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Actualités - OPINION

Éclairage Obama, l’apôtre du changement, face aux réalités tenaces du Moyen-Orient

Barack Obama, candidat démocrate à la présidentielle américaine, a conduit sa campagne sur le thème du changement mais, s’il est élu, sa marge de manœuvre au Moyen-Orient sera limitée par des contraintes qui lui échappent, estiment des responsables de la région. Dans cette partie du monde, les États-Unis sont engagés en Irak dans une campagne indécise depuis cinq ans, traitent l’Iran en ennemi depuis plus de 25 et soutiennent Israël depuis sa naissance en 1948. Et l’arrivée à la Maison-Blanche d’un nouveau président aura peu d’impact immédiat sur des réalités façonnées par des décennies d’implication diplomatique et militaire américaine dans cette zone en conflit permanent. « Obama peut faire des changements en politique intérieure plus que dans le domaine international », a commenté pour l’AFP Mahmoud Othman, un député kurde du Parlement irakien. Son sentiment est partagé par un autre parlementaire irakien, Abbas al-Bayati, un chiite membre de la majorité du Premier ministre Nouri al-Maliki : « La stratégie américaine en Irak et dans la région ne changera pas avec le changement de visages. » M. Obama, opposé dès le départ à la guerre en Irak, a prôné un retrait des troupes dans un laps de temps assez court (16 mois), mais il a récemment laissé entendre qu’il écouterait les généraux chargés des opérations sur le terrain. « Je suis ouvert aux faits et à la raison », a-t-il déclaré sur CNN. Il a répété qu’il souhaitait « un calendrier clair » de retrait, mais a souligné qu’il n’était pas facile de faire rentrer des milliers de soldats et des tonnes d’équipement. Ce sera « une opération très compliquée », a-t-il prévenu, prenant la mesure du casse-tête que représente le désengagement d’un contingent de plus de 140 000 soldats déployés à travers un pays loin d’être pacifié. Le prochain occupant de la Maison-Blanche devra également tenir compte d’un accord négocié actuellement entre Bagdad et Washington sur les conditions d’un maintien d’une présence militaire américaine en Irak au-delà de 2008. Les formations chiites en Irak, qui représentent la communauté la plus nombreuse, sont farouchement opposées à tout ce qui pourrait apparaître comme une prolongation de l’occupation américaine. Le maintien éventuel de troupes américaines en Irak a également été dénoncé par l’Iran, qui s’inquiète de la présence à ses frontières de forces armées envoyées par un État qui, depuis 1980, le considère avec hostilité. Et dans un discours récent, M. Obama a attaqué Téhéran, accusé par Washington de vouloir se doter de l’arme nucléaire, sur un ton qui rend incertaines ses propositions récentes de dialogue. « Le danger iranien est grave et il est bien réel. Mon objectif sera d’éliminer cette menace », a-t-il déclaré devant les membres d’une organisation de défense des intérêts d’Israël aux États-Unis. Il a répété qu’il était prêt à discuter avec des responsables iraniens, mais « seulement à condition que cela serve les intérêts des États-Unis ». Dans le même discours, il a réaffirmé la pierre angulaire de la politique des États-Unis au Moyen-Orient : l’engagement inébranlable en faveur d’Israël et la mobilisation américaine contre tout ce qui est perçu comme une menace. Il a également évoqué une des questions les plus épineuses, sans solution approuvée par tous, depuis près de 60 ans : « Jérusalem restera la capitale d’Israël et elle doit rester indivisible », a lancé M. Obama, déclenchant la colère des Palestiniens et des Arabes. Pour autant, Mahmoud Othman a accueilli avec sérénité les prises de position du champion démocrate : « Les candidats veulent mobiliser les électeurs lorsqu’ils parlent de l’Irak. Lorsqu’ils doivent prendre des décisions, les choses changent. » Jacques CHARMELOT (AFP)
Barack Obama, candidat démocrate à la présidentielle américaine, a conduit sa campagne sur le thème du changement mais, s’il est élu, sa marge de manœuvre au Moyen-Orient sera limitée par des contraintes qui lui échappent, estiment des responsables de la région.
Dans cette partie du monde, les États-Unis sont engagés en Irak dans une campagne indécise depuis cinq ans,...