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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’Assembly Hall (AUB) Quand la flûte courtise le clavier…

Deux artistes allemands en costume sombre et cravate, le flûtiste Robert Lerch et le pianiste Jefim Gronwald, présentés par le Kulturzentrum, ont investi la scène de l’Assembly Hall (AUB) le temps d’un concert pour que flûte et clavier se courtisent en douceur devant un cercle bien étroit de mélomanes… Au menu, attestant d’une belle culture musicale et conciliant beauté de la musique baroque et véhéments accents des partitions modernes, des pages de Carl Philipp Emanuel Bach, Sergueï Prokofiev, Paul Taffanel, Carl Reinecke et François Borne. Ouverture, courte et intense, avec une Sonate en sol majeur (allegretto et rondo presto) de l’un des fils les plus doués du cantor, Carl Philipp Emanuel Bach. Narration claire et en tonalités soyeuses et savamment architecturées pour une mélodie fluide et suave où la flûte mène allègrement et sans éclats particuliers la joyeuse ronde feutrée des notes. Des notes lumineuses et cristallines comme eau de source… Plus musclée et pleine d’une sève bouillonnante est la longue Sonate pour flûte et piano op 94 de Sergueï Prokofiev qui a pris le relais. Quatre mouvements (moderato, presto, andante et allegro con brio) pour traduire toute la fougue et les harmonies dissonantes de celui qui a écrit le célèbre et vibrant pas de deux des deux amants de Vérone… Par-delà les stridents sifflements d’une flûte habitée par la colère ou soumise aux feux de la passion, on s’arrête volontiers sur ce presto d’une éblouissante subtilité, avec une mélodie tout en vélocité et accents d’une belle insolence passionnelle…Si la flûte se piquait de nerveux emballements, le piano n’était guère en reste par ses accords rageurs ou débordants de tendresse. Un monde moderne d’une grande richesse sonore où, par-delà phrases drues et sourdement passionnelles, la musique reste à l’écoute des attentes du cœur… Petit entracte (avec désertion de la moitié du public, si pressé pourtant à applaudir, au milieu d’une sonate, après le brio du presto de Prokofiev?!) et reprise avec un compositeur français inconnu des mélomanes libanais, Paul Taffanel. On écoute avec plaisir sa Fantaisie Freischutz, une délicieuse révélation. Œuvre aérienne, fraîche, vive et légère où le clavier annonce le ton par des accords splendides pour être vite rejoint par une flûte virtuose d’une charmante et parfois frivole volubilité. Avec Carl Reinecke, compositeur contemporain sous influence de Brahms et Bruch, la Sonate pour piano et flûte op 167?intitulée Undine brille par un lyrisme romantique mais sans tristesse ou mélancolie excessives. États d’âme certes vaporeux, mais retenus par certains accents modernes où pointe déjà la hâte de vivre… À retenir ce magnifique Appassionato quasi presto où flûte et clavier atteignent des cimes d’harmonies lumineuses dans une décapante célérité où la synchronisation absolue reste un atout majeur… Pour terminer en beauté, cette flamboyante Fantaisie de Carmen de François Borne. Sur les thèmes ensoleillés et colorés de l’indomptable femme libre de Bizet, flûte et clavier reprennent, à leur compte, une approche nouvelle d’une musique généreusement célèbre et célébrée… De la habanera chaloupée aux danses folles sous les remparts de Séville, en passant par le triomphant air du toréador, toute l’atmosphère survoltée et passionnelle sur fond d’Espagne de carte postale est là dans ce duo à la plus profonde des complicités… Salve d’applaudissements bien nourrie d’un public, hélas, bien restreint pour un si beau concert. Retour des deux artistes tout sourire sur scène pour un bis. Un bis gardant, tel un parfum pénétrant, toute la précieuse magie de ces volatiles grappes de notes de flûte caressant en toute habileté les touches d’un clavier tendrement aux aguets… Edgar DAVIDIAN
Deux artistes allemands en costume sombre et cravate, le flûtiste Robert Lerch et le pianiste Jefim Gronwald, présentés par le Kulturzentrum, ont investi la scène de l’Assembly Hall (AUB) le temps d’un concert pour que flûte et clavier se courtisent en douceur devant un cercle bien étroit de mélomanes… Au menu, attestant d’une belle culture musicale et conciliant beauté...