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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Sous la houlette magique de Charles Ansbacher à l’église Saint-Joseph (USJ) La musique est joie, harmonie et battements de cœur…

Une chaleur étouffante, avec une moiteur insupportable à l’église Saint-Joseph (USJ) illuminée et où se pressait un grand public venu applaudir la prestation de maestro Charles Ansbacher dirigeant l’Orchestre symphonique national libanais. Invité par l’ambassade des États-Unis dans le cadre des projets visant à réactiver les activités culturelles du pays de l’Oncle Sam sur la scène culturelle libanaise, tout en créant des relations interactives avec les institutions culturelles et éducatives du pays du Cèdre, l’événement est célébré avec succès, faste et en grande pompe. Pour l’occasion donc, un programme exceptionnel et attestant d’une culture musicale étendue a été concocté par l’éminent chef d’orchestre fondateur du Landmarks Orchestra of Boston… Des pages de Rossini, Khatchadourian, Tchaïkovsky et Bernstein ont résonné sous les nefs de l’église aux fenêtres grandes ouvertes, mais où la fraîcheur est restée, hélas, remarquablement absente… Premières mesures avec l’ingénue et brillante ouverture de?L’échelle de soie (La gazza ladra) de Rossini. Orchestration géniale pour une narration tout en souplesse, clairement «?soyeuse?», même si l’on doit user d’un certain pléonasme, furtive et insaisissable comme les pas agiles d’un chat heureux et lutin… Relativement courte, cette «?échelle?» est faite de notes joyeuses, lumineuses, tout en cadences accélérées et légères comme des bulles d’air…Un vrai bain de fraîcheur, tonique et euphorisant, qui met du baume au cœur… Le plat de consistance de ce concert est voué à l’harmonie, à la passion et aux battements de cœur. Il s’agit du Concerto pour violon et orchestre d’Aram Khatchadourian, indomptable narration au lyrisme échevelé. Virtuosité pour un morceau de bravoure Trois mouvements (allegro con fermezza, andante sostenuto et allegro vivace) pour traduire toute la fougue, les couleurs entre grenat et rouge cerisier, la nostalgie, l’impétuosité et surtout l’arménité de cet opus, où le violon atteint des cimes inégalées pour des élans passionnels sans mesures… Un opus virtuose dédié initialement à l’éblouissant David Oistrakh (qui en fit un cheval de bataille gagnant) et qu’interprète ici, avec sensibilité et talent, le jeune Claude Chalhoub, absolument maître d’un archet à l’éloquence saisissante. Trempé jusqu’à la racine des cheveux par la moiteur ambiante (oui, il est temps de se pencher sur la climatisation des lieux par égards pour l’auditoire et surtout pour les musiciens totalement en nage et un maestro littéralement ruisselant), le jeune violoniste a donné avec éclat toutes les nuances et les contrastes, des trémolos plaintifs au mordant de la célérité, d’une œuvre inclassable dans sa beauté passionnelle et incendiaire… Comment redescendre sur terre après cette pièce à couper le souffle, aux éclats rougeoyants comme de la braise??... Petit entracte…et reprise avec l’ouverture-fantaisie de Roméo et Juliette de Piotr Ilitch Tchaïkovsky. Les amants de Vérone sous le feu des tempêtes et des orages du cœur sur un tempo grave, mystérieux, majestueux, tragique…Sur quelques délicats accords de harpe, les bouffées éruptives des cuivres et les vagues démontées des cordes s’enroule l’inspiration des amours dangereuses de Shakespeare. Un monde empreint d’une certaine culture slave et de l’esprit cosmopolite du compositeur du Lac des Cygne, avec ses tourmentes inavouées et les lignes filandreuses d’une vie marquée au fer rouge. L’impossibilité d’aimer a bien été l’apanage de celui qui a pourtant toujours voulu avoir droit de cité dans la carte du tendre… Pour conclure, Charles Ansbacher, avec la judicieuse sélection de West Side Story de Leonard Bernstein, s’avère, selon la formule de Bill Clinton, un véritable ambassadeur de la musique américaine. Autant l’amour chez Tchaïkovsky est sombre et sans issue, pour le même thème, avec les amants portoricains Tony et Maria, parfaits jumeaux de Roméo et Juliette, la musique, enivrante de modernité, est au rythme vivace, à la cadence frénétique, au jazz syncopé, au mambo sensuel et sémillant. Sur ces images sonores d’une radieuse et dynamique beauté, où castagnette et percussion ont de grands attraits, se déroulent dans la mémoire collective les traits de Nathalie Wood, George Chakiris, Rita Moreno et Richard Beymer… Belle collection de mélodies (du Tonight, Tonight, à Somewhere, en passant par I Feel Pretty et Maria) du foudroyant succès de Broadway et du film de Jerôme Robbins et Robert Wise pour une partition qui n’a pas encore fini de faire le tour de la planète et de séduire les auditoires du monde entier… Applaudissements à tout rompre pour une prestation sans faille et d’une grande qualité de direction orchestrale. En bis, une marche inattendue, du compositeur Suza («?C’est un peu la Radezky March américaine?», confie en souriant le maestro), charpentée selon le modèle straussien dans sa jovialité, son entrain, son enthousiasme, la bonne humeur à taper des mains et suivre un rythme pour un ton badin et insouciant… Pour un des derniers concerts de l’Orchestre symphonique national libanais, avant la fièvre des festivals de l’été menaçant de ses torrides chaleurs, les dernières mesures s’éteignent sur une trombe d’applaudissements délirants. Edgar DAVIDIAN
Une chaleur étouffante, avec une moiteur insupportable à l’église Saint-Joseph (USJ) illuminée et où se pressait un grand public venu applaudir la prestation de maestro Charles Ansbacher dirigeant l’Orchestre symphonique national libanais. Invité par l’ambassade des États-Unis dans le cadre des projets visant à réactiver les activités culturelles du pays de l’Oncle...