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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Présenté par la Fondation Samir Kassir au centre-ville Le vibrant hommage à la vie de Walid Hourani

Devant un parterre trié sur le volet, composé de mélomanes, d’amis et d’un large cercle des représentants de la diplomatie étrangère au Liban, Walid Hourani, pianiste virtuose, familier du paysage musical local, a offert un concert en plein air en hommage à Samir Kassir, le jeune journaliste assassiné en juin 2005… Recueillement, pensée pieuse et émotion pour cette musique transformée en un vibrant espace de vie. Dans le square qui lui est dédié jouxtant le quotidien arabe an-Nahar, bordé par un lit de verdure illuminé par les spots, la musique a pris le pouvoir. Tournant le dos au public, la statue en bronze de Samir Kassir écoutait en silence les pages d’un programme savamment concocté pour la fougue et la passion de vivre. De Scarlatti à Liszt, en passant par Tchaïkovsky, Beethoven et Chopin, la musique avait l’emprise absolue sur le vent du soir, faisant emmitoufler l’auditoire dans les vestes d’été et les écharpes légères tout en inclinant les faîtes des arbres en un discret mouvement de balancier… Gilet à motif de notes (modeste et indéfectible compagnon de tous les concerts de l’artiste), les cheveux ébouriffés déjà par le vent, l’allure immuablement jeune malgré ses soixante ans, Walid Hourani aborde le clavier en impalpables touches à fins fleurets… Droites et fines, d’une architecture délicate et élégante, sont les deux sonates (en D mineur longo 41 et C majeur, longo 104) de Dominco Sacarlatti (issu d’une prestigieuse famille de musiciens siciliens qui ont régné par leur talent sur Naples), qui a l’art consommé et souverain des pointes et contrepointes d’une narration tout en liberté, saveur, originalité, vivacité et fantaisie… Petite frilosité d’hiver sur fond de tourmente russe et vague à l’âme, avec accents élégiaques cosmopolites, du Janvie (tiré des Saisons) de Tchaïkovsky . Impétuosité et déferlement sonores avec la somptueuse Sonate en C mineur op 13, dite La pathétique, du maître de Bonn. Des mouvements (grave, allegro molto e con brio, adagio cantabile et rondo) restituant toute la force et toute la puissance de la voix de Beethoven, sans oublier cette poésie et cet épanchement à la rêverie d’une des premières inspirations ardemment romantiques… Pour lier le chapelet de notes, le monde enchanté et enchanteur du prince du clavier. Chopin et ses chromatismes perlés, ses accords lumineux, ses emballements, sa fièvre, ses tourmentes, ses angoisses, sa douleur de vivre, mais aussi sa passion de rêver, d’aimer… Avec ce jeu éblouissant, triomphant de toutes les difficultés et cédant, avec un plaisir gourmand, aux contorsions les plus redoutables d’un doigté toujours périlleux… De la Ballade n°1 en G mineur op 23 aux trois études (en A majeur op 25 n1, en F mineur op posthumes et en C mineur, op 25 n12), l’univers sonore du pèlerin polonais émerge dans ses frémissements secrets entre les feuilles des arbres qui frissonnent sous la caresse de la brise du soir et les éructations d’une perforeuse voisine qui travaille impunément, sans nul doute, en nocturne, dans les nombreux chantiers environnants… Pour conclure, la plus célèbre et la plus ardue à interpréter des rhapsodies. Avec ses nuances douces, ses orages indomptés, ses arpèges qui n’en finissent plus, ses accords aux allures de lustre éblouissant…. Il s’agit de la Rhapsodie hongroise n°2 du plus virtuose des pianistes, Frantz Liszt. Toute la force, la sensualité, la vigueur et la poésie magyare dans ces pages d’une beauté radieuse et à couper le souffle, même pour un opus « surjoué » qu’on redécouvre à chaque fois… Tonnerre d’applaudissements du public. Encore un bis de l’artiste et c’est sur un rythme jazzy, frais, tonique et, bien sûr, sur le compte d’un malin clin d’œil à l’appétit de vivre que viennent s’ajouter ces dernières phrases d’un piano délicieusement volubile et d’une généreuse éloquence… Edgar DAVIDIAN
Devant un parterre trié sur le volet, composé de mélomanes, d’amis et d’un large cercle des représentants de la diplomatie étrangère au Liban, Walid Hourani, pianiste virtuose, familier du paysage musical local, a offert un concert en plein air en hommage à Samir Kassir, le jeune journaliste assassiné en juin 2005… Recueillement, pensée pieuse et émotion pour cette musique...