Rechercher
Rechercher

Actualités

Sleiman rencontre Assad à trois reprises et évoque avec lui « tous les dossiers », y compris celui des détenus libanais en Syrie Sous le parrainage de Paris et de Doha, Beyrouth et Damas décident d’établir des relations diplomatiques

Le sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) a été l’occasion pour Paris de normaliser ses relations avec Damas et de mener une valse diplomatique qui a débouché sur l’annonce de l’établissement de relations diplomatiques entre le Liban et la Syrie. Une première dans l’histoire des deux pays depuis leur indépendance il y a soixante ans de cela. La rencontre entre les 43 présidents des pays fondateurs de l’organisation a également marqué la reprise des contacts officiels entre Beyrouth et Damas, interrompus depuis le départ d’Émile Lahoud. Les chefs d’État libanais et syrien, Michel Sleiman et Bachar el-Assad, se sont ainsi rencontrés deux fois à huis clos, « évoquant tous les dossiers intéressant les deux pays », comme l’a indiqué une source informée à L’Orient-Le Jour. Les deux dirigeants ont ainsi planché, entre autres, sur la visite prochaine du chef de l’État à Damas, sur le dossier des détenus libanais en Syrie, sur le processus de paix. « Aucun dirigeant libanais n’a jamais été aussi direct, franc et ferme avec un responsable syrien que ne l’a été Michel Sleiman », ont ajouté les sources précitées. Au terme d’un marathon diplomatique minutieusement réglé, le président français Nicolas Sarkozy a lui-même annoncé, samedi, que la Syrie et le Liban avaient décidé l’ouverture croisée d’ambassades, plus de soixante ans après leur indépendance. Nicolas Sarkozy s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec le président Michel Sleiman, son homologue syrien Bachar el-Assad et l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa. Les quatre chefs d’État avaient tenu auparavant un sommet quadripartite, après que Nicolas Sarkozy eut reçu séparément Michel Sleiman et Bachar el-Assad. « Je voudrais dire combien pour la France c’est un progrès historique que la volonté du président Bachar el-Assad d’ouvrir une représentation diplomatique au Liban et que le Liban ouvre une représentation diplomatique en Syrie », a déclaré Nicolas Sarkozy. « Naturellement, il y a un certain nombre de questions juridiques qui doivent être réglées (...) et qui expliquent quelque délai sur le chemin de cette réalisation, a-t-il précisé. Vous comprendrez que, pour nous, Bernard Kouchner et moi, cette annonce, cette confirmation, cette volonté est absolument historique. Ça peut paraître curieux que ce soit moi qui le dise ? Mais nous nous sommes mis d’accord pour que ce soit présenté ainsi », a insisté le président français. Les présidents syrien et libanais ont confirmé la nouvelle. « Notre position est qu’il n’existe aucun problème pour l’ouverture d’ambassades entre la Syrie et le Liban (...) Nous examinerons cette question dans un avenir très proche. Tout ce qui a été réalisé jusqu’à présent est un grand exploit qui n’est toutefois pas suffisant. Il faudrait poursuivre les efforts pour tourner la page du passé douloureux », a affirmé Bachar el-Assad. Michel Sleiman a quant à lui assuré que Damas et Beyrouth allaient « se concerter pour mettre cet accord en œuvre le plus tôt possible ». « Nous souhaitons également régler le dossier du tracé et du contrôle de nos frontières communes », a-t-il souligné. La première annonce de la décision des deux pays de nouer des relations diplomatiques a été faite par le président français, à l’issue d’une rencontre au palais de l’Élysée avec son homologue syrien Bachar el-Assad et le président libanais Michel Sleiman. Un communiqué franco-syrien a ainsi fait part de « la forte détermination » du chef de l’État syrien à « établir des relations diplomatiques avec le Liban », selon un communiqué franco-syrien publié à l’issue d’une rencontre entre les deux dirigeants. Au cours de cet entretien, « le président français s’est félicité de la forte détermination du président syrien à établir des relations diplomatiques avec le Liban, après la formation d’un gouvernement d’union nationale libanais », a ajouté le texte. Le sommet Sleiman-Sarkozy Michel Sleiman était arrivé à Paris samedi, en milieu de journée. Il s’était ensuite rendu à l’hôtel Ritz où il passe son séjour en France, avant d’être reçu par son homologue français à l’Élysée. Lors de la rencontre, Nicolas Sarkozy a assuré Michel Sleiman du « plein soutien de la France au Liban », selon un communiqué publié par la présidence de la République. Pour sa part, le chef de l’État a indiqué à son hôte que son but, après la formation du gouvernement d’union nationale, est de consolider la réconciliation politique, à travers le dialogue qui est en cours de préparation. Lors d’un entretien avec la presse à l’issue de la rencontre, Michel Sleiman a souligné que la déclaration ministérielle du nouveau gouvernement « sera fondée sur (son) discours d’investiture, sur l’accord de Doha et sur l’initiative de la Ligue arabe ». « Je pense que ce dossier sera plus facile à régler que la formation du gouvernement », a-t-il ajouté. « Vous ne devez pas parler de normalisation des relations avec la Syrie parce qu’elles sont tout à fait normales (...) Les relations entre nos deux pays sont au mieux », a-t-il poursuivi. « Une visite en Syrie est toujours à l’ordre du jour (...) Nous sommes en contact permanent », a déclaré le chef de l’État. Le président de la République a également rencontré le « numéro 1 » égyptien Hosni Moubarak avant de se joindre au sommet quadripartite qui l’a réuni à Nicolas Sarkozy, Hamad ben Khalifa et Bachar el-Assad. Les présidents libanais et syrien ont quitté l’Élysée ensemble pour tenir un huis clos d’une quarantaine de minutes à l’hôtel Ritz. Bachar el-Assad a affirmé devant les journalistes, à l’issue de la rencontre, que la Syrie « se montrera compréhensive face aux erreurs commises par certains Libanais ». « Une nouvelle page est en train de s’ouvrir et nos portes restent ouvertes à tous les Libanais », a-t-il ajouté. La rencontre avec les expatriés Samedi en soirée, Michel Sleiman avait pris part à une réception organisée en son honneur par l’ambassadeur du Liban à Paris, Boutros Assaker, en présence de nombreux représentants de la communauté libanaise en France et du secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa. Devant le public, le président a mis l’accent sur l’importance de la représentation de toutes les parties au sein du nouveau gouvernement « qui compte dans ses rangs de nombreux talents ». « Il ne faudrait pas transformer le gouvernement en arène de bataille, mais il faudrait nous rallier autour de nos points de vue pour que le pays puisse aller de l’avant. Et nous œuvrons pour interdire le cumul des fonctions de ministre et de député. Nous devons également porter une attention particulière à la réforme constitutionnelle afin d’éviter les conflits de jurisprudence à chaque échéance électorale », a-t-il lancé. « Le Liban indépendant et souverain est le meilleur ami de la Syrie dans le monde, a-t-il en outre estimé. Je ne promets pas, mais je m’engage à ne ménager aucun effort pour permettre aux expatriés de voter lors des élections », a-t-il conclu. Hier, Michel Sleiman a reçu le président du Parlement européen, Hans-Gert Pottring. Les deux parties ont évoqué l’éventuel envoi d’observateurs européens au Liban en 2009, pour veiller à la transparence des législatives. Les détenus libanais en Syrie et le processus de paix Le président de l’État a également tenu hier un nouveau huis clos avec Bachar el-Assad. Le président syrien a passé en revue devant son homologue libanais les résultats des négociations indirectes entre Damas et Israël. Les deux chefs d’État se sont également penchés sur les relations économiques entre les deux pays ainsi que sur le dossier des détenus libanais en Syrie, selon un communiqué publié par la présidence de la République. La visite prochaine de Michel Sleiman à Damas, qui devrait être suivie par une visite de Bachar el-Assad à Beyrouth, a également été évoquée lors de la rencontre. Lors d’une conférence de presse conjointe avec le président syrien, Michel Sleiman a considéré que « le Liban doit tenter de libérer son territoire par les moyens diplomatiques, dans le cadre de l’application de la résolution 1701 ». « Si la diplomatie échoue, il faudra avoir recours aux opérations militaires », a-t-il noté. Répondant à une question portant sur une éventuelle médiation libanaise entre Damas et Riyad, le président Sleiman a affirmé que « Beyrouth entreprendra cette démarche et le président Assad y est favorable ». De son côté, Bachar el-Assad a indiqué qu’il dépêchera bientôt son ministre des Affaires étrangères à Beyrouth « pour transmettre au président Sleiman une invitation à visiter Damas ». « Nous nous sommes entendus sur la nécessité d’établir une coordination détaillée en ce qui concerne le processus de paix. Lorsque les choses seront assez mûres, le Liban aura un rôle essentiel dans ce processus », a-t-il poursuivi. Ban Ki-moon Michel Sleiman a aussi reçu le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avec lequel il a évoqué les dossiers des fermes de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de Ghajar ainsi que l’application de la 1701 et la coopération entre le Liban et l’organisation internationale. Ban Ki-moon a estimé à sa sortie que « les développements politiques positifs au Liban devraient avoir des retombées favorables sur l’économie du pays ». « Le gouvernement et le peuple libanais sont l’objet d’attention de l’ONU. Notre soutien au président Sleiman est absolu (…) Il faudrait lancer un dialogue national libanais pour renforcer la réconciliation politique. Et je déploierai davantage d’efforts pour régler l’affaire des fermes de Chebaa. Mais j’ai besoin de la coopération de toutes les parties et j’en ai avisé le président Assad », a-t-il également indiqué, avant de souligner que le processus de récupération des fermes de Chebaa était amorcé. Le sommet de l’UPM, Merkel et Berlusconi Sur un autre plan, Michel Sleiman a prononcé le discours du Liban devant les 43 chefs d’État qui ont pris part au sommet de l’UPM. « Pour le Liban, l’Union pour la Méditerranée est un projet porteur d’espérance », a-t-il ainsi affirmé, proposant la création d’un centre de recherche scientifique européen basé au Liban. Le chef de l’État a enfin rencontré la chancelière allemande, Angela Merkel, puis le Premier ministre italien Silvio Berlusconi avant de prendre part au dîner donné par Nicolas Sarkozy à ses hôtes. Soulignons enfin que Michel Sleiman assistera aujourd’hui aux festivités du 14 Juillet. PARIS, de notre correspondant Élie MASBOUNGI
Le sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) a été l’occasion pour Paris de normaliser ses relations avec Damas et de mener une valse diplomatique qui a débouché sur l’annonce de l’établissement de relations diplomatiques entre le Liban et la Syrie. Une première dans l’histoire des deux pays depuis leur indépendance il y a soixante ans de cela.
La rencontre entre...