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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Le miracle Oui, oui, oui, depuis dimanche nous avons un président de la République. Le miracle s’est enfin produit. Michel Sleimane sera-t-il un  nouveau Soliman le Magnifique ? Sera-t-il un aussi bon législateur ? Pourra-t-il enfin faire voter de nouvelles lois pour un Liban qui allait à la dérive ? Comment pourra-t-il tenir le pays d’une main de fer et gouverner ce qui est ingouvernable depuis trente ans ? La tâche est certes difficile, mais l’espoir est grand. Très grand pour ce pauvre peuple  meurtri par tant de déchirements, de blessures et de morts. Soit dit entre parenthèses, il était un peu ridicule tout de même de voir en direct à la télévision tous nos dirigeants défiler, serrer des mains, voter à tour de rôle et même bâiller parfois. C’est dire qu’il est difficile d’être Libanais. Yalla, vivons d’espoir, d’amour et non d’eau fraîche … Monsieur le Président encore une fois, c’est de la tolérance qu’il nous faut, rien que de l’amour (toutes communautés confondues). Sauriez-vous nous en donner ? Instaurer une coexistence entre tous ? Nous avons besoin que le Liban redresse l’échine et puisse  vaincre la haine. Alors, les émigrés reviendront fouler notre bonne vielle terre. Notre espoir est grand. Ne nous décevez pas, Monsieur le Président. Marguerite TYAN J’ai honte de vous devant le monde entier ! C’est à vous, Messieurs les « soi-disant responsables » de ce pays, le Liban, réunis à Doha-Qatar, je veux crier mon écœurement en regardant les nouvelles à la télévision, le lundi 19 mai 2008 ! Alors que notre pays, véritable joyau scintillant sur la carte mondiale par la beauté de son paysage, son climat, son peuple formidable – je précise bien : son peuple formidable – se ternit lentement par votre faute, vous riez, plaisantez devant les caméras du monde entier. Et l’un d’entre vous, la conscience en veilleuse, a dépassé les limites du ridicule en se montrant, hilare, en « deshdeshé » blanche et savates... Pendant que le peuple libanais se meurt d’inquiétude pour son quotidien et son avenir et n’a plus du tout le cœur à rire, vous, « responsables » de ce pays, vous vous prélassez sur de moelleux fauteuils, riez, buvez, mangez aux frais du pays qui vous a invités généreusement pour régler les problèmes que vous avez créés. Quelle image donnez-vous aux pays qui essayent depuis bientôt deux ans de vous aider avec leurs conseils, et même leur argent ? Êtes-vous à Doha pour « rigoler », ou pour vouloir, enfin, sincèrement et sérieusement, penser à votre patrie, le Liban ? Il y a des gens, ici, qui ne mangent plus à leur faim ; la jeunesse libanaise si valeureuse s’enfuit vers d’autres pays ; et vous, vous continuez à ne penser qu’à vos intérêts personnels ou à ceux de votre clan ! Quand vous déciderez-vous enfin à honorer votre patrie par des actes responsables ? Sinon, et laissez le peuple libanais se débrouiller sans vous, il en a les capacités tant de fois montrées ! Irène SAÏD-DIANNHART Unité, dites-vous ? Nous commençons une nouvelle ère, paraît-il… Enfin, espérons-le ! Mais sous le règne de quelle couleur, de quel drapeau, de quel portrait ? Bleu, vert, jaune, orange, on se croirait au temps des samouraïs faisant la guerre dans les plaines japonaises. Drapeaux au vent pour mieux affirmer son appartenance à tel ou tel parti, n’est-ce pas de la provocation alors que seul le drapeau libanais devrait avoir le droit de flotter sur notre territoire ? Et les portraits de ces chers dirigeants, qui n’en finissent pas de polluer notre environnement visuel. Sur les murs, qui sont du domaine public comme privé, sur les poteaux électriques, sur les panneaux de signalisation, sur les bennes à ordures. Dans le souci de ne pas alimenter le feu qui couve encore sous la cendre à peine éteinte, il serait du devoir de notre nouveau gouvernement d’interdire ces démonstrations d’appartenance, qui ne servent qu’à narguer et à exacerber les tensions latentes. Un seul drapeau, le libanais, une seule couleur, le rouge du sang des innocents, une seule photo, celle du président de la République, mais dans les ministères et les édifices étatiques. Alors peut-être nos jeunes, toutes confessions confondues, s’uniront autour de notre bannière nationale, faisant passer l’intérêt de notre petite nation devant les intérêts des clans… Francois MEHANNA Lettre au président Monsieur le Président, félicitations et bon courage. Vous en aurez besoin car la tâche est difficile. Le peuple est le thermomètre d’un gouverneur. Il l’a toujours été et a toujours été utilisé dans les grandes démocraties. Mais au Liban, le peuple a toujours cédé la place aux politiques, et nous en sommes arrivés là où nous étions il y a quelques jours. Mais quand le peuple a montré à ces mêmes politiques qu’il existait et qu’il avait son mot à dire, cela les a menés (entre autres) à se décider à Doha, sinon il valait mieux « qu’ils ne retournent pas au pays ». Monsieur le Président, le peuple en général est comme un enfant qui veut des choses qui lui sont dues. Il a besoin que ses parents le nourrissent et lui donnent ses jouets et il se tait content. Le peuple a des droits dans n’importe quel pays démocratique mais pas au Liban. Donnez ces droits aux Libanais, Monsieur le Président, et vous pourrez vous occuper des choses qui ne sont que de votre ressort. Donnez au peuple  des routes praticables (et non cause d’accidents), des moyens de communication à sa portée (et non ruineux), de l’eau et de l’électricité (sans moteurs), de la sûreté (sans autodéfense) et surtout, surtout Monsieur le Président, une justice pour tout le monde, qui ne distingue pas entre riches et pauvres ni entre homme de pouvoir et homme du peuple. Si ces demandes sont étonnantes pour les pays démocratiques, elles sont légitimes au Liban. Je vous en supplie, exaucez nos vœux et exercez votre rôle, qui est bien au-dessus de tout cela. Monsieur le Président, un autre souhait des Libanais : annulez les titres archaïques qui lient une personne à son poste car ils deviennent une propriété personnelle à vie. Merci Monsieur le Président d’avoir accepté de prendre les rênes du pays à une période où tout le monde veut une part de ce gâteau appelé Liban. Elsie EL-KHOURY L’espérance ou l’habileté ? C’est une spécialité libanaise : les règlements politiques opaques… Nous avons sillonné les rues du centre-ville et longé la mer à Raouché, samedi 24 mai, en vue de recueillir l’opinion de 100 citoyens libanais et trouver quelques éléments de réponse. L’objectif principal de notre questionnaire était d’évaluer l’optimisme et la confiance des Libanais vis-à-vis de l’élection présidentielle, de la levée du sit-in et de l’accord de Doha. En moyenne, les Libanais se sont montrés plutôt optimistes (6,3 sur une échelle de 10). Toutefois, les répondants ayant un revenu élevé se sont montrés plus pessimistes que les répondants issus de milieux relativement modestes. Les sympathisants du 8 Mars se sont déclarés plus enthousiastes que les sympathisants du 14 Mars. Concernant le rôle joué par les différents pays dans l’élaboration de l’accord, le rôle du Qatar fait l’unanimité parmi les différents secteurs de la population. Il est vu comme un rôle déterminant et essentiel. Mais le poids accordé à chaque pays varie selon les tendances politiques : les partisans du 8 Mars ont plus tendance à gonfler le rôle joué par la Syrie et inversement, les partisans du 14 Mars, eux, accordent une grande importance au rôle de l’Arabie saoudite. Les États-Unis et la France sont considérés comme moins influents que les pays arabes, surtout par les partisans de l’opposition. La question de savoir si l’accord de Doha présente une rupture ou une continuité par rapport au bilan de Taëf est légèrement tranchée. Les Libanais pensent que Doha est en harmonie avec Taëf. Pourtant, plus le revenu est important, plus on a tendance à voir Doha comme une rupture par rapport à Taëf. Également, plus les Libanais sont proches de l’opposition, plus ils présentent Doha comme le début d’une nouvelle ère. Enfin, le contenu de l’accord de Doha n’est pas maîtrisé en détail par la population. Généralement, les Libanais considèrent « la fin des hostilités », « la fin du sit-in » et « l’élection d’un président » comme les outputs les plus importants de l’accord – alors que les membres proches de l’opposition donnent une importance spécifique à la « loi électorale » et ceux proches du gouvernement au sujet des « armes du Hezbollah ». En somme, il y a de l’espoir dans l’air, surtout dans les rangs de l’opposition, ce qui apaise les eaux, mais aussi laisse en suspens la question de l’habileté du leadership dans l’après-Doha pour les sceptiques. Qui a dit que l’espérance fait plus de dupes que l’habileté ? Les étudiants de 2e année sciences politiques Université Saint Joseph
Le miracle

Oui, oui, oui, depuis dimanche nous avons un président de la République. Le miracle s’est enfin produit. Michel Sleimane sera-t-il un  nouveau Soliman le Magnifique ? Sera-t-il un aussi bon législateur ? Pourra-t-il enfin faire voter de nouvelles lois pour un Liban qui allait à la dérive ? Comment pourra-t-il tenir le pays d’une main de fer et gouverner ce qui...