installée la scène. Et là, durant plus d’une heure, le comédien allait présenter un florilège de ses plus récents sketches. Un festival prometteur Pas de propos politiques, mais simplement des tableaux inspirés de la société française et de ses coutumes. Qui s’enchaînaient sans arrêt. Du sujet de l’adoption au statut parental, en passant par le mariage, l’artiste qui, depuis vingt ans, revêt plusieurs casquettes (producteur, acteur et humoriste), saute en toute aisance dans le sofa d’un «?psy?» à qui il confie ses angoisses. Prenant une personne du public, le comique s’amuse à faire participer la salle à ses cocasseries. Ce qui crée une ambiance amicale et joviale. Épinglant le racisme, fustigeant le dédain pour les minorités, Smaïn se moque néanmoins de l’Arabe, «?je suis un franarabe?», dit-il, et joue l’autodérision dans le sketch Hassan Tours. Un circuit organisé autour du monde du rire dans lequel le comédien, devenu à l’occasion guide, emmène son audience. Il n’a pas peur des mots le Maghrébin.?«?La France est le seul pays arabe à ne pas être en guerre?», dira-t-il. Un SMS de Carla Bruni, un petit portrait de Sarkozy et voilà que, sous le bruit des pétards qui ponctuent parfois son spectacle, l’artiste improvise et s’adapte en créant des situations nouvelles. Enfin, après s’être institué lui-même président, Smaïn adresse un discours à la salle qui rit aux éclats. Lequel discours sera suivi immédiatement par un autre message d’amour?: «?Riez, riez peuple libanais, riez de vous-mêmes, parlez-vous, communiquez . Vous êtes un peuple courageux. Gardez la tête haute.?» Un message qui sera perçu par le public rassemblé à Hammana en cette nuit, qui semblait soudainement très claire. En sortant, les spectateurs étaient unanimes?: que cette soirée, et plus précisément ce festival qui vient de naître et de s’ajouter à ses aînés, se renouvelle annuellement. Colette KHALAF