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Actualités - CHRONOLOGIE

Le communiqué revendiquant l’explosion de Abdé est « un faux » Le kamikaze de Aïn el-Héloué appartient au groupe de Fateh el-Islam, affirme une source sécuritaire Jeanine JALKH

Les deux incidents sécuritaires qui ont marqué la journée de samedi dernier – immédiatement circonscrits au Nord comme au Sud – n’ont pas laissé indifférents les milieux politiques et sécuritaires libanais et étrangers. La coïncidence des deux incidents le même jour – à savoir l’engin qui a explosé devant une permanence des SR de l’armée à Abdé, faisant un mort parmi les militaires, et le kamikaze de Aïn el-Héloué – a suscité plusieurs interrogations parmi les analystes qui se penchent sur le timing et les objectifs des deux opérations. Certes, l’on peut dire sans équivoque que les conséquences directes de ces deux épisodes se résument en un seul objectif, à savoir : « la déstabilisation » assurée à un moment où le pays essaye de se ressaisir et de consolider un tant soit peu une stabilité on ne peut plus précaire. Qu’en est-il réellement de ces deux incidents, que l’on serait « tenté de lier à la libération, dimanche dernier, du détenu Nassim Nesr ? » comme le relève une source proche du dossier. À ce stade l’investigation dans l’affaire du kamikaze, une chose semble certaine pour les enquêteurs : ce dernier « n’est ni libanais ni palestinien ». « Mais nous sommes aujourd’hui sûrs qu’il appartient au groupe de Fateh el-Islam », atteste une source informée. Selon le site Internet du Courant patriotique libre, « l’individu serait originaire d’un pays du Golfe ». Le témoignage des milieux sécuritaires confirme ainsi l’information selon laquelle la victime, immédiatement abattue par les soldats de l’armée, était munie d’une fausse carte d’identité portant le logo de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Toujours selon ces milieux, l’homme portait une ceinture d’explosifs, « mais rien ne prouve qu’il avait l’intention de se faire exploser près de l’armée. Le kamikaze était parvenu au niveau du barrage des soldats libanais postés à l’entrée de Aïn el-Héloué. Au moment où il a été retenu au barrage pour se soumettre aux opérations de fouilles ordonnées par les soldats, l’homme a paniqué. Il a couru en direction du blindé de l’armée et a tenté d’appuyer sur son torse où il cachait le détonateur qui devait actionner les explosifs placés autour de sa taille. C’est à ce moment-là que l’armée a tiré, ayant clairement compris qu’il était prêt à se faire exploser pour échapper à l’arrestation ». Selon un expert, ce comportement, tout comme la ceinture d’explosifs qu’il portait, sont généralement typiques des militants islamistes « importants, notamment ceux d’entre eux qui recèlent des informations compromettantes pour leur groupuscule, ou même pour les opérations qu’ils prévoient d’exécuter. Les explosifs leur permettent de s’en tirer en commettant un suicide, pour ne pas que les forces de l’ordre leur mettent la main dessus et essayent de leur soutirer des informations ». Une hypothèse qu’approuve en partie la source informée précitée, qui soutient que l’individu, l’un des douze membres restants de Fateh el-Islam toujours en liberté, « n’avait vraisemblablement pas planifié une opération contre l’armée, mais peut-être contre un rassemblement chiite au Liban-Sud le jour de la libération de Nassim Nesr ». « D’où sa tentative d’essayer de se faufiler avec les explosifs la veille de l’événement », dit-il. Autant d’informations confirmées par notre chroniqueuse judiciaire, Claudette Sarkis, qui cite des sources proches de l’enquête menée par le tribunal militaire. Celles-ci affirment que le kamikaze, qui se trouvait au moment de l’incident dans un taxi, espérait s’en tirer avec ses explosifs. « Si l’armée n’avait pas soupçonné quelque chose, il serait sorti du camp le plus normalement possible », rapporte notre collègue. Ce ne sont toutefois que des hypothèses, que la poursuite de l’investigation devrait infirmer ou confirmer dans les jours à venir. Au Liban-Nord Côté nord, par contre, l’énigme reste entière, ou presque. Selon des informations « autorisées » obtenues par L’Orient-Le Jour, c’est « l’hypothèse contraire aux informations diffusées hier qui est à retenir, à savoir que l’explosion qui a eu lieu dans le bureau des services de renseignements de l’armée à Abdé n’est pas l’œuvre de Fateh el-Islam ». « Cela contredit dans le fond et la forme le communiqué reçu hier par l’AFP et par Reuters », et dont l’authenticité n’a pu être vérifiée, précisent les informations. Le texte, qui a été faxé aux deux agences de presse, revendique l’attaque au nom de Fateh el-Islam. Interrogée, une source sécuritaire proche du dossier indique que le communiqué envoyé est effectivement un « faux ». « Preuve en est, poursuit la source, le fait que le communiqué précise que “l’engin qui a explosé devant la permanence militaire de Abdé avait été déclenché à distance par les moujahidines”. Or l’enquête a démontré que l’engin explosif était équipé d’une minuterie », affirme la source. Celle-ci refuse toutefois de dire quels sont les suspects retenus à ce stade de l’enquête ou si certaines pistes ont été retenues. Allant dans le même sens, le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, a exprimé ses doutes sur la crédibilité de cette « revendication », laissant entendre que le style employé au cours de cette explosion ne ressemble pas à celui de Fateh el-Islam. Quoi qu’il en soit, ce double rebondissement sécuritaire n’est pas sans alarmer les forces de la Finul au Liban-Sud, qui ont clairement exprimé, dans des rapports, leur crainte « d’éventuels actes terroristes qui se prépareraient dans certaines régions libanaises et dans les camps palestiniens, des opérations qui cibleraient des unités de patrouille de la force onusienne », comme le rapportait hier an-Nahar.net. Une peur de plus en plus justifiée dans la mesure où elle coïncide avec des informations obtenues auprès de sources sécuritaires libanaises faisant état de « cellules dormantes qui risquent de se réveiller à un moment ou un autre… ».
Les deux incidents sécuritaires qui ont marqué la journée de samedi dernier – immédiatement circonscrits au Nord comme au Sud – n’ont pas laissé indifférents les milieux politiques et sécuritaires libanais et étrangers. La coïncidence des deux incidents le même jour – à savoir l’engin qui a explosé devant une permanence des SR de l’armée à Abdé, faisant un mort parmi...