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Rien que du vent

Et si, pour une fois, la réalité les rattrapait, les mettait au pied du mur. Et si, pour une fois, la vérité, celle de la vie quotidienne, s’imposait à eux, les faisait réfléchir, les poussait à s’interroger sur leurs faits et gestes. Et si, pour une fois, ils se penchaient sur leurs réalisations, non pas celles d’ordre politicien, ce serait alors à s’arracher les cheveux, mais celles pour lesquelles ils disent avoir œuvré sans relâche, motivés uniquement par leur abnégation, leur sollicitude pour le bien-être citoyen. Que découvriraient-ils alors ? Des mensonges, une corruption tentaculaire, une déliquescence généralisée, le reflet de leurs propres turpitudes, de leurs propres compromissions. Ne jetons la pierre à personne en particulier. Ils sont tous logés à la même enseigne, une hérésie érigée en politique d’État, en cri de ralliement d’une contestation largement contestée. Les uns ruent dans les brancards, paralysent les institutions, les autres, pieds et poings liés, s’empêtrent dans leur frilosité, prennent les mesures qu’il ne faut pas, évitent celles qu’il faut imposer. Et les citoyens du pays d’en bas, floués par les uns, délaissés par les autres, militants aveugles au service de causes adverses, se retrouvent pauvres comme Job, privés des services, des soins essentiels, réduits au statut d’applaudisseurs publics, de thuriféraires de chefs de clan. Des bonzes, engoncés dans leur moi, qui promettent monts et merveilles à leurs partisans et ne leur vendent, au final, que du vent. Une imposture à l’image du sit-in du centre-ville, une piraterie sans otage et sans demande de rançon : les victimes ont pris le large il y a belle lurette, et les squatters, qui s’ennuient ferme sous leurs tentes difformes, ne savent plus le quoi et le pourquoi de leur présence, de leur mouvement. *** Qu’ils arrêtent bon sang. Qu’ils nous dispensent de leurs jérémiades, de leurs vociférations, de leurs clins d’œil complices. « Cheese », souriez, vous passez à la télévision ! Cheveux bien taillés, cravate assortie à la chemise et au complet-veston, rosette bien en évidence quand il s’agit d’un médaillé, c’est parti pour le numéro classique, maintes fois rodé, toujours aussi affligeant. Des guignols qui jubilent au simple souvenir d’un passé exécrable, des mains sales qui décernent, sans états d’âme, des certificats de bonne ou de mauvaise conduite, des pantins de série B qui applaudissent à leurs propres frasques une fois le rideau tiré, une fois le venin craché. Voilà en quelques mots le tableau d’une caste politique infestée par la vermine, gangrenée jusqu’à l’os et qui boit du petit-lait lorsque quatre pelés et un tondu font mine de boire leurs paroles, de croire à leurs inepties. Ainsi va la vie politique, ainsi se prennent les grandes décisions, toutes à mille lieues des préoccupations, des soucis du citoyen. Les fins de mois difficiles, l’inflation galopante, l’exode massif des jeunes, tout cela n’est que broutille. La liberté d’expression prise en otage par une censure imbécile, les pages de magazines étrangers déchirées toutes les semaines par cette même censure imbécile parce qu’on y parle, tout simplement, tenez-vous bien, de juifs ou de Satan, tout cela, aux yeux des préposés à notre bien-être mental, à la moralité publique, est juste et nécessaire. L’électricité qui s’effiloche, EDL qui agonise, personne n’en a cure. Les services sociaux qui s’évaporent, la CNSS qui s’en lave les mains, itou. L’eau qui est livrée au compte-gouttes, l’eau qui est polluée, le pain et les produits laitiers qui sont fabriqués Dieu sait comment, tout cela ne mérite pas qu’on en perde le sommeil. Le laboratoire central qui est réquisitionné, qui n’assure plus son rôle de contrôle, une aberration commise en toute impunité par un expert en verrouillage, tout cela ne vaut pas la peine qu’on en parle, l’intérêt supérieur de la nation le commande. *** Retour sur images : des hurlements, des scénarios de guerre ouverte, de dérapages sanglants. Israël et le Hezbollah d’un côté, la discorde interne, la fameuse « fitna » de l’autre ! Le téléspectateur n’a plus qu’une envie : balancer son téléviseur par la fenêtre et prendre le premier ticket pour le premier vol vers l’étranger. Le 13 avril, notre 11-Septembre, vous en souvenez-vous ? Il sera commémoré dans quelques jours, comme tous les ans. Mêmes propos, mêmes défilés, des petits tours et puis s’en vont. « Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre », a-t-on coutume de dire. Le Liban, lui, se prépare toujours aux guerres, et c’est toujours les guerres qu’il récolte. Et la mémoire, bordel ! Rien que du vent. Nagib AOUN
Et si, pour une fois, la réalité les rattrapait, les mettait au pied du mur. Et si, pour une fois, la vérité, celle de la vie quotidienne, s’imposait à eux, les faisait réfléchir, les poussait à s’interroger sur leurs faits et gestes.
Et si, pour une fois, ils se penchaient sur leurs réalisations, non pas celles d’ordre politicien, ce serait alors à s’arracher les cheveux,...