Les lecteurs ont voix au chapitre

Cabinet et représentation Je pense que dans la formation du nouveau cabinet, chaque parti politique est représenté par un quota qui correspond à sa représentation au Parlement. Et comme le Courant patriotique libre possède 22 députés, alors il a le droit d’avoir 5 représentants au sein du gouvernement (sans compter qu’il est le parti politique le plus populaire chez les chrétiens et qu’il devrait avoir plus de ministres). Tout d’abord, le CPL n’était pas présent dans l’ancien cabinet. Il est donc normal et logique que, cette fois, il obtienne les portefeuilles de la majorité et de l’opposition. Ensuite, le vrai problème dans la formation de ce nouveau cabinet réside dans le fait qu’il existe trop de ministrables dans les rangs de la majorité et surtout les chrétiens de la majorité, dont certains ne possèdent pas de représentant au Parlement et d’autres ne représentent même pas leur circonscription. Pour conclure, la formation de la plupart des gouvernements au Liban s’est toujours faite en plusieurs semaines et la formation du premier cabinet Siniora avait pris 20 jours. D’autre part, tous les partis politiques placent la barre de leurs revendications très haut pour avoir ensuite ce qu’ils veulent. Youssef EID Encore une chance qui risque d’être ratée Les accords de Doha seront une planche de salut pour le Liban si et seulement si les diverses parties s’en saisissent. En écoutant il y a quelques jours l’ambassadeur M. Salah Stétié sur France?3, lors d’un débat sur l’élection présidentielle au Liban, sa conclusion m’a beaucoup interpellée. Il a dit qu’on pourrait être optimiste pour la suite des événements si les «?protagonistes n’ont pas d’arrière-pensées?». Malheureusement, les prémices ne sont pas du tout encourageantes car on «?reprend du vieux pour refaire du neuf?» avec la reconduction de M. Siniora au poste de chef du gouvernement. La majorité parlementaire actuelle semble plutôt avoir des arrière-pensées et vouloir en découdre avec l’opposition, bien que ses chefs aient apposé leur signature sur les accords de Doha. Si les signatures ne valent plus rien, alors il y a beaucoup à craindre que rien ne sera exécuté de ces accords et donc les sit-in, les désobéissances civiles ainsi que le complet blocage des institutions risquent de revenir sur le devant de la scène avec tout ce qui en découle de dangers sur le Liban. Ce qui est incompréhensible, c’est de voir la majorité, pour garder son avantage et sa cohésion, prête à sacrifier la stabilité du Liban. C’est dire que nos destinées sont aux mains de personnes pour qui l’intérêt du pays semble secondaire par rapport à leurs propres intérêts. Le chef du gouvernement du Qatar, lors d’une interview sur al-Jazira avec M. Ben Jeddo, a qualifié les Libanais de «?très intelligents?». Cela sous-entend – bien qu’il ne l’ait pas dit – que cette intelligence les dessert beaucoup parce qu’ils essaient toujours d’être trop intelligents et d’utiliser cette qualité pour essayer de surpasser leurs adversaires, oubliant que les avantages que l’on peut prendre ont un plafond qu’il est risqué de dépasser car le Liban se gouverne dans l’équilibre entre ses diverses communautés. Cette mentalité a failli nous décimer par le passé et elle risque de le faire dans l’avenir. Chaque génération veut essayer de guerroyer alors que les aînés l’ont fait avec des résultats désastreux. Aucun accord ne sera possible si les Libanais ne veulent pas accepter de composer, dans le respect mutuel, ou du moins d’accepter d’exécuter les accords qui constituent le plus petit dénominateur commun. Nous revoilà peut-être de nouveau entrés dans un tunnel duquel on n’est pas prêts de sortir... Joseph ZOGHBI