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Actualités - OPINION

La crise politique et le dérapage sécuritaire vus par les lecteurs

Impossibilité d’un pouvoir hégémonique et nécessité d’un pouvoir central fort Le Liban depuis sa création a été confronté à une dilemme quasi insoluble. D’un côté, grâce à sa composition pluricommunautaire pluraliste, le Liban ne peut être soumis à un régime dictatorial puisque le compromis intercommunautaire suppose un équilibre entre les différents pouvoirs (fédération de communautés). D’un autre côté, à cause de cette même composition, le Liban entretient une instabilité quasi structurelle, car en situation de cohabitation politique permanente qui, en période de crise interne et régionale, peut aboutir à un dysfonctionnement, sinon une paralysie des institutions, chaque communauté essayant d’exercer un rapport de force et tenter une mainmise sur l’appareil de l’État. Chaque communauté a eu, a ou aura un projet hégémonique qui est inscrit dans sa logique communautaire et qui sera favorisé par une expansion économique et/ou démographique. Autant cette compétition est salutaire, providentielle, stimulante en période de calme et de paix civile, autant elle devient suicidaire, meurtrière, cauchemardesque en période de tumultes. Or, malheureusement, le tumulte dans le cas libanais n’est pas uniquement conjoncturel, mais structurel, à cause de la perméabilité libanaise, la mauvaise définition, le peu d’intériorisation, voire l’instrumentalisation à outrance, par les communautés libanaises locales et leurs alliés extérieurs de l’idéal de convivialité, de coexistence et de pluralisme culturel libanais. Cette interférence qui résulte de l’interpénétration entre l’intérieur et l’extérieur est dans la construction libanaise, à la base elle a fait la richesse et le rayonnement de ce pays, mais a entraîné également sa descente aux enfers et son interminable agonie. Il ne s’agit certes pas de jeter l’anathème sur telle ou telle communauté, ou tel ou tel projet régional ou international, mais de montrer l’enjeu économique, politique et culturel qui en fait un pays ouvert à l’univers, mais ouvert également à tous les vents (d’Est et d’Ouest). Tout cela a été décrit certes des dizaines, des centaines, des milliers de fois, mais aucune solution n’a été trouvée. D’une part, le pays ne peut tolérer un pouvoir hégémonique d’aucune sorte qui nierait sa raison d’être?; d’autre part, le pays a impérativement besoin d’un pouvoir central puissant pour pouvoir s’immuniser contre les ingérences étrangères et les renégociations symboliques de l’espace politique, économique et culturel entre l’Orient et l’Occident. La crise est constitutive du Liban car tel qu’il se présente, il sera rattrapé par toute crise qui risque d’intervenir inéluctablement dans cette région du monde (et même au-delà). Certes, au XXe siècle, il y a eu le conflit israélo-arabe, le nassérisme, l’intégrisme religieux, le chiisme, l’expansionnisme de l’Occident essentiellement américain, mais il avait été précédé au XIXe siècle par la rivalité entre la France, l’Angleterre, l’Italie, la Russie, l’Autriche, les États-Unis, et la lutte impériale et coloniale entre l’Empire ottoman déclinant et l’Europe jadis omniprésente, mais petit à petit en perte de vitesse. L’ouverture à l’Europe s’était elle-même effectuée quatre siècles plus tôt sous l’Empire ottoman à travers les capitulations de François Ier (1535) et du sultan ottoman, et un peu plus tard l’exil de l’émir druze du Liban, Fakhreddine II Maan (1590-1645) en Toscane. Deux siècles plus tard, Béchir II Chéhab (1789-1840), émir issu d’une famille sunnite convertie au maronitisme, essaiera de maintenir un équilibre précaire entre l’Orient et l’Occident durant l’aventure de Napoléon en Orient et l’épisode de Mohammad Ali. La question qui reste posée, c’est comment gérer politiquement un pays si diversifié, mais qui ne peut prétendre à un pouvoir central fort pour consolider son unité?? Dès sa formation, le Liban a été constamment traversé de crises issues de sa disposition à les absorber et son manque d’immunité nationale. À commencer par la crise du Parti syrien national social (alors le PPS) durant le mandat de Béchara el-Khoury et que le chef du gouvernement, Riad el-Solh, va payer de sa vie, puis la crise du pacte de Bagdad sous Chamoun, puis le nassérisme et la crise palestinienne, etc. La seule période qui a échappé à ces tribulations, c’est durant le mandat du général Fouad Chéhab, mais qui a révélé également qu’un pouvoir militaire au civil est encore une fois incompatible avec la structure et la tradition libanaises, sans citer les périodes avortées des généraux Aoun et Lahoud. Ce dilemme subsiste toujours aujourd’hui. C’est soit les tentatives, vouées à l’échec d’avance, d’un militaire au pouvoir civil, soit le risque pour la énième fois d’une nouvelle guerre civile. Quel est le sacrifice le plus lourd, celui des libertés ou de l’unité du pays?? Peut-on unifier un pays si diversifié, sinon éclaté?? Peut-on continuer à vivre dans un pays à l’identité composite, complexe, sinon floue, qui n’appartient totalement ni à l’Orient ni à l’Occident?? La nature du Liban, c’est d’aller contre la nature des choses. Sa culture, c’est le dépassement de l’état de nature duquel hélas nous ne semblons toujours pas près de sortir. Comment sortir d’une crise permanente qui constitue aujourd’hui notre marque déposée, sinon notre seule identité?? Bahjat RIZK Le troisième choix, Monsieur… … Et même si vous me dites que je dois choisir, même si vous me dites qu’en fin de compte, en tant que libanaise, aujourd’hui je suis condamnée à la liberté entre deux choix, sans un troisième. Eh bien, je choisirai l’ingérence américaine plutôt que le fanatisme iranien, ou syrien, ou islamique tel qu’il est. Oui, je choisirais la suprématie américaine, avec tous ses idéaux, toutes ses valeurs et sa liberté. Oui et mille fois oui, je choisis sa liberté, la liberté de vie, la?liberté de cultiver jusqu’au dernier carré tout ce que la vie peut m’offrir aujourd’hui. Je choisis ce mode de vie, de prospérité, de croissance, de développement humain, économique, touristique et social. Eh oui, je le choisis, même jusqu’à la gourmandise! Eh oui, je choisis cette vie?: la Vie avec un grand V?; et je refuserai jusqu’au dernier souffle l’autre terme de l’alternative que vous me proposez, celui d’une vie soumise à la loi d’un État despotique, autoritaire, maquillé et masqué sous la loi d’une religion qu’ils appellent islam et qui est loin d’être musulmane. Eh oui, et s’il y avait un prix à payer, eh bien, Monsieur, je le payerais. Je donnerais bien de ma livre de pain à l’Américain si, en contrepartie, j’en recueillais dix?; mais je n’en donnerais pas une miette à un État qui me condamnera à la vie sans pain, à la vie sans vie. Serais-je la raison d’être, l’erreur fatale d’une suprématie politique de l’Américain aujourd’hui dans la région?? Non, Monsieur?: mes compatriotes arabes l’ont été avant moi. La plus grande base américaine aujourd’hui, vous savez où elle se trouve... Après l’Égypte et la Jordanie en paix?; après les pays du Golfe à l’écart de tout le malheur arabe, le malheur palestinien, si vous osez me dire que je serai la raison de cette infortune, ce n’est là qu’une grande mise en scène et je ne serai pas dupe. Aujourd’hui, le monde arabe, ou le monde iranien et syrien, réglera ses comptes par d’autres moyens que mon cher pays, que mon sol et ma patrie. Aujourd’hui, je suis égoïste, égoïste pour avoir payé ma dette, égoïste pour rattraper le temps perdu. Je choisis la vie à grand plein, avec Américain ou pas, et aujourd’hui, je change mes cartes et je change mes choix. Voilà?! … Moi et mon pays, nous tirons notre révérence, nous honorons notre dette et bien plus, malheureusement. Voyez-vous, ce désir de liberté et de vie pour lequel je me bats depuis tant d’années, c’est mon essence. Ce désir de liberté et de vie ne s’appelle pas Amérique et ne s’appelle pas Israël, il s’appelle Liban, simplement. Eh oui, il s’appelle Liban?! Vous ne vous en rendiez pas compte, n’est-ce pas?? Vous ne vous rendiez pas compte qu’il existait un pareil choix appelé Liban simplement?? Si vous osez me demander qui je représente, je vous répondrai?: faisons donc un référendum?! Libanais, Monsieur. Marilynn KHOURY Mentalité d’assistés Nous, les Libanais, procédons d’une mentalité d’assistés. Le zaïm, de quelque parti qu’il soit, va puiser sa force à l’extérieur, en se faisant financer, armer par l’Iran, les USA, la Syrie, la France ou d’autres. Toutes les options sont ouvertes quand il y a des sous. Le petit Libanais qui appartient à la même communauté que son zaïm et qui a peur, ou qui pense tribal et n’a pas évolué depuis des siècles, va soutenir son zaïm dans l’espoir d’avoir un peu de ces sous. Désolée, mais ce n’est pas comme ça qu’on fait de la politique. On puise sa force de l’intérieur. On propose un projet aux gens?: développement, progrès, éducation, rayonnement régional, expansion économique, agricole, touristique, culturelle... que sais-je, les idées sont si nombreuses. Regardez où sont les pays du Golfe aujourd’hui, et nous où nous avons dégringolé. Qu’est-ce qui vient de se passer au Liban, sinon une guerre irano-syro-américaine sur notre sol ? Encore une fois, nous payons les alliances des chefs tribaux et communautaristes. Nous sommes un peuple du tiers-monde. Quelle différence y a t-il entre nous et le Soudan?? Aucune. Et le comble, c’est qu’on est content que le monde entier se soucie et parle de nous pour les mauvaises raisons. Quand va-t-on sortir de cet apitoiement sur soi-même et utiliser nos neurones?? Faire ce que Samir Kassir avait écrit : une intifada dans l’intifada. Renverser tous ces vendus. On est toujours colonisé dans ce pays. Dans quel JT du monde couvre-t-on autant les activités des ambassadeurs?? Avant 1860, on vivait ensemble sans se soucier qui est chrétien, druze ou autre. Des étrangers venant de pays uniformes n’ont pas compris ce modèle. Ils ont semé la zizanie, divisé pour régner et nous sommes tombés dans le piège. Ils ont fait la même chose en Afrique entre toutes les tribus. Et tout le monde se mêle de nos affaires et donne son avis... Les journaux iraniens, israéliens – tiens, ces derniers pensent nous donner à la Syrie en contrepartie du Golan, tout ça pour assurer leur paix… Comme si ?nous n’étions pas un pays ou un peuple, mais un simple produit qu’on échange, avec lequel on fait un troc. Y a rien de plus méprisant que ses chefs qui ne sont au courant de rien et qui se mettent avec le plus fort, dans l’espoir d’avoir des miettes et ânonnent ce que le chef plus fort déclare. Tous, tous sont des miliciens puisqu’ils portent tous des armes dans la rue et contre leurs propres concitoyens. Ils n’ont rien compris des leçons du passé?: n’ont-ils pas vu que les chrétiens de la Montagne en veulent toujours aux druzes, et vice versa?? Qu’entre Aoun et Geagea, le climat, après dix-huit ans, ne s’était toujours pas réchauffé?? Qu’ont-ils fait à part diviser encore plus les Libanais en faisant couler le sang?? La preuve que les deux parties au conflit ont reçu des ordres, c’est qu’on n’arrive toujours pas à expliquer l’inexplicable?: pourquoi la majorité a-t-elle pris ces deux fameuses décisions alors qu’il y a quelques jours à peine, le mot qui revenait le plus était dialogue. Ils ont sûrement reçu des ordres de gens en dehors du Liban qui ne connaissent pas très bien le terrain. Et l’opposition, alors?? Comment fait-elle une chose pareille?? À peine le discours de Nasrallah achevé, les combats avaient commencé. Et quel manque de psychologie à vouloir détruire, voire humilier ainsi Hariri et Joumblatt. Parce que, à travers eux, c’est leur base qui l’est aussi. Étonnant de la part du sayyed. Il n’y a que des gens à l’extérieur, étrangers au Liban et à ses sensibilités, pour faire une chose pareille. Ce qui prouve que l’opposition reçoit aussi ses ordres du dehors. Et puis, ces chefs politiques du 14 Mars, qu’on soit d’accord avec leur façon de faire ou pas, ils représentent le million et demi de Libanais qui ont manifesté le 14 mars 2005 contre le régime syrien et contre Israël, contre la censure et la dictature, pour la liberté et toutes les libertés. Alors, les renverser militairement, c’est écraser ces Libanais, les museler, les bâillonner. Leur a-t-on seulement demandé leur avis à ces Libanais?? Oui, le Hezbollah est fort militairement. Il pourrait défendre tout le Liban contre toutes les agressions si seulement il devenait national et non plus communautaire, si seulement il pensait à tout Le Liban et pas juste à vouloir écraser Israël. Qu’est-ce qu’ils vous ont promis, ceux qui vous soutiennent, pour que vous nous emmeniez là où on ne veut pas retourner?? Vous n’avez pas encore compris que les pays étrangers, d’Est ou d’Ouest, ne pensent qu’à leur intérêt?? Qu’ils fassent leurs guerres ailleurs?: nous ne sommes pas la poubelle du monde?! Le Liban message, les Libanais qui meurent, qui sont privés de leur avenir et de leur droit à vivre décemment, ils n’en ont rien à fiche. Dana DAHDAH À cœur ouvert : lettre à mon compatriote loyaliste Cher compatriote, Il est normal qu’une telle situation de crise inquiète, laisse perplexe et crée des tensions… Il est normal que les Libanais, qui ont vécu les horreurs de la guerre, n’aient nullement envie de revivre ses épisodes tragiques et qu’ils refusent d’entendre, de nouveau, le bruit du canon et de voir réapparaître des armes entre les mains de miliciens hirsutes… Il est normal que chacun de nous mette ses espoirs en un pays bien portant, prospère, vivant en paix, où l’harmonie règne entre ses fils, où la loi prévaut, où l’égalité des chances est assurée, où la corruption est combattue, où l’armée, seule, défend le territoire, où l’État s’impose dans toute sa splendeur et toutes ses institutions… Il est normal de croire profondément en ce «?Liban message?», si cher à Jean-Paul II… Il est normal de se battre, de toutes ses forces, pour un Liban libre, indépendant et souverain, étendu sur ses 10?452 kilomètres carrés, respecté par toutes les nations et offrant au monde civilisé toute sa vitalité, toute son intelligence et tout son charisme, tirés de sa particularité et de sa diversité. C’est tout à fait normal… et nous n’avons, ni toi ni moi, aucun mérite à le penser. C’est pour ce Liban-là, auquel je rêve, comme toi, cher compatriote, que je me bats de toutes mes forces. C’est pour ce Liban-là aussi que l’homme que tu insultes au quotidien depuis le jour de son retour au pays se bat. Pour ta gouverne, j’aimerais que tu saches qu’aucun jour je ne me suis placé derrière lui et que, chaque jour, je me sens de plus en plus à ses côtés dans ce combat. Parce que je sais, pour l’avoir vu à l’œuvre et pour avoir suivi son parcours, que son principal souci et sa seule ambition sont le sauvetage de notre pays pour que toi et moi puissions enfin y vivre la tête haute, fiers et prospères. Cependant, permets-moi de relever dans ton discours ce que je n’ai pas compris et ce qui m’a fait mal?: * Le 14 mars 2005 m’appartient aussi bien qu’à toi, peut-être encore un peu plus, parce qu’il a été le couronnement de mes 17 ans de lutte acharnée, alors que ceux-là mêmes qui se le sont approprié aujourd’hui ont collaboré avec l’occupant et m’ont persécuté, battu et jeté en prison. Pour moi, le 14 Mars n’est pas du tout un simple slogan?! * Dès le retour du général, le 7 mai 2005 (sacrée date?: ironie du sort ou clin d’œil de l’histoire??), tes leaders, craignant de le voir occuper toute la place, se sont acharnés contre lui, certains ouvertement et d’autres plus sournoisement, alors que son souhait le plus cher était, et demeure, d’aider au rassemblement de tous les Libanais, tous sans exception. N’a-t-il pas, dès son arrivée, fleuri la tombe de feu Rafic Hariri dont, soit dit en passant, aucun membre de la famille n’a jugé utile de faire le déplacement?pour l’y accueillir ? N’a-t-il pas, sans tarder, visité Samir Geagea dans sa prison?? * À propos de rassemblement, parlons un peu du « document d’entente?» avec le Hezbollah. L’as-tu lu avant de le traiter de produit syro-iranien?(à propos, es-tu vraiment sérieux quand tu traites Michel Aoun d’agent à la solde de ces deux pays … Non mais, franchement??) ? En as-tu compris les avantages et les acquis pour l’ensemble du pays?? As-tu seulement relevé les points positifs qu’il véhicule?? Sais-tu que le CPL œuvrait à généraliser l’entente à toutes les composantes du tissu libanais, sur le papier et … sur l’honneur?? Au nom de quoi, et de quels indices palpables, as-tu prétendu que le général se faisait manipuler par le Hezbollah et qu’il servait de couverture chrétienne au prétendu projet islamique de ce parti?? * As-tu observé l’orchestration minutieuse de la campagne menée par tes leaders et leurs médias qui se sont relayés, minute par minute et sans répit, depuis plus de deux ans, pour détruire l’image du général Aoun à n’importe quel prix?? N’as-tu pas pensé, un seul instant, qu’en ce faisant, ils offensaient aussi un nombre incalculable de tes concitoyens?? Le proverbe ne dit-il pas?: «?Calomniez, calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose?»?? Reviens à tes archives et dis-moi, s’il te plaît, si tu acceptes que l’on te traite de la même manière. Pour comble, cerise sur le gâteau, ils le qualifient de nerveux, d’incontrôlable, de spontané… Ne sont-ce pas souvent les qualités d’un homme authentique qui est offusqué par le faux et la provocation?? Au moins, il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. De plus, il a le mérite de dire tout haut ce qu’il pense tout bas, sans détour hypocrite, peut-être des fois sans ménager certaines susceptibilités. Ils l’accusent aussi d’être assoiffé de pouvoir et de vouloir, à n’importe quel prix, accéder à la magistrature suprême. Dis-moi, n’est-il pas un citoyen comme un autre, jouissant de tous ses droits?? Dis-moi, les «?chrétiens?» (je suis profondément désolé d’utiliser cet argument parce que je crois en la laïcité politique) ne l’ont-ils pas plébiscité, et le patriarche maronite n’a-t-il pas déclaré, après les élections de 2005, que «?les chrétiens avaient désormais un leader?»?? Si tu crois vraiment qu’il a perdu tout son crédit, pourquoi refuses-tu alors des élections anticipées?? Pourquoi n’accélères-tu pas le processus d’entente sur une nouvelle loi électorale?? Pourquoi ne fais-tu pas pression pour que le Conseil constitutionnel ressuscite et qu’il puisse enfin jouer son rôle, à l’instar de toutes les nations qui se respectent?? Pourquoi participes-tu, peut-être sans le vouloir ou sans le savoir, à la désinformation?? Pourquoi?? * Venons-en aux événements de ces derniers jours. Essaie de te mettre un petit instant dans la peau d’un membre du Hezbollah (fais l’effort de ne pas le voir comme s’il était un monstre qui cherche à t’anéantir, mais comme un simple Libanais qui cherche à se défendre)?: depuis plus de deux ans, il est accusé par tes leaders, qui font souvent écho aux déclarations d’outre-Atlantique, de terroriste irano-syrien, de travailler à l’instauration d’une République islamique dans le cadre de la?wilayet el-fakih, d’occupant du centre-ville et de destructeur de l’économie, d’instaurateur de périmètres de sécurité (mourabbaat amniya), de détracteur du gouvernement, d’assassin de Rafic Hariri et des victimes qui ont suivi, de monopolisateur de la décision de la guerre et de la paix, provocateur de la guerre de juillet 2006, de sale putschiste, et j’en passe. Évidemment, dans la foulée, plusieurs de ces arguments ont été utilisés aussi contre moi, souvent par manque ou par excès d’imagination. Pour comble, que de fois notre entente avec lui a-t-elle été qualifiée de «?contre nature?» (contre quelle nature??), comme s’il faisait partie d’une sous-race ou qu’il était un animal pestiféré. Si tu n’appelles pas cela une insulte, dis-moi, s’il te plaît, comment tu définis l’insulte?? As-tu pensé, un seul instant, qu’avec tout son arsenal et après toutes les provocations dont il a fait l’objet, il aurait pu mettre, depuis longtemps, le pays à feu et à sang?? Que penses-tu qui l’a retenu, sinon son attachement au pays, sa crainte d’un conflit sanglant sunnito-chiite et (ne le prends pas à la légère) … le «?document d’entente?»?? As-tu pensé, un seul instant, que ce concitoyen, car il s’agit bien d’un concitoyen à part entière, vit depuis des décennies sous l’épée de Damoclès israélienne?? Je ne cherche nullement à le défendre. J’essaie, tout simplement, de le comprendre. Parce que, vois-tu, comprendre l’autre, dans ses angoisses, ses peurs et ses inquiétudes, savoir l’écouter, le respecter, l’aborder avec amitié et amour (pourquoi avoir peur d’utiliser ce terme??), est un premier pas pour construire ce pays ensemble. Un passage obligé. Crois-tu que je donne mon blanc-seing à toutes ses déclarations et à tous ses agissements, dans le fond et la forme?? Oh que non. Crois-tu que je fonds en lui et qu’il fond en moi?? Je ne l’accepterai guère. Quelle tristesse, d’ailleurs, un pays où tout le monde se ressemble?! Mais ce que j’essaie de faire, et ce qu’il essaie, lui aussi, de faire, c’est de nous accepter dans nos différences, c’est de faire de ces différences une complémentarité, c’est d’avancer un peu vers lui et de le faire avancer un peu vers moi, pour nous retrouver au milieu du chemin, là où nous nous sentirons tous les deux en sécurité. Ce que je demande, vois-tu, n’est pas sorcier?: je comprends tout à fait qu’une majorité (même contestable) soit appelée à gouverner, et qu’une opposition soit invitée à contrôler et à contester. C’est la règle du jeu dans tout pays démocratique. Cependant, en cette période cruciale de la vie de notre pays, où l’on nous parle d’un nouveau Moyen-Orient, d’une redistribution des cartes, où l’on risque d’assister à beaucoup de bouleversements fondamentaux, où le projet d’implantation des Palestiniens semble de moins en moins être une vue de l’esprit, où la menace israélienne est permanente, je demande simplement à participer aux grandes décisions parce que, franchement, je n’ai pas encore confiance. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui s’entête à rester en place, malgré les mouvements populaires, dont une manifestation de plus d’un million de Libanais de toutes les confessions et toutes les régions, malgré un sit-in de plus d’un an et demi (même si tu n’en penses pas que du bien?!), et qui tire sa légitimité beaucoup plus des appuis étrangers, de quelque nature et de quelque importance qu’ils puissent être, que de son propre peuple. Dans tout pays démocratique, puisque nous nous voulons les chantres de la démocratie dans cet Orient totalitaire, un gouvernement aurait tiré sa révérence depuis bien longtemps, pour bien moins que cela?! Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui n’arrive pas à protéger ses citoyens contre le terrorisme et qui n’a pu, depuis plus de trois ans, trouver un seul maillon de la chaîne des nombreux attentats perpétrés contre ses leaders et sa population. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui n’arrive pas à endiguer la corruption et dont certains membres sont des magouilleurs notoires. T’es-tu jamais demandé comment plusieurs de ses ministres construisent des palais et vivent, ostensiblement, à coups de millions de dollars, dans une opulence?insolente ? Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui raisonne en milicien (parce que, tout compte fait, il regroupe des seigneurs de la triste guerre) et qui active ses hommes sur le terrain pour contrer l’opposition dans les nuits obscures. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui manque de transparence. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui foule aux pieds la Constitution et qui se considère au-dessus de toutes les lois. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui prend des décisions à la légère, sans en mesurer les conséquences. Les événements de ces derniers jours n’en sont-ils pas la désolante illustration?? Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui ne croit pas au dialogue et à la participation, et qui accepte la neutralisation de la majorité des membres de deux importantes communautés du pays. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui cherche plus à renverser le pouvoir en Syrie qu’à récupérer de ce pays nos concitoyens enfermés dans ses geôles. C’est son travail à lui et pas le mien. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui ment tellement qu’il finit par croire ses propres mensonges. Je n’ai pas confiance en un gouvernement qui ne fait rien pour résoudre la crise sociale. Sais-tu qu’une grande partie de ta population vit au-dessous du seuil de pauvreté?? Réalises-tu que ton pouvoir d’achat se rétrécit comme peau de chagrin?? Je n’ai pas confiance … parce qu’il n’a absolument rien fait pour m’inspirer confiance. Voilà. Je t’ai parlé à cœur ouvert. Et je ne suis pas le seul à penser ainsi. Beaucoup pensent comme moi, bien plus que tu ne le crois et qu’on ne te le fait croire. Descends de ta tour d’ivoire. Ouvre tes yeux et ton cœur. Ne sois pas séduit par les signes apparents de richesse. Pense que ton concitoyen du fond du Sud, du Nord ou de la Békaa, tout comme celui du Mont-Liban et de Beyrouth, doit contribuer à l’œuvre nationale. Ne le juge pas gratuitement. Laisse cette pénible besogne à l’histoire. Ne fais surtout pas de compromis au détriment de ton avenir et celui de tes enfants. La situation que nous vivons aujourd’hui n’est pas une fatalité. Elle ne doit pas l’être. Travaillons ensemble à trouver la solution. Ensemble, j’ai dit. Apprends à m’écouter. Je te promets que je le ferai. Apprends à m’aimer. Je t’aime déjà. Apprends à m’accepter et à accepter «?ma liberté de penser?». Ainsi, nous ferons de ce pays un grand pays, tel que nous l’avons rêvé, toi et moi. De la même manière. Marc SASSINE Membre du comité d’information du CPL Roseau pensant? Je déambule dans les rues de Beyrouth, au gré de routes coupées, bloquées par des tonnes de sable ou de barrages improvisés. Il y a du dégoût en moi, de la frustration, de la lassitude, mais surtout de la colère. Ceux qui bloquent ma route sont là, assis près de leur tas sale et nauséabond, vautrés dans des fauteuils de fortune, volés à je ne sais quel appartement «?ennemi?». J’ai envie de hurler, fils de…, devant qui bloquez-vous les routes?? Mais je ne me résous pas à employer ce vocabulaire, car hier encore, je les considérais comme mes frères. Donc, ces appellations rebondiraient forcément sur moi. Plus est, ces pauvres hères n’ont jamais fait de mal à personne. Mal leur a été fait plutôt. Bref, là n’est pas la question. La question est et demeure?: devant qui bloquez-vous les routes?? Ma colère devient immense quand une de ces masses massues à figure vaguement humaine, au regard vide d’une quelconque intelligence, me demande qui je suis et où je vais. Il y a trente ans, je rétorquais – à probablement le père de cette lumière?: qui es-tu toi-même?? Mais maintenant, j’ai des enfants et je suis lâche face à la bêtise qui croit que le fusil est la prolongation d’un sexe inutile, que la virilité est synonyme de crime et de vocifération, que la terreur est synonyme de raison. Mais que dire à ces incultes qui ont changé la face de ma cité?? Je slalome là où je peux et j’ai honte, honte pour mon espèce, celle qu’on appelle «?humaine?», pour ce «?roseau pensant, le plus faible de la nature?», et me demande à quoi pensait Pascal?? Saoussan HAJJ SVP, un référendum! Au cas où les intentions locales, régionales ou même internationales sont bonnes, il y a un seul moyen de terminer tous les problèmes du Liban?: demander l’avis du peuple libanais. Seul lui a droit au chapitre. Appliquer cette fameuse démocratie dont nous nous targuons tous. Il faut tout simplement effectuer un référendum sur les armes du Hezbollah, sur la confiance qu’ils octroient à Michel Aoun et d’autres affaires tout autant litigieuses. À mon avis, le peuple libanais est devenu assez mûr pour décider de son sort. Alors, qu’attendons-nous pour lui demander son avis, tout comme font les nations sérieuses de leur devenir et leur avenir ? Randa A. MOUSSALLI Du rêve à la déception Jamais durant la guerre libanaise les Libanais ne se sont sentis aussi humiliés, déçus qu’en ce week-end du 9-10 mai . Des carnages du Nord au Sud, une folie meurtrière, puis soudain, un gouvernement qui se rétracte, revient sur ses décisions, un leader de la Montagne qui délaisse ses armes. Nous revoilà plongés dans le tunnel sombre de 1975. Pour les vétérans de mai 1958, tout avait commencé aussi à Tarik Jdidé un 14 mai, causant la mort de plus de 25 personnes. Depuis, les lignes de démarcation n’ont pas changé et malgré tous les changements démographiques, les chefs de file des divers partis n’ont pas modifié leur tactique.?Tout le monde se rappelle encore de Charif Akhaoui qui nous conseillait, alors que nous étions jeunes, comment nous diriger, et parfois on tombait dans le piège des embuscades. Mais on avait au moins une seule télé officielle. Aujourd’hui, face à cette panoplie de chaînes locales, on devrait proposer avant tout talk show d’afficher?: interdit au moins de 18 ans, pour que nos enfants n’écoutent pas ce nouveau vocabulaire d’insultes de nos politiciens. Enfin, avec la fermeture du port et de l’aéroport, et le doute semé par certains leaders dans quelques esprits quant au rôle de l’armée, sans parler du retour des émissaires arabes, les Libanais revivent inconsciemment ces nuits sombres où, avant chaque pause de combats, des débats étaient engagés qui avaient abouti à l’époque à l’entrée de la Force de frappe arabe . Antoine SABBAGHA
Impossibilité d’un pouvoir hégémonique et nécessité d’un pouvoir central fort

Le Liban depuis sa création a été confronté à une dilemme quasi insoluble. D’un côté, grâce à sa composition pluricommunautaire pluraliste, le Liban ne peut être soumis à un régime dictatorial puisque le compromis intercommunautaire suppose un équilibre entre les différents...