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Actualités - CHRONOLOGIE

Aujourd’hui encore, il faut une autorisation spéciale pour se rendre dans la « ville secrète », perdue dans les steppes du Kazakhstan Voyage dans le temps à Baïkonour

Visiter le cosmodrome de Baïkonour perdu dans les steppes du Kazakhstan et sa ville satellite qui porte le même nom, c’est comme faire un voyage dans le temps à l’époque soviétique où les pionniers de l’espace se sentent chez eux. Il n’y a pas de cafés Internet, ni de panneaux publicitaires et, à en croire ses habitants, pas de maux sociaux qui frappent les grandes villes russes comme le hooliganisme ou les violences xénophobes. Une statue géante de Lénine trône sur la place centrale de la ville et des affiches glorifient les grands exploits soviétiques, en particulier le vol de Iouri Gagarine, premier homme dans l’espace, le 12 avril 1961. « Je me sens plus chez moi ici qu’en Russie », assure Viatcheslav Kononenko, chef d’un atelier d’assemblage de fusées. À 59 ans, il approche de l’âge de la retraite, mais n’a pas trop envie de revenir dans la Russie occidentale dont il est originaire. « Tous les gens se connaissent ici. On se dit bonjour dans la rue. En Russie, ce n’est plus comme ça », dit M. Kononenko qui a vécu à Baïkonour pendant 40 ans. Il s’est habitué au climat rude de Baïkonour où les températures peuvent atteindre +50° Celsius en été et chuter à -40° en hiver. Aux heures creuses, il va à la chasse aux faisans dans la steppe. Son seul regret, c’est que les jeunes ne souhaitent plus s’installer à Baïkonour. Baïkonour qui s’appelait dans un premier temps Leninsk a été construite dans les années 1950 et était une « ville secrète » pendant des décennies. Aujourd’hui encore, il faut une autorisation spéciale pour voyager à Baïkonour. La ville kazakhe la plus proche est Almaty à 18 heures de route vers l’est. Aux meilleures années, la population de Baïkonour était de 110 000 habitants. Après la chute de l’URSS en 1991 et la proclamation de l’indépendance du Kazakhstan, beaucoup de Russes ont quitté la ville qui compte aujourd’hui quelque 69 000 habitants. « Le niveau de vie en Russie est plus élevé qu’ici », souligne Viatcheslav Egorov, journaliste de l’hebdomadaire local Baïkonour. Mais les Russes qui ont passé plusieurs années à Baïkonour et ont décidé de revenir en Russie ont du mal à s’y installer. « Ils n’ont pas d’amis, leurs enfants ont grandi. Ils se retrouvent dans un autre monde. Certains reviennent à Baïkonour », poursuit M. Egorov. Lioubov Briantseva, une responsable russe qui a vécu à Baïkonour pendant 22 ans, a un appartement à Saint-Pétersbourg, mais elle hésite à revenir. « Il y a une barrière psychologique. Ce n’est pas une question de salaire. Nous sommes ici une petite famille », dit-elle. Pourtant, à Baïkonour, les choses changent aussi. Les premiers habitants de Baïkonour venaient principalement de la Russie, de l’Ukraine et du Belarus. Aujourd’hui, selon les statistiques officielles, 55 % de la population sont kazakhs. Les écoles russes sont devenues kazakhes et le club des officiers soviétiques, derrière la statue de Lénine, a été acheté par un investisseur kazakh qui veut le transformer en un centre de divertissement. À côté des monuments au missile balistique intercontinental RS-20, à la fusée Soyouz et au Spoutnik, premier satellite artificiel de la Terre, surgissent des boîtes de nuit, des centres commerciaux et un hôtel de luxe. Une mosquée et une église orthodoxe sont construites à la périphérie de la ville. Un prêtre orthodoxe, le père Sergueï, bénit les cosmonautes avant le lancement et asperge les fusées avec de l’eau bénite. Mais l’avenir du cosmodrome est incertain. Après la chute de l’URSS, la Russie a dû louer Baïkonour au Kazakhstan. Le bail va jusqu’en 2050, mais Moscou affirme régulièrement vouloir transférer une partie de ses lancements, en particulier militaires, sur le territoire russe. Tous les vols habités doivent être lancés depuis un cosmodrome situé en Russie à partir de 2020, a récemment déclaré le président de l’Agence spatiale russe Roskosmos Anatoli Perminov.
Visiter le cosmodrome de Baïkonour perdu dans les steppes du Kazakhstan et sa ville satellite qui porte le même nom, c’est comme faire un voyage dans le temps à l’époque soviétique où les pionniers de l’espace se sentent chez eux.
Il n’y a pas de cafés Internet, ni de panneaux publicitaires et, à en croire ses habitants, pas de maux sociaux qui frappent les grandes...