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Actualités - CHRONOLOGIE

Sami al-Haj était prisonnier depuis six ans sur la base américaine à Cuba Un caméraman d’al-Jazira, libéré de Guantanamo, dénonce des « insultes » à l’islam

Un caméraman soudanais de la chaîne satellitaire al-Jazira, libéré jeudi de la base américaine de Guantanamo, à Cuba, où il était prisonnier depuis six ans, a dénoncé hier à Khartoum des conditions de détention très difficiles et des « insultes » à l’islam. Il y a eu de « nombreuses violations, (nous étions) privés de prière et il y avait (...) des insultes délibérées contre le Livre saint (le Coran) », a déclaré à al-Jazira, chaîne d’information en continu basée à Doha, Sami al-Haj depuis son lit d’hôpital. M. Haj est arrivé à Khartoum dans un avion militaire américain avec deux autres anciens prisonniers soudanais de Guantanamo, et a été accueilli par sa famille avant d’être conduit sur une civière à l’hôpital. Un conseiller du président soudanais Omar al-Béchir a affirmé, dans une conférence de presse à Khartoum, que les ex-détenus de Guantanamo libérés ne seraient pas poursuivis au Soudan. Le gouvernement « s’engage à ne pas les poursuivre ni les interroger, et à respecter pleinement leurs droits constitutionnels », a déclaré Mahjoub Fadl Badri qui a nié que leur libération soit le résultat d’un marché avec Washington. Capturé en décembre 2001 à la frontière afghane par l’armée pakistanaise, Sami al-Haj était incarcéré depuis le 13 juin 2002 à Guantanamo. De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme s’étaient mobilisées pour le caméraman qui n’a jamais été inculpé. « Nous souhaitons que les gouvernements accélèrent leurs tentatives pour rapatrier leurs ressortissants (encore détenus à Guantanamo) parce qu’ils vivent dans des conditions extrêmement dures », a déclaré M. Haj, 39 ans. Il a expliqué sa détention comme une « tentative (des États-Unis) d’empêcher la couverture des médias libres », citant des bombardements passés des bureaux d’al-Jazira à Kaboul et Bagdad. Interrogé par l’AFP, le frère du caméraman s’est dit préoccupé par son état de santé. « Nous ne pouvons croire que c’est la même personne. Il a la trentaine et on croirait qu’il a 90 ans, a déclaré Issam al-Haj. J’ai parlé avec Sami ce matin (...) Il a des douleurs au genou, au dos, ne voit pas bien (...) Il est dans un état de fatigue générale. » Les médecins ne se sont pas encore prononcés sur son état, a-t-il poursuivi. Sa femme, Asma Ismaïlova, une Afghane, a dit à la presse avoir trouvé Sami « très affaibli physiquement et psychologiquement ». Selon son avocat, Clive Stafford-Smith, Haj a perdu 18 kg, souffre de problèmes intestinaux et est sujet à des crises de paranoïa. Pour l’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF), « son cas est un autre exemple de l’injustice qui règne à Guantanamo », et « la base devrait être fermée le plus vite possible ». Début 2007, RSF avait affirmé que, « forcé d’avouer des connexions supposées entre la chaîne qatarie (al-Jazira) et el-Qaëda », le caméraman avait été soumis à plus de 150 interrogatoires et régulièrement torturé. Ayant entamé une grève de la faim en janvier 2007, il a été nourri de force à plusieurs reprises, selon RSF. Un porte-parole du Pentagone s’est refusé à tout commentaire. Les deux autres détenus libérés, Amir Yaacoub et Walid al-Haj, ont raconté leurs épreuves. « Nous avons subi les pires formes de torture physique et psychique. Nous avons été placés dans des cellules extrêmement froides où l’on nous obligeait à nous dévêtir », affirme Yaacoub. « Les grévistes de la faim ont été isolés dans des sortes de cages en fer avec des barreaux. Beaucoup sont morts de maladie faute de soins », a-t-il dit. Quelque 800 personnes sont passées par le camp de Guantanamo et 275 y restent incarcérées.
Un caméraman soudanais de la chaîne satellitaire al-Jazira, libéré jeudi de la base américaine de Guantanamo, à Cuba, où il était prisonnier depuis six ans, a dénoncé hier à Khartoum des conditions de détention très difficiles et des « insultes » à l’islam.
Il y a eu de « nombreuses violations, (nous étions) privés de prière et il y avait (...) des insultes...