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VIENT DE PARAÎTRE - « Phénicia » d’Alexandre Najjar Le récit légendaire de l’héroïque résistance de Tyr…

D’une plume laborieuse, féconde et régulière, Alexandre Najjar signe son dix-huitième opus littéraire. Une plume aux intérêts et curiosités multiples, qui a touché aussi bien à la poésie qu’à la biographie, en passant par le théâtre, l’essai, les nouvelles, l’histoire et le roman historique. Aujourd’hui, en devanture des librairies, Phénicia (Plon-227 pages), de l’auteur des Exilés du Caucase, fait l’événement des lectures d’été au pays du Cèdre (aussi bien qu’à l’étranger), à l’approche de la saison entre mer et montagne… De quoi méditer sur le Liban et les dessous de son histoire… Comparer, dans un sens instructif, ses remous incontrôlables et le perpétuel recommencement de l’histoire… Par-delà toute métaphore érigée à l’éloge de l’endurance, au jusqu’au-boutisme pour la sauvegarde de la dignité et à une farouche opposition aux entraves de toute liberté, voilà de quoi tirer aussi une leçon de sagesse, une leçon de vie. D’une écriture lisse, fine et lettrée, laissant en toute lucide tranquillité une bonne distance entre lyrisme inutile, exaltation et emballements émotifs, l’écrivain libanais d’expression française Alexandre Najjar revisite en profondeur, grâce à une documentation fouillée, doublée de toutes les vertus de l’imagination, les manuels d’histoire du pays d’Adonis et Astarté. Des manuels aux textes brefs et austères qui ont hanté nos enfances par la mythique et légendaire opposition des « Tyriens » aux assauts militaires et aux ambitions mégalomanes du roi de la Macédoine… Combat inégal, injuste, mais inévitable et nécessaire. Combat valorisant et qui force le respect. Un combat unique dans les annales de l’histoire… « La Phénicie dans le cœur », pour reprendre les termes de l’auteur de L’astronome, dès les premières lignes de cet ouvrage évoquant un siège et un combat uniques dans les annales de l’histoire… Pour ces pages palpitantes de vie, mêlant sang, larmes, cris, crainte, bruits des armes, râles des morts, souffrance des soldats blessés, terreur des citoyens, désespoir, courage et bravoure, revivent les moments les plus durs et les plus noirs, mais aussi les plus héroïques et les plus légendaires de Tyr, une ville face à la mer. Une ville menacée par les convoitises politiques d’un monarque à la férocité d’un fauve impavide. Mais voilà, contre toute attente, dans ce combat considéré comme gagné d’avance, Alexandre le Grand affronte une résistance acharnée, que même ses plus perspicaces devins n’ont pu cerner ni dans le temps ni la ténacité contre toute adversité… Un roman totalement voué à restituer, dans le respect de la plus scrupuleuse vérité historique tout en ne méprisant ni le plaisir ni l’artifice de la fiction, l’image de la Phénicie avec son peuple de navigateurs et de négociants. Une Phénicie berceau d’une civilisation millénaire où aussi bien le pourpre des murex que la lumière de l’alphabet ont vu le jour sur ses rives aux trirèmes gourmands de voyages lointains et fructueux… Pour cette tumultueuse narration historique, la voilette d’une héroïne charmante, Élissa, entourée de personnages à la fois attachants et complexes tels Gerbaal et Zakarbaal, mais aussi la cour, haute en couleur, d’Alexandre le Grand. De son amant et chef d’armée Héphestion à sa troublante concubine Barsine, en passant par le curieux mage Aristande et ce démoniaque ingénieur de Diadès, le bourreau de Tyr, violent, superstitieux, dépravé, sensuel, guerrier dans l’âme, a la part léonine dans ce récit épique subtilement enrobé d’une touchante histoire d’amour. Sens de la poésie et fracas des armes Par plans intercalés et, d’intermittences de cœur à tranchante et indiscutable volonté de domination politique, se dessine en toute clarté la trame d’un récit joignant, en touches délicates et mesurées, le sens de la poésie aux fracas des armes. Récit onduleux, coloré et grave qui côtoie en douceur les comptoirs phéniciens jalonnant les rives méditerranéennes pour finir en une dramatique impasse militaire d’une confrontation sans merci. Dès lors, assiégeants et assiégés deviennent les nerfs moteurs d’une histoire certes sombre et tragique, mais sublimée par le sens du devoir, l’inflexible volonté de ne pas se plier et la souveraine et ultime tentative de sauver une civilisation en péril… Un petit extrait de l’ouvrage, pour donner le ton sur ce qui fait l’horreur de l’indescriptible (abstraction faite de toutes les époques qui séparent les démentes flambées meurtrières de tout temps) et que la plume de l’auteur de La honte du survivant rapporte en ces termes : « Jour et nuit, les béliers d’Alexandre tambourinaient contre les remparts, mais se heurtaient à la solidité de nos murs formés de larges assises de pierres reliées entre elles par du gypse. Les boulets et les flèches s’abattaient sur nous comme la grêle et rendaient périlleuse toute circulation à l’intérieur de la cité. Recroquevillée dans un coin de la maison, j’attendais. En temps de guerre, rien n’est pire que l’attente. Qu’attend-on ? Que les combats cessent, que le salut vienne – ou la mort. On ne réfléchit plus, on ne se révolte plus. On attend. » Une retentissante page d’histoire qu’il ne faut pas tourner négligemment, mais qu’il faut relire avec Phénicia d’Alexandre Najjar. Pour comprendre ce qu’on attend de toute guerre, de toute folie humaine, de tout aveuglement et dérive du pouvoir, de toute conquête forcée, de toute dictature, de toute domination arbitraire. Une fois assouvie la vaine et vaniteuse soif de vengeance, devant les ruines fumantes, il ne reste qu’amertume, vulnérabilité et regret. La dimension de grandeur rétrécit comme peau de chagrin devant la douleur, la mort, les ruines et les destructions. La vie, toute vie, est ailleurs que dans la cendre… Edgar DAVIDIAN
D’une plume laborieuse, féconde et régulière, Alexandre Najjar signe son dix-huitième opus littéraire. Une plume aux intérêts et curiosités multiples, qui a touché aussi bien à la poésie qu’à la biographie, en passant par le théâtre, l’essai, les nouvelles, l’histoire et le roman historique. Aujourd’hui, en devanture des librairies, Phénicia (Plon-227 pages),...