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Actualités - CHRONOLOGIE

Conférence à l’Université antonine Édifier une «culture du développement» pour construire la citoyenneté

L’Université antonine a organisé les 14 et 15 avril une conférence sur le thème «?Le développement, une voie vers la citoyenneté?», sous l’égide de la vice-doyenne de l’université pour les affaires culturelles, Pascale Lahoud. À cette occasion, Mme Lahoud a accordé une interview à L’Orient-Le Jour dans laquelle elle explique le thème et les raisons qui ont guidé ce choix?: «?Un changement de perspective s’imposait. De manière classique, presque traditionnelle, la notion de citoyenneté est presque tout le temps liée au confessionnalisme. Nous avons décidé au contraire d’examiner de plus près ce qui attache le Libanais à une existence qui peut être qualifiée de primaire. C’est le fait que ses besoins les plus fondamentaux ne soient pas satisfaits qui fait qu’il s’accroche à l’identité communautaire.?» Pour elle, il ne fait pas de doute que «?toute une culture de l’État est absente au Liban?», ce qui se répercute indéniablement sur la notion de citoyenneté qui demeure absente. «?C’est toute la problématique qui est à reformuler, concernant cette fameuse citoyenneté, notamment à l’aune de l’hypertrophie du discours souverainiste et indépendantiste qui est devenu, à l’heure qu’il est, totalement stérile?», souligne Pascale Lahoud. Pour parer à cela, il faut tenter d’«?édifier une culture du développement, dans un pays où même les clivages socio-économiques sont interprétés de manière confessionnelle?», explique-t-elle, ce qui induit inévitablement «?une dénaturation du besoin en terme de développement?». Toutefois, comment concrètement construire aujourd’hui une culture du développement à l’ombre de la situation actuelle?? «?En ayant recours aux écoles, aux médias, mais aussi à l’État et aux partis politiques?», indique Mme Lahoud. Comment l’idée de lier le développement à la citoyenneté lui est-elle venue?? «?En partant d’un constat?: le lien que l’on construit normalement entre citoyenneté et confessionnalisme n’est pas lié à la religion. Pour moi, les gens se réfugient dans leur communauté un peu par accident, le confessionnalisme est composé d’une trame socio-économique créant d’emblée le lien de dépendance entre le supposé citoyen et la communauté à laquelle il appartient. Ce lien est paradoxalement renforcé par l’État lui-même, qui a consacré les communautés en leur distribuant des droits. Toutefois, les soi-disant “faveurs” rendues par les communautés respectives à leurs coreligionnaires ne sont en fait que de simples droits auxquels tout le monde est par hypothèse censé avoir accès?», précise Mme Lahoud. Elle tient en outre à souligner les effets négatifs du communautarisme sur le développement en général et sur la citoyenneté en particulier puisqu’il favorise les liens de «?cohésion verticaux?» au détriment des «?forces de développement horizontales, qui sont la conséquence de la réunion d’un groupe donné autour d’une cause?». Pour Pascale Lahoud, les médias locaux ne remplissent pas le rôle qui est le leur, et loin de «?contrôler l’exercice du pouvoir par les autorités en place, ils deviennent en fait complices?», alors qu’il leur incombe «?d’ouvrir les yeux du citoyen sur ses besoins et non sur l’intérêt de tel ou tel politicien?». Pour être efficaces, les différents médias devraient davantage s’atteler à promouvoir «?de réels projets de développement, réalisés ou encore à l’état de projet, au lieu de s’étendre sur les déclarations des hommes politiques?». La conférence?: participants et thèmes La conférence, adressée à tous les étudiants de l’Université antonine ainsi qu’au grand public, a regroupé une large palette d’intervenants. Elle est à placer dans le cadre de la «?Semaine de la citoyenneté?», qui est organisée chaque année par l’université. Sur le thème de la «?Relation entre le développement et la citoyenneté?», Nassif Nassar, philosophe, et Damien Khattar, ancien ministre des Finances, se sont respectivement prononcés sur le concept théorique du développement et sur le développement comme fondement de la citoyenneté. Ensuite, sous le thème de la «?Privation et de la citoyenneté difficile?», Kamal Hamdane, économiste, a abordé la notion de «?pauvreté extrême?», sachant que la société libanaise est touchée par ce fléau à hauteur de 8?% de la population. Pratiquement, cela veut dire que 8?% des Libanais, surtout dans les régions du Nord, n’ont pas accès à un apport calorique suffisant. La pauvreté est indéniablement un facteur de désolidarisation du citoyen par rapport à l’État, mais aussi un facteur de rapprochement de l’individu par rapport à sa communauté. Mohsen Saleh, sociologue à l’Université libanaise, s’est lui attardé sur le discours de privation en matière de développement, ses causes et ses conséquences. Ahmad Baalbacki, chercheur en sociologie et en économie, s’est de son côté penché sur le développement complémentaire et équilibré. Elham Kallab a été «?la première à soulever la question de l’image de la femme dans les manuels scolaires?: l’homme lit son journal pendant que la femme cuisine?», souligne Pascale Lahoud. Elle a abordé la problématique de la participation à la vie publique de la femme, qui représente aujourd’hui 53 % de la population libanaise. Habib Maalouf s’est, quant à lui, attardé sur le lien entre développement et environnement, et Pierre Gédéon a mis en relief le besoin urgent de développer l’école publique. Sous le thème de «?La culture du développement?», mère Daniela Harouk a abordé cette problématique sous l’angle du rôle de l’école, et Rafic Nasrallah a axé son intervention sur le rôle des médias. Hassan Abboud a, lui, choisi d’examiner le lien positif qui peut exister entre les acquis religieux et le développement. Le conseiller du chef du parti Kataëb, Selim Sayegh, a pour sa part abordé la redynamisation des règles de concurrence politique et Élie Assaf s’est penché sur le rôle des institutions étatiques de formation dans la politique de développement. La dernière session de la conférence a été consacrée au rôle des jeunes dans ce contexte, en présence de Melhem Khalaf, Joseph Hawat et Gilbert Doumit.
L’Université antonine a organisé les 14 et 15 avril une conférence sur le thème «?Le développement, une voie vers la citoyenneté?», sous l’égide de la vice-doyenne de l’université pour les affaires culturelles, Pascale Lahoud.
À cette occasion, Mme Lahoud a accordé une interview à L’Orient-Le Jour dans laquelle elle explique le thème et les raisons qui ont guidé...