Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Entre parenthèses

Ainsi va la vie politique au Liban, ainsi s’expriment les amabilités, les acrimonies régionales, ainsi se mettent en place les bras de fer, les épreuves de force : une parenthèse qui s’ouvre, une autre qui se ferme, un clou qui s’enfonce, un autre qui chasse le précédent. Étau écrasant ou simple digression, le résultat est le même : une attente insoutenable, des crises qui se prolongent, une hémorragie sans fin, le naufrage dans un même statu quo, celui des compromissions, mais aussi de tous les risques. Pour commencer, nettoyons devant nos propres portes : beaucoup de poussière asphyxiante, forcément beaucoup de vent, mais un surplace affligeant qui ouvre, bien larges, les vannes de l’exode. Du réveil au coucher, de semaine en semaine, de mois en mois, les mêmes interrogations, le même abîme où se perdent les meilleures intentions, les meilleures volontés du monde. Et à force de soumission aux quatre volontés de l’un ou de l’autre, le scénario éculé tient toujours le haut du pavé : Parlement verrouillé, présidentielle en sursis, législatives en perpétuelle gestation. Et sans arrêt, les questions récurrentes : c’est à quand la riposte du Hezbollah à l’assassinat de Imad Moghniyé, c’est à quand l’attaque israélienne, celle qui va bouleverser les donnes, impliquer et la Syrie et l’Iran ? Qu’en est-il de l’afflux d’armes au Liban, celles qui continuent de gonfler les arsenaux du parti de Dieu, mais aussi qui garnissent les entrepôts de bien d’autres parties ? Un regard sur la frontière, sur les nuages qui s’amoncellent au-dessus du Liban-Sud, un autre braqué sur l’intérieur, sur une haine innommable, cette fitna qui couve sous les cendres, qui ne dit pas son nom. Et dans les deux cas la même inconscience, la reddition à une fatalité qui n’est que le produit de l’irresponsabilité, de l’inculture. Pauvres Libanais, coincés entre deux parenthèses, avertis du pire le matin, rassurés le soir, pris au piège de rumeurs, de nouvelles distillées par des sources dites « bien informées ». Une vie en sursis, ballottée au gré des vents soufflant un jour de Tel-Aviv, un autre de Damas, un matin de Washington, un soir de Téhéran. Pathétique situation où l’on en arrive, pieds et poings liés, à voir son sort assujetti au bon vouloir des uns ou des autres, vrais ennemis ou faux frères. Pourquoi ? Pour la simple raison que l’imposture a prévalu et que pour conforter une place indigne au soleil le meilleur moyen est de prêter le flanc à l’ennemi, de vendre son âme au diable, dût-il être le clone de soi-même. Disons-le sans ambages : ce que Hassan Nasrallah n’a pas voulu faire, ce qu’il n’envisage même pas de faire, ce que les alliés du Hezbollah n’ont pu faire, ce qu’ils ne peuvent se permettre de faire, le Rassemblement du 14 Mars l’a accompli au congrès du BIEL. Par-delà l’autocritique, la reconnaissance des erreurs passées et présentes, c’est une passerelle qui a été tendue en direction des autres, adversaires d’aujourd’hui, partenaires de demain, c’est le rejet de l’exclusion qui a été mis en exergue. Et à la culture de la violence et de la mort a été opposée celle de la paix et de la vie. Jusqu’à quand le Liban doit-il encore payer le prix du sang pour garantir la tranquillité, la sécurité des autres ? Jusqu’à quand les menaces de guerres ouvertes alors que le pays n’a pas encore fini de panser ses plaies après la « victoire divine » de juillet 2006 ? Des questions évidentes alors que tout paraît se mettre en place pour crever l’abcès, alors que tout semble annoncer une prochaine conflagration régionale dont la Syrie ne pourrait être, cette fois, que partie… et victime, avertit Israël. Serait-ce là le passage obligé pour refermer, une fois pour toutes, la parenthèse ? Nagib AOUN
Ainsi va la vie politique au Liban, ainsi s’expriment les amabilités, les acrimonies régionales, ainsi se mettent en place les bras de fer, les épreuves de force : une parenthèse qui s’ouvre, une autre qui se ferme, un clou qui s’enfonce, un autre qui chasse le précédent. Étau écrasant ou simple digression, le résultat est le même : une attente insoutenable, des crises qui se...