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SOCIÉTÉ - Une clinique conçue « pour millionnaires » dans la banlieue la plus huppée de Moscou « On dit que la santé ne s’achète pas. Si, puisque nous en vendons ! »

Du caviar pour tromper la faim après une analyse de sang et juste avant la séance hebdomadaire chez le psy à 10 000 dollars l’heure : une clinique « pour millionnaires » à la Roubliovka, la banlieue la plus huppée de Moscou, veut « vendre la santé » aux riches russes. Une dizaine d’habitants de la Roubliovka, à l’ouest de Moscou, ont payé jusqu’à un million de dollars les programmes de soins annuels, selon le médecin en chef et inspirateur de cette « clinique d’auteur Neo Vita » Artiom Tolokonine. « On dit que la santé ne s’achète pas, mais si, puisque nous en vendons », lance ce psychanalyste de 33 ans, avec un sourire sardonique, recevant l’AFP dans cet établissement ouvert depuis février dans la « Vallée des rêves », un quartier résidentiel à l’entrée de la Roubliovka, jalonnée de villas de luxe. Après un contrôle policier, l’examen d’une caméra de surveillance et le passage par un appareil qui lui enfile des surchaussures, le visiteur traverse un hall bercé d’une musique antistress. Aucun affichage pour les cabinets médicaux, « pour ne pas exhiber les problèmes de nos clients », explique M. Tolokonine. Les plus discrets se servent d’une entrée discrète. Certains payent 200 000 dollars supplémentaires pour se réserver l’établissement le temps de leurs visites. « Ceux qui payent 10 000 dollars une heure de psychanalyse sont des gens spécifiques », explique M. Tolokonine, installé depuis plus de six ans à la Roubliovka. Neo Vita et ses vingt médecins proposent des soins spécifiques aussi : « Nous soignons l’âme avant de nous occuper des maux physiques, souvent secondaires », selon lui. Natalia, 30 ans, qui « travaille dans le tourisme », et son mari, « un homme d’affaires du secteur gazier », son aîné de dix ans, viennent voir M. Tolokonine toutes les semaines. « En gros, on paye légèrement moins de 10 000 dollars l’heure », précise-t-elle. « La santé est plus chère que l’argent », résume Natalia d’un ton compassé. Elle aime bien le style du cabinet gynécologique avec son fauteuil d’examen en cuir rose, mais compte surtout sur l’aide de son « psy » pour tomber enceinte. « Les riches vont chez le dentiste à Londres ou chez un diététicien branché en Suisse, mais leur âme ne peut être soignée qu’ici », affirme M. Tolokonine. Pour lui, même si les problèmes des millionnaires russes sont les mêmes qu’en Occident (insomnie, surpoids, impotence sexuelle, abus de drogue ou d’alcool), « les psychanalystes occidentaux ne s’y connaissent pas en mentalité russe ». « Moi, je connais mes clients par cœur: je touche autant qu’eux, je vis à leurs côtés, je skie comme eux à Courchevel », une station chic des Alpes françaises, dit-il. « Je sais notamment que si mon client peut perdre un million de dollars en une nuit, je ne pourrai pas le soigner pour moins de deux millions de dollars. Et s’il a un château à Monaco, mais se plaint de ne pas avoir d’amour, je ne serai efficace que s’il me paye l’équivalent du château », dit-il, se félicitant d’avoir « sauvé une dizaine de ménages ». En octobre 2006, il publie une lettre ouverte, restée sans réponse, dans le journal officiel Rossiïskaïa Gazeta à l’oligarque Roman Abramovitch et sa femme Irina sur leur divorce largement médiatisé, où « le psy de la Roubliovka » promet de sauver leur « amour ». La généraliste Olga Ivankina, 36 ans, pratiquait aussi à la Roubliovka avant d’être embauchée par M. Tolokonine. « Avec les riches, je me sens plus de responsabilités : ils vérifient toujours le diagnostic », avoue-t-elle, pressée pour ne pas arriver en retard chez un patient. Pour sa grippe, elle lui prescrit de « boire beaucoup » et de « manger de la confiture de framboise », un remède incontournable en Russie, conseillé par les grands-mères et les médecins des hôpitaux publics.
Du caviar pour tromper la faim après une analyse de sang et juste avant la séance hebdomadaire chez le psy à 10 000 dollars l’heure : une clinique « pour millionnaires » à la Roubliovka, la banlieue la plus huppée de Moscou, veut « vendre la santé » aux riches russes.
Une dizaine d’habitants de la Roubliovka, à l’ouest de Moscou, ont payé jusqu’à un million de...