Rechercher
Rechercher

Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Elle expose ses toiles à l’Université de Balamand jusqu’au 19 mars Mireille Goguikian, vingt ans déjà…

Vingt ans déjà… Terrible comptable, le temps a toutes les précisions, même celles jetées, consciemment ou inconsciemment, dans les oubliettes de la mémoire. Le temps, c’est un ami indéfectible, un silencieux compagnon d’une incroyable tendresse, un scrupuleux témoin, sans états d’âme aucun, toujours présent, inlassablement vigilant. Vingt ans déjà…Que de fois, au saut du lit, on a voulu défier le temps, dresser des bilans, revoir le passé, calculer et supputer sur ce qui a été fait ou aurait pu être fait… Mais voilà, le temps est là pour un rappel concis, tranchant, péremptoire. Un comptable d’une exactitude sans faille. Même en prenant ses distances (et son temps), il voit toujours juste… Il est l’aune infaillible qui mesure tout avec une incomparable justesse de temps, car il détrône mode ou simple et éphémère engouement. En empruntant à cette formule « vingt ans déjà », titre de sa plus récente exposition, Mireille Goguikian, peintre inspirée et grande amie des couleurs, du chevalet et des pinceaux, offre aujourd’hui au public le parcours de sa création picturale que le temps a admirablement… dessiné. Une vibrante tranche de vie où peindre, à part être femme mariée et mère de deux enfants, est l’affaire d’une vie… Plus de cinquante toiles, tous formats confondus, mais avec une propension pour les tailles moyennes et plutôt substantielles, de Mireille Goguikian sont exposées aux cimaises de l’Université Balamand (au bâtiment Zakhem) jusqu’au 19 mars. Somptueuse et riche palette où mouvements, formes, couleurs (huiles, mixed-media et pastels) éclatent comme un feu d’artifice dans le ciel du Liban-Nord. Regard vite jeté en arrière, en sélectionnant soigneusement les toiles depuis les premiers projecteurs dardés sur les œuvres de 1987 jusqu’à ce jour. Et pour mesurer le cheminement d’une carrière qui s’est affirmée en toute sérénité, mais non sans un dur combat avec la fluidité de la matière, les changements et l’évolution des modes, des goûts et des époques. Monde enchanteur et souvent enchanté que celui de cette femme-peintre à la sensibilité vive, habité d’un regard curieux pour les objets, la nature, les êtres, la vie. Un regard de peintre, souvent délicieusement rêveur, qui n’exclut jamais le témoignage ainsi que la douleur de l’implication tout en chargeant l’image de toutes les beautés intérieures et des vertus secrètes d’un cœur attentif aux drames d’autrui et à l’humanité. Le cataclysme du 11-Septembre Il y a bien sûr chez Mireille Goguikian le silence des villes blanches aux toitures souriantes. Ces villes heureuses, diaphanes, parfois opalescentes où les façades des immeubles et des bâtisses se télescopent, scintillantes comme des escarboucles… Ces villes confondant la Toscane et les rives beyrouthines, surgies entre monticules et azur inondé de lumière, s’épanouissant paisiblement, presque paresseusement sous les rayons du soleil… Il y a aussi ces arbres touffus, voilant en toute délicieuse coquetterie une arcade orientale ou un « mandaloun », aux branchages tout en dentelle verte. Il y a ces fenêtres étranges comme de petits rectangles ou carrés frappés de mutisme avec des volets clos ou ouverts, nul ne nous le dira... Mais il y a aussi le cataclysme du 11-Septembre et ses immeubles qui s’effondrent comme des boîtes d’allumettes montées en château d’Espagne ; il y a la présence, discrète et toute en tonalités à la fois drues et fines, d’une foi inébranlable en la mansuétude de Dieu, comme ces icônes saintes au bois patiné, qui dégagent imperceptiblement une douce odeur d’encens… Ce qu’il ne faut jamais ignorer dans cette œuvre foisonnante de détails et de malicieux clins d’œil à la vie et à l’usure du temps, c’est la présence des couleurs. C’est le ciment et la cohésion de cet ensemble de toiles : la couleur a ici une présence alerte, vive, ardente, intense, chantante, éclatante. Des bleus les plus profonds, entre bleu « kleine », indigo du Nil ou bleu de mer aux sirènes nacrées, aux tons aubergine les plus surprenants, en passant par ce camaïeu de jaune entre cheveux d’ange et morsure de soleil, ou même ces rouges vermillon entre rose baccarat et carmin de lèvres sensuelles, les couleurs chez Mireille Goguikian sont d’une évidente éloquence pour une rhapsodie qui ravit l’âme, l’esprit et l’œil. Des prix ont déjà auréolé cette production riche et variée, exposée de Paris à Tokyo, en passant par Florence, Londres et Genève, et on pense bien sûr à ces récompenses obtenues à la 18e Artex de Londres en 2003 ainsi que la médaille d’honneur au concours FNCF de 2001, mais seule l’œuvre, par elle-même, est aujourd’hui sous les feux des spots et des regards. Comme pour un bain moussant, entre art abstrait et figuratif, il faut plonger dans cet univers bruissant de toutes les couleurs, les embruns et les écumes rafraîchissants de la Méditerranée… Edgar DAVIDIAN
Vingt ans déjà… Terrible comptable, le temps a toutes les précisions, même celles jetées, consciemment ou inconsciemment, dans les oubliettes de la mémoire. Le temps, c’est un ami indéfectible, un silencieux compagnon d’une incroyable tendresse, un scrupuleux témoin, sans états d’âme aucun, toujours présent, inlassablement vigilant.
Vingt ans déjà…Que de fois,...